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Valréas 12 juin 1944 - 53 fusillés

Journée Nationale des Victimes et Héros de la Déportation

23 Avril 2020, 13:57pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Journée Nationale des Victimes et Héros de la Déportation
Gerbe de l'association

Gerbe de l'association

Cette année 2020, la cérémonie commémorative en souvenirs de nos déportés, n'aura pas lieu au vu de cette pandémie, mais nous aurons une pensée pour tous celles et ceux qui ont subi cette période tragique et dont bien des milliers ne sont pas revenus de ces camps d'extermination. Une gerbe au nom de notre association sera déposée ce dimanche 26 avril 2020. 

Déportés

Jean Gontier

Déporté de 1943 à 1945 (Struthof-Natzwiller / Bergen-Belsen / Neuengamme – matricules 3648/334/26121)

Témoignage détenu par l'association :(extrait)

J'AI PLEURÉ TROIS FOIS

Mémoires de Jean Gontier, de 1940 à 1945. Déporté

Du 15 mars 1943 au 3 mai, je suis resté 40 jours Travailleur libre au titre du STO, 24 mois déporté

Il y avait à côté de chez nous à Valréas, un petit état major français; après l'armistice en 1940 sont arrivés des militaires Italiens venus désarmer cet état-major; tous les gens du quartier étaient là, humiliés en silence. J'avais 17 ans, j'ai sifflé et injurié ces militaires étrangers, le Capitaine Français est venu me faire taire, mon père m'a fait rentrer à la maison, là, la rage au coeur,...

J'AI PLEURÉ...

A notre libération du camp de concentration de Vogledine, après le passage de deux Américains, est arrivée une jeep avec quatre militaires Français, d'où l'insigne tricolore;

J'AI PLEURÉ...

Libéré début mai 1945, rapatrié par avion sanitaire le 5 juin 1945 à notre débarquement au Bourget, voir le sol de la France,

J'AI PLEURÉ...

En février 1943, un décret de Vichy institut un service du travail obligatoire de deux ans en Allemagne nazie (S.T.O.)

(…)Le 4 mai 1943, on nous a embarqués dans des camions gardés par des militaires armés en direction d'un camp. C'était le camp de la mort du Struthof Natzviller !!! En rentrant dans le camp, nous sommes passés en revue par un officier SS qui faisait des va-et-vient devant nous en hurlant des paroles que nous ne comprenions pas et distribuant des coups de cravache, j'en pris un à travers la figure. Ma première vision : des squelettes vivants, assis contre une baraque, essayant de casser des cailloux ; un homme un peu mieux loti qui tombait, se relevait en poussant une brouette.(…)

Christophe Haro

Déporté du 6 avril 1944 au 5 mai 1945 (KLM Mauthausen – Gusen I – Gusen II

Ma déportation

La Classe 42 était partie. Nous la 44 nous voulions résister. C'est le 2 janvier 1944 que j'ai laissé le nougat royal pour aller au maquis. Au bout d'un mois à attendre dans une ferme, je reviens voir mes parents à Montélimar. Au retour je passe par Charols où je tombe sur la Gestapo. Nous sommes cinq à être conduits à l'hôtel du Parc à Montélimar. Nous passons là 24 heures, menottes au dos contre le mur. Le 8 février c'est l'entrée au Fort Montluc (Prison). Le 16 je passe à l'interrogatoire de Barbi à la Santé (Prison) ;

Début mars, on nous mène à Compiègne. Le 6 avril 44 c'est le grand départ pour l’Allemagne. Le 9 au soir, nous arrivons au camp KLM Mauthausen (3 jours sans dormir, ni manger). Un mois plus tard, je passe au camp de Gusen I et je travaille au tunnel Saint Georges. Huit jours après je rentre au Gusen II et cela va durer jusqu'au 28 avril 1945, date à laquelle, nous recevons un colis de la Croix Rouge Suisse. Nous revenons au camp central de Mauthausen et nous sommes mis en quarantaine ce qui n'est pas bon signe. Mais le 5 mai 1945, le drapeau blanc remplace la Croix gammée. Nous sommes libres dans le camp, mais il n'y a plus de ravitaillement. Le 19 mai on nous emmène à l'aérodrome de Lins, nous couchons à la belle étoile. Le 20, notre D.C.4 nous laisse au Bourget. Nous couchons deux nuits à l'hôtel Lutecia et le 22 mai à Montélimar, je retrouve mon père qui n'a pas pu me reconnaître....J'ai fait un mois d'hôpital, puis quinze jours de repos à Aiguebelle.

Témoignage  (détenu par l'association)

Charles Marro

Arrêté le 18 juillet 1944 à Montélimar, Interné au Fort de Montluc vers le 1 août 1944 au Camp du Struthof. Déporté en Allemagne (Dachau – Mauthausen- commando à Melk)

Devant l'avancée des troupes alliées, déplacé dans le Tyrol (Autriche) au camp d' Élensée. Survivant rapatrié en France.

