Il y aura eu autant de monde que les cérémonies précédentes hormis en 2020 (Covid) mais il aura fallu se battre pour que cette cérémonie soit à l'image de la reconnaissance de ces 53 fusillés - la population a été très largement représentée, loin des élus non représentatifs comme ils devraient l'être et ce n'est pas la Campagne électorale qui leur interdisait d'être présents !
Communiqué qui m'a été envoyé par le directeur de l'ONACVG 84 - Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre
- Les élus ne sont évidemment pas soumis à l'obligation de réserve qui ne s'impose qu'aux fonctionnaires et peuvent assister aux cérémonies patriotiques. -
« Savez-vous vivants, que sur cette bordure qui longe ce mur, que vos pas chaque jour foulent, des suppliciés se sont couchés sous les balles de l'ennemi, nul cri ne s’élèvera, les morts sont disciplinés ! »
Je tiens à rendre hommage à notre regretté Joseph Coutton, fusillé-rescapé qui a contribué avec d'autres personnages, à protéger ce mur et faire en sorte qu'il soit inscrit au titre des monuments historiques depuis le 22 décembre 1981. Cette façade représentant le cartonnage et l'imprimerie, dont bien de ces fusillés en ont eu fait leur métier. Un partage de notre mémoire valréassienne.
Hier, le silence était de rigueur dans bien des familles sur les diverses tragédies de la seconde guerre mondiale, les enfants bien souvent ignoraient ce que vécurent leurs aïeuls.
Aujourd'hui encore 77 ans après, d'autres récits et témoignages apparaissent.
Devons-nous poursuivre à comprendre, à savoir malgré toutes les recherches entreprises de ces faits de guerres auxquelles bien souvent des ombres perfides, dissimulaient certaines vérités ?
Sur les vérités, de tous ces bourreaux qui n'ont eu de cesse de drainer le sang dans le paysage d'une France mutilée.
Sur les raisons que tous ces tortionnaires ont pu obtenir pour continuer une vie paisible, sans inquiétude, sans remords, sans pardon ! Amnistie-Immunité, les beaux mots pour échapper à une condamnation !
À Valréas, ce 12 juin 1944 fût une tragédie épouvantable pour nombre de familles, 53 fusillés, mais aussi pour tous les Valréassiens. Qui était le vrai responsable de cette tuerie ? Encore aujourd'hui, nous nous posons la question.
Des officiers présents, capitaine, lieutenant ont tous plus ou moins été disculpés, dont le lieutenant Helmut Demetrio, poursuivant dix ans plus tard sa vie paisible, de sa fonction de Professeur de musique en 1954 dans un collège et devenant en 1981 un membre du Comité de jumelage d'une ville allemande avec celle d'une ville de France qui n'avait certainement pas connaissance de ses faits de guerre , alors que cette troupe dont-il faisait parti, la 8ème Compagnie Brandebourg, de sa sanglante randonnée dans le Sud de la France a laissé derrière elle tant de malheurs, tant d'ignominie....de massacres . On ne peut pardonner !
Ce 12 juin 1944, un bruit assourdissant fige Valréas, la sirène retentit, c’est l’étonnement avant la peur. Deux jours après le massacre du village d’Oradour/Glane, Valréas risque les mêmes représailles.
Le Maire Jules NIEL, destitué de ses fonctions, mais ceint de son écharpe s’interpose devant l’Officier allemand qui l’informe que la ville va être détruite.
Rassemblée sur la place de la Mairie la population est transite de peur. Du haut du kiosque, un officier allemand harangue la foule, phrases traduites en bon français par un soldat portant l’uniforme allemand. Elle sera épargnée au vu de ce sacrifice. Nous pouvons dire encore aujourd'hui que nombreux habitants de Valréas, hommes, femmes et enfants, et il y en a parmi nous, il y en en a dans nos familles, témoins de ce drame du 12 juin 1944 sont des survivants ! Ils en sont la mémoire vive de notre ville. Restons humble dans certains témoignages que nous voyons apparaître d'année en année.
Encerclée par des troupes allemandes, seul contre une armée aguerrie un groupe de résistants est encore présent sur la route de Baume, ordre d’un repli ne lui parvenant pas ou non exécuté, il sera fait prisonnier.
