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Valréas 12 juin 1944 - 53 fusillés

CONSTANT Edouard Roger, fusillé

6 Juin 2020, 17:44pm

Publié par michel

Edouard Roger CONSTANT alias "Calas"

Edouard Roger CONSTANT alias "Calas"


A la recherche de  CONSTANT Edouard Roger, Fusillé le 12 juin 1944

62 ans jour pour jour, nous retrouvons l’auteur de la lettre.

24 juin 1944/ 24 juin 2006

 

Le 12 juin 1999, Joseph Coutton, Président de l’Association des familles de Fusillés, Déportés, Internés, Résistants et patriotes, reçoit Mme Marron, née Constant, demeurant à Vallon Pont d’Arc (07),  soeur d’ Edouard Constant fusillé le 12 juin 1944 à Valréas. Elle lui remets une lettre provenant de Valréas  datée du 24 juin 1944 , reçue par son père le 01 juillet 1944, annonçant la mort tragique de son fils Edouard.

 

extrait de la lettre “...c’est un bien pénible devoir qui m’incombe aujourd’hui et cependant je n’ai pas le droit de m’y soustraire....Vous avez entendu parler peut être des brusques et sanglants événements qui ont endeuillés le pays, il y a prés de  quinze jours, c’est au cours de ces redoutables journées que votre malheureux fils a été prématurément ravi à votre affection, je ne puis vous expliquer ici les raisons, ni les douloureuses circonstances qui nous ont empêché de vous prévenir plus tôt...”

 

Mme Marron remet également 2 photos représentant Édouard et une carte de travail au nom de Calas Roger né le 21.07.1929 et demeurant à Valence, fausse bien sur. Cherchant à savoir où était son frère, qui avait écrit cette lettre, qu’elles sont les personnes qui l’avaient hébergées?

Sans hésitation, le président des familles de Fusillés prend en main ces recherches qui risquent d’être très difficiles au vu de la signature illisible et des photos prises il y a plus de 55 ans (en 1999).

L’association demande une expertise graphologique de cette lettre. Elle nous apporte que c’est une femme qui l’a écrit. “...cette femme avait un caractère très alerte, extrêmement consciencieuse, très courageuse...riche personnalité, très intelligente et douée par les langues étrangères...”

La signature est peut être A. Hajard (rapport graphologique).Lettre expédiée  de Valréas le 24 juin 1944, reçue le 01 juillet 1944 par le père d’Édouard à Ruoms (07)

Une dernière photo vient étayer les documents remis par la famille Marron. Une photo représentant une grande bâtisse en campagne, prise il y a plus de 50 ans, lieu supposé se trouver  héberger Édouard Constant.

Au vu de ce document agrandi, Joseph Coutton part à la recherche d’indice plus précis, de renseignements sur le lieu supposé héberger Edouard en 1944.

Il charge plusieurs personnes d’effectuer des recherches de Mémoire, des contacts sont établis auprès de son entourage.

Incroyable on s’y croirait, 55 ans plus tôt. Ces hommes et femmes ont rajeunis, retrouvent leur force vive, se replongent dans le Maquis, remettant en mémoire certains détails de ces événements tragiques et douloureux.

Mandrin Raoul qui avait été sollicité pour ces recherches, apporte des renseignements très précis sur ce lieu de cette bâtisse ainsi que la présence en 1944 de Constant Édouard sur la commune de Visan.

Après plus de 8 mois d’investigation, “l’enquête” va aboutir.

Comment Mandrin Raoul a retrouvé la trace d’Édouard Constant ?

Pour avoir travaillé à la ferme Roussillac à Visan, se trouvant  au lieu dit les Bravets à 3 Kms des Barbes, Raoul Mandrin effectuant à l’occasion les moissons aux barbes, reconnaît sur la photo la propriété des Barbes située sur la commune de Visan propriété actuelle de la famille Barnouin.

Cette dernière contactée, connaissait Edouard Constant en 1943/1944 mais également sur le nom de Colas Roger, clandestin à la ferme des Barbes dont les métayers de l’époque étaient la famille Ponçon Henri, leur beau frère.