Albert Picard

Résistant arrêté le 17 juin 1943 jusqu'au 3 juillet 1943, comparant devant le Tribunal de Breil (Alpes-Maritimes), juridiction Italienne. Déporté du 3 juillet 1944 jusqu'au 5 juillet 1944, date de son évasion du Camp de Fossano (Italie). Reprend du service en Italie avec les partisans Italiens et Français jusqu'à la libération.

Georges Pérignat

Né le 19 octobre 1918 à Lyon – Service militaire du 27 novembre1939 au 15 janvier 1941 8ème Régiment de Dragons, Arme Cavalerie n°15 à Orange. Francs Tireurs Partisans Français (FTPF) – Force Française Libre (FFI) 15ème Région Militaire département du Vaucluse. Alias Antoine.

Du 01 avril1943 au 03 octobre1944 déporté à Dachau. Centrale d'Eysses du 12 janvier1944 au 30 mai1944 – Matricule 3692 (condamné aux Travaux forcés à perpétuité – annulé le 06 juillet 1945). Du 30 mai1944 au 27 mai1945 déporté à Allach, puis Dachau matricule 73856. Rapatrié le 27 mai 1945 par la Croix Rouge.

Albert Collin

Résistant Déporté

Entre en Résistance en 1942 dans l'O.R.A.  (Organisation de la Résistance Armée), Officier retraité – résistant arrêté en Bretagne par la Gestapo en mars 1944. Interné à Compiègne – Déporté à Mauthausen – Dachau -Neuengamme. …....... Disparu

Louis Ducol

Résistant déporté. Âgé de 36 ans. Arrêté le 27 novembre 1943 (ravitaillement- dépôt des camps de maquisards), à sa ferme situé à la « Charbonnière » hameau de l'Estellon (Drôme).

Interné au Fort Montluc – Compiègne – Déporté à Buchenwald – Flosenburg – Hradishko

Grièvement blessé par un garde SS sur le chemin du retour du travail (creuser une tranchée anti-chars autour du camp) en ra­massant un pissenlit, le 10 août 1945. Mort à l'hôpital (recueilli par les Tchèques), témoins qui ont permis le retour de ses cendres en 1948, déposés au cimetière de l'Estellon.

Émile Romainville

Belge, entre dans la résistance en janvier 1941. Réseau de renseignements « Bayard » et de la ligne belge « Félix », évasion d'aviateur alliés abattus. Arrêté le 9 août 1943. Interné à la citadelle de Liege jusqu'à sa déportation en Allemagne le 6 mars 1944 au camp de Giostraklet ensuite Gros Rosen jusqu'au 8 février 1945. Évacué devant l'avance des armées alliées vers Dora où il a ….Disparu

Gaston André

Rejoint le Maquis Vasio en compagnie de son frère Justin. Un mouchard à la botte de l'Occupant, dénonce ces courageux résistants auprès de la Gestapo.

Prison d’Avignon du19 avril au 7 mai 1944- Prison des Bau­mettes (Marseille) du 7 au 28 mai 1944 – les Nazis avaient prévu de fusiller les 7 Maquisards de Vasio – ayant appris l'imminence de bombardements sur Marseille, la décision est prise de les transférer à Compiègne – Royaleux – Frontstalag 122 – du 29 mai au 3 juin 1944. Les prisonniers ignorent qu'ils se trouvent sur la plate-forme orientant les futurs déportés vers les camps de concentration. Près de 53000 déportés ont en effet transité par cette structure dont les rouages étaient méthodiquement organisés par les SS.

Plusieurs déportés, dont Gaston André, sont transférés le 2 juillet au camp de concentration de Sachsenhausen, à 30 kms au Nord de Berlin  les Allemands évacuent Sachsenhausen et commence alors la sinistre “Marche de la Mort”, en direction de l'Ouest, les déportés épuisés qui ne parviennent pas à suivre sont abattus d'une balle dans la tête et laissés dans le fossé. Ce sont des soldats Soviétiques qui délivreront Gaston André du joug nazi le 4 mai 1945, près de Rostok, proche du littoral de la Mer Baltique  Les déportés français seront remis peu après aux Autorités Alliées et Gaston André rentrera en France le 25 mai 1945.

Source : Association des Familles de Fusillés, déportés, Internés, Résistants, Patriotes et Amis - Valréas

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76 ème anniversaire des Fusillés d'ALLAN - Drôme

9 Avril 2020, 08:32am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Article La Tribune jeudi 09 avril 2020

Article La Tribune jeudi 09 avril 2020

Pas de cérémonie officielle en cette année de la pandémie du Coronavirus, seul le Maire d'Allan, rendait hommage aux fusillés de la commune.

