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Valréas 12 juin 1944 - 53 fusillés

Résistant, combattant-volontaire, grand blessé de guerre

28 Septembre 2020, 13:02pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Résistant, combattant-volontaire, grand blessé de guerre

De l'adolescence à l'exode

 

André BERGERON est né en 1924 à Courbevoie (Seine) proche banlieue de Paris.

Aussi, toute sa jeunesse, il a vécu dans cette ambiance encore toute récente de la tragédie de la guerre 14/18, qui avait fait tant de morts sur les divers champs de batailles, de Verdun, du chemin des dames ou d'ailleurs.

Lorsque l’Allemagne à de nouveau envahi la France en juin 1940, il travaillait comme apprenti chaudronnier traceur, dans l'usine d'aviation « Marcel Bloc » à Courbevoie, actuellement « avions Dassault »

Lors de l'avance rapide des allemands sur Paris, il participe dans son usine, à démonter les principales machines outils, qui seront chargées sur des camions, pour soi-disant un replis stratégique sur Bordeaux, afin d'embarquer sur des cargos, pour l'Algérie.

Alors André, comme des milliers d'autres personnes, va connaître l'exode, avec son cortège de misères, subissant les bombardements, les mitraillages des avions allemands, car très souvent les colonnes de civils étaient mélangées aux soldats français qui se repliaient également vers le Sud.

C'est à Saint Jean d'Angély dans le département des Charentes Maritimes, qu'ils seront rattrapés par les troupes ennemies, ce qui mettra fin à leur fuite épéerdue, et là, avec la population locale, Bergeron pour la première fois de sa vie, verra arriver les uniformes verts de l'infanterie et noirs des tanks allemands défilant avec orgueil exhibant à l'avant de leurs véhicules, des casques de soldats Français et Anglais. Devant ce triste spectacle, les larmes coulent et les poings se serrent avec force.

Après plusieurs semaines passées à St Jean d'Angély, dans un grand dénuement, il est possible

de passer en zone libre à Langon, sous Bordeaux, alors en voyage assez long, il se retrouve réfugié, d'abord à Avignon et ensuite à Valréas, Monsieur et madame Augustin Veyrier, habitant à cette époque Rue de l'échelle à Valréas.

 

Au retour, malgré lui en zone occupée

 

Par la suite, bien habitué au calme et à la sérénité de cette petite ville de Valréas, André est bien obligé de suivre ses parents qui désirent rejoindre leur domicile en zone occupée, et avec le passage de la ligne de démarcation à Chalon sur Saône, il retrouve avec tristesse l'impressionnante soldatesque allemande, l'accent guttural, les contrôles des papiers d'identité, etc.

Mais il faudra bien s'habituer à vivre très longuement en leur présence, avec toutes les brimades, le manque de nourriture, et les sévices imposés aux Français.

 

L'Appel à résister

 

Déjà l'occupation bien établie, au cours de l'année 1941, obscurément, commençait à naître, dans la tête de pas mal de Français, des idées de révoltes, car petit à petit on avait appris de bouches à oreilles, l'appel du Général de Gaulle et ébauche de divers projets, ayant pour but de trouver une solution pour rejoindre cette résistance extérieure.

Mais comment faire ? De quelle façon ? Où s'adresser ? Car il faut être extrêmement prudent, la Gestapo ainsi que la Police spéciale Française veillent dangereusement.

De longs mois passent, dans la vie oppressante de cette occupation, où beaucoup de péripéties vont se succéder, qui amèneront André à se diriger vers la clandestinité.

Enfin, on lui conseille de rejoindre la Normandie, car à proximité des cotes de la Manche, il y aurait éventuellement des possibilités sur de petits bateaux de pouvoir gagner l'Angleterre, bien sur, c'est risqué, mais la jeunesse aidant, il n'hésiterait pas à tenter l'aventure.

Il va alors travailler plusieurs mois dans des fermes du Calvados et de l'Orne, chez des paysans Patriotes, mais malgré ses efforts, n'ayant pu trouver une filière d'évasion vers l'Angleterre, pratiquement impossible, à cause de la surveillance renforcée de l'ennemi, c'est parrainé par un ami, déjà dans la résistance, et qui le recommandera auprès de ses chefs qu'André sous le nom de guerre : Alias « ZiZi », s'engagera dans la résistance en 1943, dans les Corps Francs, du réseau de résistance VENGEANCE, commandé par le lieutenant colonel Vic Dupont.