Henri Ponçon demeurant  ce jour à  Ste Cécile les Vignes, confirme qu’ils ont bien caché de 1943/1944 Constant Édouard. C’est son père qui l’avait accompagné en novembre 1943 au moment du ramassage des betteraves, il était de la classe 22, réfractaire au STO (Service Travail Obligatoire).

Concernant la lettre, Ponçon Henri ne peut apporter de précision, il ne connaît pas l’auteur.

 

8 Juin 1944, occupation de Valréas par la Résistance.

 

Ancelin Henri (fusillé le 12 juin 1944 à Valréas), réparateur ambulant dans les fermes, signale l’occupation de Valréas, lors de son passage aux Barbes.

Au vu de ces dires Constant Édouard, dans les jours suivants rejoint le groupe de résistants posté route de Baume (Voir Livre du 12 juin 1944 -53 Fusillés à Valréas)

Inconnu lors de la fusillade du 12 juin 1944, il sera identifié officiellement le 26 juin 1945. L’acte de décès n°145 portera désormais un nom : Constant Édouard.

 

Rebondissement dans ces recherches qui  ne sont pas restées sans intérêts pour l’association des familles de fusillés qui oeuvre pour la Mémoire.

Michel Reboul, poursuivant ce que Joseph Coutton (décédé en novembre 2003) a commencé, s’intéresse de plus près à la signature et par la relecture du livre du 12 juin 1944, se focalise sur le nom de ALAZARD, alias Don José, Colonel dans l’aviation. Il faut reconnaître que grâce au modernisme actuel, nous avons la possibilité d’effectuer des recherches immuables ou de transférer des informations qui peuvent apporter un contact. C’est ce qui nous est arrivée le 24 juin 2006, lors d’une réunion entre familles et résistants. Jean Rousson, me remettait un article qu’il avait reçu de la fille de Jean ALAZARD, dont les cendres ont été  déposées au cimetière de Visan. Je reconnaissais bien évidemment cet article pour l’avoir publié sur mon Blog. La commémoration du 29 janvier 2006, rue Pasteur à Valréas. L’adresse m’étant remise, je m’empressais d’écrire à Mme Alazard Michèle demeurant dans la Haute Vienne, tout en lui adressant la photocopie de la lettre adressée à la famille Constant ce 24 juin 1944. Réponse immédiate et par téléphone de Mme Alazard Michèle, la signature et bien évidemment la lettre a été écrite par sa mère, Simone Alazard épouse de Jean Alazard, alias Don José, qui est native de Valréas, et toujours en vie, elle à plus de 90 ans et toute sa mémoire (nous l’avons contacté) : elle était institutrice et a bien connu Édouard Roger CONSTANT, l’avoir vu avec un drapeau français et un vieux fusil sur la route de Baume, ils ont même plaisanté un peu, mais ma mère s’inquiétait de le voir s’exposer ainsi alors que les allemands débarquer. « Jean Callas » lui a répondu : il faut bien garder les routes. Elle pense qu’il avait suivi les ordres de Mr Coulouvrat, prêt à mourir en héros. C’est elle qui l’a vu mort ce même jour et qui a été chargée d’avertir les parents, ce qu’elle a fait en écrivant à son père….

Le rapport graphologique de la lettre, est proche de la personne, nous donnant bien les caractéristiques d’une femme intelligente et courageuse, puisqu’elle a été une résistante de l’ombre en cachant dans son grenier des résistants.

 

Le plus dur, reste à faire, prévenir Madame Josette MARRON, sœur du défunt Édouard Constant, de nos aboutissements. Je ne peux vous décrire son émotion et si l’on puis dire sa joie de retrouver la dite personne, auteur de la lettre, qui immédiatement s’est empressée de la contacter. Soixante deux  ans après que pouvions nous espérer, démontrer que les années passent, mais ne peuvent s’effacer.

Notre rôle ne peut-être qu’une reconnaissance de cette transmission de mémoire, de rechercher et de comprendre ce qui entoure notre passé et surtout d’apporter la vérité et non de l’extrapoler.

Valréas le 13 septembre 2006

Michel Reboul

 

                                                                         

 

 

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