L'attaque allemande le 12 juin 1944
Valréas était un obstacle pour les forces allemandes. Pour remonter de la Provence vers la Normandie, elles devaient éviter la nationale le long du Rhône continuellement bombardée. De ce fait l’ordre de nettoyage de Valréas a été donné au groupe de combat « Unger »
On confie au groupe de mitrailleuse lourde du soldat Emil Bauer un détachement de ces jeunes fanatiques qui ont moins de 20 ans. Une section, cent hommes environ, du 200e régiment de sécurité stationné à Livron, sous le commandement d’un lieutenant. Ce régiment appartenait à l’escadrille de combat 200, une unité spéciale de la Luftwaffe. Pour combattre les résistants du Vercors, elle avait organisé le parachutage spécial du 21.07.1944 à Vassieux
Dans la marche d’approche vers Valréas, à Taulignan eurent lieu les premiers incidents impliquant le groupe d’Emil Bauer. Avec comme conséquence, 13 tués parmi les résistants et les civils plus 5 prisonniers fusillés ultérieurement. En fin de matinée du 12 juin, Valréas était encerclée. Mais la plus grande part des résistants avait pu fuir. Une partie des résistants ainsi que les personnels des cantines, des bureaux et des gendarmes voulaient fuir avec un convoi de plusieurs camions en direction de Nyons. Paul Mège partit en reconnaissance de la route à moto. À mi-chemin, à Novézan, le chemin de retraite était déjà barré par le groupe d’Emil Bauer. Paul Mège fut blessé mais réussit à prévenir le convoi. Les gens voulurent s’enfuir à pied mais la 9e section de reconnaissance blindée sous la responsabilité du lieutenant Scheible fit environ 20 prisonniers. Ces prisonniers ont été rassemblés à Valréas au Portalon devant la maison Autajon (5 cours Tivoli, où se trouve actuellement une plaque commémorative). Puis ils devaient se rendre à l’Hôtel Thomassin (aujourd’hui Grand Hôtel), quartier général allemand, pour s’aligner le long du mur d’en face.
Source : L'historien Karl Heidinger
Témoignage du soldat Emil Bauer - détenue par l'association des familles de fusillés :
Le soldat Emil BAUER, né le 31 juillet 1914, soldat fantassin dans la 7ème compagnie, 2ème bataillon, 10ème régiment panzer grenadier, 9ème division blindée.
Cet homme, comme tous les hommes de ces guerres infidèles, appartenait à une division allemande qui s’est vue projeter vers notre ville meurtrie. Son témoignage que nous avons recueilli, serait une confession en soi, un pardon de toutes ces atrocités de nombreux militaires engagés dans cette atrocité de guerre.
« Le soldat ne devait jamais avoir de temps pour lui afin qu’il ne puisse pas avoir d’idées stupides sur ces guerres insensées »
J’appartenais à un commando éclaireur. « A Tarascon les commandos éclaireurs durent descendre du train. De là, partait une ligne vers Nîmes. Tel était notre but.
Ici c’était différent de la Russie, ici, on pouvait se faire descendre n’importe où.
Nous faisions des raids contre les Résistants dans la Vallée du Rhône et dans les montagnes. C’était un chapitre triste.
Les principales zones de résistances étaient Valréas et Privas. Là, se trouvaient les principales bases du maquis. A partir de là, ils menaient des attaques contre les troupes allemandes.
Les Départements de l’Ardèche, du Gard, du Vaucluse et de la Drôme garderont éternellement le souvenir effroyable du 10ème Bataillon de Chasseurs.
Pendant leur trajet, les gars me racontèrent leurs derniers combats.
Comment, ils pouvaient exécuter les prisonniers, qu’ils soient coupables ou non coupables, ou bien piller et incendier les maisons.
C’est pourquoi lors de ce trajet je ne présageais rien de bon.
Pendant ce temps les hommes de troupe avaient commis un acte abominable.
Les occupants furent criblés de balles par les soldats, ensuite ils s’approchèrent du véhicule, mirent le canon de carabines chargées d’explosifs russes dans la bouche des blessés graves et appuyèrent sur la détente.
Les morts restèrent là, comme une splendide illustration de la culture Nazi !
A Valréas, ils avaient rassemblé des jeunes et des moins jeunes. Ils étaient debout ; le visage contre le mur et ils furent fusillés par le 1er bataillon.
Nous étions une foule débauchée. Nous ne faisions jamais de prisonnier, tout le monde était fusillé.
Nos expéditions ressemblaient à des expéditions du diable.
L’effroyable tournée de la 9ème division blindée, dans le Sud de la France était terminée.