Il est alors chargé pour mise à l'épreuve , de distribuer de nuit, des tracts anti-allemand et collaborationnistes, cela assez stressant, car il faut éviter les nombreuses patrouilles ennemies, surveillant le respect des heures du couvre feu.

Le risque était peut-être encore plus grand, à cause d'une certaine police française spéciale en civil, qui se fondait dans la population.

Il participera également à diverses opérations commandées et dangereuses, entre autre, sabotage à l’explosif sur les lignes électriques servant à l’ennemi, sabotage sur le matériel ferroviaire, le tout en compagnie des F.T.P.F., les deux groupes œuvrant ensemble, participation à la constitution de nouveaux groupes de résistants sur la région, avec démonstration d'armes parachutées sur la région, remis en état d'armes de guerre qui avaient été camouflées, lors de la retraite des soldats français en 1940.

 

Étant natif de la région Parisienne, il sera chargé au départ de la Normandie, d’établir des liaisons avec des résistants de l’Ile de France du réseau (M.L.N.) Mouvement de la Libération Nationale.

 

Retour à Paris et arrestation

 

Mais de graves événements et vagues arrestations viendront traquer le réseau régional, et sous ordre de dispersement immédiat, il rejoindra à nouveau paris pour échapper aux poursuites.

Après un certain temps de galère, passé dans la capitale, car par prudence, il ne pouvait être hébergé par sa famille.

Il sera arrêté par la police française, en possession de sa fausse carte d’identité, dans le petit hôtel où il avait trouvé un refuge provisoire. Malgré la brutalité des interrogatoires, les policiers n’en connaîtront pas la provenance, et aucun membre du réseau ne sera inquiété.

Il est incarcéré à la sinistre prison du dépôt de Paris, et transféré ensuite à la prison de la Santé à Paris, où il restera plusieurs mois, y subissant mauvais traitements et privations et c’est dans sa cellule qu’il passera tristement l’anniversaire de ses 20 ans, le 27 juin 1944.

Il sera présent également, lorsque dans la nuit du 30 avril 1944, 7 jeunes résistants capturés les armes à la main, seront fusillés dans la cour d'honneur de la prison de la Santé, et triste honte, cela effectués par des miliciens Français accompagnés de G.M.R. (Garde Mobile de Réserve) et, aussitôt, provenant de toutes les divisions de la prison des centaines de prisonniers ont hurlé leur réprobation, insultant les bourreaux et jurant de venger ces crimes.

 

A cause de sa fausse identité, il est soupçonné d'activité clandestine, mais faute de preuve, après avoir été condamné, il sera libéré, échappant ainsi, à de plus graves suites.

Aussi, il aurait pu rester tranquillement à l'abri chez les amis qui l'ont aidé à se remettre de la fatigue de son internement, mais, avec la fougue de la jeunesse, ne pouvant rejoindre la Normandie, suite aux combats dus au débarquement allier le 6 juin 1944, il va reprendre rapidement contact avec les résistants du M.L.N. « Mouvement de la Libération Nationale » région Parisienne, et poursuivra ainsi son activité résistante.

 

Combats pour la Libération de Paris

 

Ensuite, au cours des combats pour la Libération de Paris en août 1944, dans les F.F.I. « Forces Françaises de l'Intérieur » du Colonel « Rol-Tanguy », il sera par mi les premiers, qui en prenant de très grands risques pour leur vie, vont harceler les éléments allemands circulant dans Paris, et ceux qui en retraite gagnaient les portes Nord Est de la Capitale.

 

Avec son groupe, au Fort de Romainville, il sera également témoin des massacres effectués par vengeance par les soldats SS avant leur départ précipité, sur les derniers patriotes emprisonnés, beaucoup d'hommes et femmes tués à la grenade. Cette terrible vision impressionnera beaucoup de jeunes F.F.I. Présents.

 

Cette participation à la bataille, avec des centaines d'autres combattants, obligera l'ennemi, malgré sa supériorité en armement et ses Panzers, et grâce aussi aux innombrables barricades dressées dans tous les quartiers de Paris, par la population, forcera les Allemands a resté bloqué dans leurs divers points d'appuis, qui seront mis hors de combat, grâce à l'action des chars de la 2éme BD du général Leclerc, arrivés à Paris, dans la soirée du 24 août 1944.