Le jeudi 30 mars 1944 à l'aube, un petit groupe détaché du maquis Pierre (Challan-Belval), commandé par les lieutenants Marcel Delaby et Daniel Quinaud, mène une opération de récupération d'essence à la gare de Châteauneuf-du-Rhône. Sur une voie de garage, un wagon chargé de bidons a attiré l’attention du groupe démuni de combustible pour ses véhicules. Trop désireux de profiter de l’aubaine, les résistants ne voient pas qu’il s’agit d’un piège.

Les deux chefs de ce groupe étaient des combattants courageux et expérimentés.
Marcel Delaby, né à Bordeaux en 1917, passe sa jeunesse à Casablanca (Maroc). Sursitaire de la classe 1937, il s'engage pour 6 ans en 1939. Il commence les cours de l'ESM (Ecole spéciale militaire) à Saint-Cyr, les termine en 1941 à Aix-en-Provence. Affecté au 27e RI en 1941, il devient lieutenant en mars 1942, puis à la démobilisation de l'Armée d’armistice, il se retire à Lyon où résidait sa famille. Il vient se mettre à la disposition de Challan-Belval, chef du maquis Pierre, au cours de l'été 1943. Il est placé au Barnier, sur la commune de Saint-Ferréol-Trente-Pas. Difficilement accepté au début, il sait rapidement s'imposer par ses qualités humaines jointes à une autorité naturelle que renforçaient son expérience et ses connaissances militaires. Par des exercices quotidiens, où il donnait le meilleur de lui-même, il avait fait du Barnier une petite unité bien soudée et parfaitement apte à remplir les missions qui lui seraient confiées.
Chef de deux groupes du maquis Pierre occupant les fermes de l'Aubagne et de Nazareth, propriétés de l’abbaye d’Aiguebelle, dans les bois de la commune d'Allan, Daniel Quinaud, 22 ans, était originaire de Pons (Charente-Maritime). En 1941, âgé de 19 ans, il s'était engagé au 14e groupe de transmission de Grenoble. À la dissolution de l'Armée d'armistice, il trouve une situation à Lyon et, très vite, prend contact avec la Résistance. D’abord chargé durant l’été 1943 d'encadrer et de donner une instruction militaire aux jeunes, il fait partie de la promotion de l'école des cadres du maquis de Combovin. Il rejoint ensuite Challan-Belval à l'automne 1943 : il est chargé du ravitaillement des maquis. Il devient lieutenant au maquis Pierre.

Selon certains récits, alors que l'opération touche à sa fin, un camion d'Allemands surgit. Les officiers aux postes de garde, Delaby et Quinaud, font face pour donner le temps aux autres de battre en retraite. Delaby est abattu, Quinaud, blessé à la rotule, est pris. Les hommes qui se sont emparés de l'essence gagnent les collines voisines mais ne peuvent rejoindre le camp pour donner l'alerte. Plusieurs d’entre eux se réfugient à la ferme d’Aubagne. Tandis que deux maquisards partent au ravitaillement et qu’un autre va chercher du secours, les Waffen SS attaquent la ferme. Face aux 30 Allemands, les quelques hommes résistent toute la matinée jusqu’à épuisement de leurs munitions. Deux sont tués dans le combat. Leur tombe, à proximité de la ferme est honorée régulièrement. Les autres maquisards sont capturés et amenés sur la place de la Mairie à Allan. Jean Bernay, responsable du groupe demeuré à la ferme, a tenté en vain d’entraîner ses camarades dans la fuite. Lui seul parvient, bien que blessé à la jambe, à s’échapper et, aidé par deux moines, les frères Yves et Bruno (chirurgien à l’abbaye d’Aiguebelle), à regagner le maquis Pierre à Beaufort, après sa convalescence à Taulignan puis à Dieulefit où selon sa volonté, il sera inhumé. Les prisonniers sont fusillés contre le mur du préau de l’école. Le blessé Quinaud, emmené à Viviers, est ramené le lendemain devant les cadavres de ses camarades. Ne pouvant se tenir debout, il est fusillé à genoux.
Outre Delaby et Quinaud, les victimes du combat ou du massacre qui a suivi sont : René Barallon, né à Saint-Romain-d'Ay (Ardèche), 22 ans, employé à Lyon, Louis Bied, 21 ans, étudiant, originaire de Saint-Étienne (Loire), Jean Brisset, originaire de Lyon, fils d’un avocat à la Cour, étudiant, venant d’un maquis de la vallée d’Azergues, Paul Garraud, né à Lyon, 21 ans, étudiant, fils du doyen de la Faculté, ayant appartenu à un maquis de Haute-Savoie, arrêté et emmené en Allemagne, il s’était évadé en gare de Dijon, avait rejoint difficilement Lyon, puis le maquis Pierre, Georges Lemaire, originaire d’Aubervilliers ou d'Aulnay-sous-Bois (Seine, maintenant Seine-Saint-Denis), employé, Pierre Masson, 20 ans, domicilié à Montélimar, quartier de Chomillac, ouvrier, André Marron, 20 ans, forgeron et Louis Vincent, employé, tous deux originaires de Villeurbanne (Rhône).

 

Auteurs : Robert Serre

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