73 ans sont passés depuis votre ultime sacrifice .
On pleurait le 12 juin 1944, avec la fierté dans l'âme, car on espérait que le don de vôtre vie rendrait la nôtre plus belle et plus heureuse.
Aujourd'hui, on garde en mémoire cette horrible journée afin de la transmettre.
Un bruit assourdissant fige Valréas, la sirène retentit, c’est l’étonnement avant la peur. Deux jours après le massacre du village d’Oradour/Glane, Valréas risque les mêmes représailles.
Le Maire Jules NIEL, destitué mais ceint de son écharpe s’interpose devant l’Officier allemand qui l’informe que la ville va être détruite.
Rassemblée sur la place de la Mairie la population est transite de peur. Du haut du kiosque, un officier allemand harangue la foule, phrases traduites en bon français par un soldat portant l’uniforme allemand. Pendant ce temps là, la horde sanguinaire, poursuit son horrible mission d'abattre sans sommation toutes personnes visibles, dans la campagne, dans les rues.
Encerclée par des troupes allemandes, seul contre une armée aguerrie un groupe de résistants est encore présent sur la route de Baume, les ordres d’un repli ne lui parvenant pas, il sera fait prisonnier.
Face contre ce Mur devant lequel nous nous inclinons aujourd’hui ; les bras levés, les mains jointes sur la tête, quelques uns priaient, d’autres chantaient la Marseillaise, tous attendaient… la mort !
Ils vont mourir parce qu’ils ont choisi la liberté.
Derrière eux :
Cette horde sanguinaire activant sa déroute sur les chemins de France, déversant sur son passage le sang et les pleurs ; 53 otages périrent. Leurs noms sont inscrits sur ce Mur pour l’éternité
Malgré le coup de grâce , quatre rescapés se relèveront pour témoigner tout au long de leur sursis de vie à la mémoire de leurs camarades restés au pied du mur.
Otages civils et résistants représenteront un acte de résistance contre un acte de soumission.
Un engagement responsable par la clameur venant d'Outre Manche, une France saignante de massacres, de tortures, d'internement dans les prisons, de déportation et d'extermination dans les camps, de tragédies avec la complicité du pouvoir en place, mais une France libre.
Et ce mot Résistance, qu'il soit la force d'une opposition d'un peuple asservi à la défense de sa patrie par un engagement de position, contre une situation de servilité qui nous ramènerait au passé.
La diversité de la Résistance tenait aussi à la variété des origines nationales de ses combattants : ils venaient de partout. Beaucoup avaient fui la dictature de leur pays alliée au régime hitlérien. La résistance c'est d'abord un état d'esprit, les actes suivent. L'idée de la résistance n'était pas de mourir en martyr sur l'autel d'une France libérée. Au plus jeune âge, ils aimaient trop la vie pour s'offrir en sacrifice. Ils avaient plutôt en tête de pourrir la vie de l'occupant autant qu'il la leur pourrissait.
Le combat quotidien de ces résistants préparait l’avenir. Nommés « terroristes » par l'ennemi et la collaboration française, ils affrontaient des hommes en armes, loin d'être des barbares ou des lâches que le sont aujourd'hui, des terroristes qui tuent des hommes, des femmes, des enfants sans défense.
Oui, ils aimaient la vie. Ils voulaient un monde meilleur pour tous. Ils voulaient vivre. Ne les oublions pas et soyons dignes de leur combat.
Pour nous génération d'après guerre avec le soutien des aînés, celles et ceux qui étaient présents lors de ces atrocités en tant qu' enfants, adultes, militants, combattants, résistants, nous nous devons de continuer le combat sous d'autres formes soient-elles , contre la xénophobie , le révisionnisme, la pensée unique , contre celles et ceux qui attisent la haine pour accéder au pouvoir, nous amenant dans un même état d'esprit de résistance.
Aurions-nous la mémoire courte ? Tourner la page à ce passé n'est malheureusement pas d'actualité au vu des atrocités qui se passent dans divers lieux de ce monde soit disant humain.
Alors j'en appelle à toutes les consciences, si on laisse dire , on laissera faire.
Allocution devant le Mur 12 JUIN 2017 – Michel Reboul