Alignés devant ce Mur, jeunes et moins jeunes, otages civils et résistants représenteront un acte de résistance contre un acte de soumission. ils étaient là, eux, face à ce mur à attendre la mort, bien loin de cette montagne la Lance, terre de repli et de liberté , 46 furent fusillés, coups de grâce, seuls 4 rescapés survivront. Pendant l’attaque 7 résistants et otages seront tués
Mais la tragédie ne s'arrête pas là, l'exécution terminée, les Allemands se préparent à partir, deux camions bâchés, dedans 4 hommes et des pelles attendent. Manifestement, ils vont emmener les corps et les mettre dans un charnier – sachant que des corps sont encore vivants, l'infirmière en chef Jeannine Talmon accompagnée de l'infirmière Mireille Montabaranom, va tout faire auprès d'un officier pour que les corps ne soient pas déposés dans une fosse – Après une longue discussion les corps resteront sur place, les quatre rescapés auront été sauvés d'une mort certaine par ces deux infirmières.
Un engagement responsable par la clameur venant d'Outre-Manche, une France saignante de massacres, de tortures, d'internement dans les prisons, de déportation et d'extermination dans les camps, de tragédies avec la complicité du pouvoir en place, mais une France libre.
La diversité de la Résistance tenait aussi à la variété des origines nationales de ses combattants : ils venaient de partout. Beaucoup avaient fui la dictature de leur pays alliée au régime hitlérien, comme malheureusement bien d'autres le font aujourd'hui. La résistance c'est d'abord un état d'esprit, les actes suivent. L'idée de la résistance n'était pas de mourir en martyr sur l'autel d'une France libérée. Au plus jeune âge, ils aimaient trop la vie pour s'offrir en sacrifice. Ils avaient plutôt en tête de pourrir la vie de l'occupant autant qu'il la leur pourrissait.
Oui, ils aimaient la vie. Ils voulaient un monde meilleur pour tous. Ils sont morts dans un État qui ne voulait les laisser vivre en toute liberté.
Il fallait composer avec le cru de ceux qui se soulevaient contre l'envahisseur. Qu'ils soient chefs de groupe de résistants ou chefs civils, il fallait improviser sur les diverses manœuvres « militaires » ou « civiles » - Le combat est une stratégie que l'on apprend dans les écoles militaires et dont les politiques en sont aussi les maîtres d’œuvres quand une guerre est déclarée.
La bienfaisance a toujours été l'âme de notre enclave auprès des plus démunis, et le présent tout dernièrement dans cette pandémie, nous l'a bien démontré, par l'engagement d'aider les autres, une forme de résistance. Un engagement continuel et non un engagement provisoire ou électoral !
Valréas doit être reconnue comme l'une des villes du Vaucluse les plus touchée par ce massacre – elle se doit d'être représentative lors de cette cérémonie de celles et ceux qui de leur fonction d'élu, représentent, notre ville, notre département, notre circonscription notre région et bien évidemment la présence de notre Préfet, représentant l’État, présent à Valréas depuis quelques années.
Aujourd'hui, nous attendons de notre jeunesse, non pas de revivre ces événements tragiques, malgré la poursuite de massacres et de génocides dans ce monde soi-disant humain, mais qu 'elle est un regard sur ce passé afin de ne pas oublier.
Et que ce mot Résistance soit la force d'une opposition, contre une situation d' obéissance extrême qui nous ramènerait au passé.
Cette association de Familles de Fusillés dans laquelle je me suis investi depuis plus de trente années et qui me fait confiance en ma qualité de Président depuis 13 ans, dont je laisserai ma place prochainement , continuera à perdurer cette mémoire du 12 juin 1944.
Je tiens personnellement à remercier les porte drapeaux , ces drapeaux qui incarnent les associations patriotiques, toujours aussi présents en ce 12 juin et sans aucune limite de participation quelle qu'en soit les raisons et surtout le temps – Merci aussi à tous les représentants d'associations patriotiques présents depuis 77 ans – Merci aux enfants et accompagnants – Merci à vous tous !
Allocution du 12 juin 2021 - Michel Reboul