 

Mais l'attention des F.F.I. aurait été encore plus efficace, s'ils avaient reçu les armes qui devaient être parachutées sur les champs de courses parisiens, entre autre bazookas et mortiers légers.

 

André, n'a jamais oublié, que lors de la capture des allemands, pour récupérer leurs armes, ces derniers étaient terrorisés d'être pris par des F.F.I., car on leur avait dit que les résistants étaient des bandits, aussi, étaient-ils très étonnés d'être traité humainement, dans le respect des lois de la guerre, ce que eux même ne respectaient pas puisque lors des combats, la majorité des F.F.I., pris les armes à la main, étaient immédiatement tués, même sans pitié pour les blessés et malgré leur brassard F.F.I.

 

Grièvement blessé

 

Et c'est justement ce 24 août 1944 vers 18 heures qu'il sera très grièvement blessé, car criblé de balles de mitrailleuse, et miraculeusement, il survivra à ses terribles blessures.

 

Bien que souffrant beaucoup, il restera conscient lors des journées des 25 et 26 août 1944, pour entendre la foule Parisienne, fêter et acclamer l'arrivée des soldats français. Malheureusement, ses camarades de combat venant à son chevet, lui apprendrons que ce même 25 août 1944, alors que Paris était libéré, les soldats allemands, en retraite, se vengeaient atrocement en massacrant tous les habitants du joli village de Maillé, à 35 kms de Tours, soit 124 personnes, hommes, femmes et enfants.

 

Il sera décoré de la Médaille de la Résistance Française par décret du 20 novembre 1946 sous le n° 2199

 

Titulaire par la suite :

 

  • La médaille militaire décret du 12 avril 1951

  • La Crois de Chevalier de l'Ordre Nationale du mérite

  • La Croix du combattant volontaire 39/45

  • La médaille des blessés de guerre

  • La médaille des Internés de la Résistance

  • Le titre de reconnaissance de la Nation en témoignage des services rendus pour la France

  • Chevalier de la Légion d' Honneur à titre militaire.

 

 

 

 

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Des noms de rues en hommage aux héros et martyrs 39-45

23 Septembre 2020, 08:25am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Article Vaucluse-Matin du 23.09.2020

Article Vaucluse-Matin du 23.09.2020

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La résistance allemande en France

17 Septembre 2020, 15:59pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

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La transmission de mémoire à la Sauce Puy du Fou

16 Septembre 2020, 16:43pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

L'investissement est estimé à 100 millions d'euros. C'est une société privée qui porte le projet. Hervé Morin a un rêve : voir ce Puy du Fou à la sauce normande (même s'il n'aime pas l'expression) prêt pour le 80ème anniversaire du Débarquement en 2024. 

 

Les derniers vétérans, résistants, combattants, déportés s'éteignent et ne seront plus là d'ici peu. On imagine des spectacles pour les honorer à la sauce Puy du Fou, pour transmettre cette mémoire, mais dans quel but, si ce n'est un profit sur le dos des victimes de la seconde Guerre mondiale.Inadmissible !

Petit à petit, nous nous apercevons par la décision politique, que ce soit des élus nationaux ou locaux lors de différentes cérémonies, entre autre celle de la Libération des diverses communes, une autre Histoire, voire une Histoire revisitée, par des « spectacles » effectuées par des associations de reconstitutions des faits de guerre, faut-il qu'elles ne soient pas entachées de mensonges.

Un exemple flagrant, dont je me suis indigné auprès des responsables.

Pour le 65ème anniversaire de la Libération de la commune de Visan (84), une reconstitution a été mise en place : Les américains entrant dans le village et mitraillant des allemands attablés à la terrasse d'un café – Les spectateurs nombreux applaudissaient ce spectacle, sans compter le reste.

D'où, mon indignation, sachant que cette commune à été libérée sans un coup de feu, les allemands étant en repli.

C'est cela que l'on veut transmettre à nos générations futures ?

Comment pouvons-nous imaginer de tels spectacles à la mode du Puy du Fou ?

Mensonge sur notre histoire, alors que nous sommes toujours à intervenir sur certains récits, certains témoignages revisités.

Commémorations, Oui ! Spectacles, Non !

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Lettre de remerciements d'une grande poétesse de l'enclave

12 Septembre 2020, 09:01am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Lettre de remerciements d'une grande poétesse de l'enclave
Lettre de remerciements d'une grande poétesse de l'enclave

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L'objet de l'association des familles de fusillés

11 Septembre 2020, 14:19pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

L'objet de l'association des familles de fusillés

Il est par ces temps de restrictions sanitaires, auxquelles nos diverses associations patriotiques en ont fait les frais par une présence minimes aux diverses cérémonies et afin d'éteindre certaines rumeurs sur la position de notre association des familles de fusillés, de rappeler l'objet de notre association.

 

Article 3 : Objet

 

L'association a pour but d'unir, sans distinction de tendances, de conceptions philosophiques, politiques ou de religion, tous les patriotes, résistants, internés, déportés ainsi que leurs familles respectives et amis.

L'association affirme son indépendance à l'égard des pouvoirs publics, de tous partis politiques, de toutes religions.

Elle s'impose d'intervenir auprès des pouvoirs publics, comme auprès de l'opinion pour la défense des intérêts moraux et matériels de ses adhérents et, d'une manière générale, pour la défense des intérêts de la Résistance et de la Déportation et de l'Internement et d'agir contre toute forme de racisme et de renaissance du nazisme et du fascisme.

 

Notre association à travers ses différents présidents, a su s'imposer dans tous ses droits légitimes, il y a 50 ans , par la suite et à ce jour même.

 

Michel Reboul

Président

 

 

 

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Il y a 50 ans décédait le Général de Gaulle.

9 Septembre 2020, 15:06pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Le général de Gaulle accompagné du général de Lattre, de Gaulle passe en revue la 27e division formée en partie de maquisards du plateau des Glières.

Le général de Gaulle accompagné du général de Lattre, de Gaulle passe en revue la 27e division formée en partie de maquisards du plateau des Glières.

Obsèques du général de Gaulle

Obsèques du général de Gaulle

Le 9 novembre 1970 à Colombey-Les-Deux Églises, décédait Le Général de Gaulle.

 

Charles de Gaulle communément appelé le général de Gaulle ou parfois simplement le Général, né le 22 novembre 1890 à Lille et mort le 9 novembre 1970 à Colombey-les-Deux-Églises, est un militaire, résistant, homme d’État et écrivain français.
Chef de la France libre puis dirigeant du Comité français de libération nationale pendant la Seconde guerre mondiale, président du Gouvernement provisoire de la République française de 1944 à 1946, président du Conseil des ministres français de 1958 à 1959, instigateur de la Cinquième République fondée en 1958, il est président de la République française du 8 janvier 1959 au 28 avril 1969.

 

Sur la première photographie

 

Le martyre a pris fin mais les stigmates demeurent. Partout où règnent la désolation, les ruines et la souffrance, le général de Gaulle apporte le visage de la France ressuscitée, éternelle. De septembre 1944 à mai 1945, des Flandres, à la Provence, des Alpes à l'Atlantique, il parcourt les terres dévastées, apportant dans les villes et les villages le réconfort de sa présence, réservant aux rescapés d'Oradour-sur-Glane le meilleur de lui-même. Image d'un père qui sait apaiser les veuves et les mères, et sourire aux grands blessés(...) Mais image, surtout du soldat qui exhorte ses troupes au combat. Dans les Alpes, les troupes du général Molle et du général Doyen luttent contre les Italiens. Dans les poches de l'Atlantique, les hommes du général Larminat réduisent peu à peu les Allemands.

A l'est, la 1er Armée, conduite par le général de Lattre de Tassigny, s'apprête à pénétrer au cœur de l'Allemagne afin que « l'armée française aille au-delà du Rhin dicter à l'ennemi la loi de la Liberté.

 

 

Sur la seconde photographie

 

Obsèques du Général de Gaulle, dans la simplicité à Colombey-les-Deux-Églises.

Le cimetière qu'il avait choisi . Entre les tombes, sur les épaules de 12 garçons de Colombey, le fils du maire, le fils du boucher, un ouvrier fromager, un cultivateur et des étudiants, le cercueil est porté vers la tombe familiale.

 

Édition : L'Adieu à De Gaulle «  Le Chef de la Résistance » n° 2« Le héros de la libération et de la victoire » n°3

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Valréas pendant la guerre et sa situation géographique

8 Septembre 2020, 14:01pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Valréas et l'enclave, terre vauclusienne enracinée dans le département de la Drôme

Valréas et l'enclave, terre vauclusienne enracinée dans le département de la Drôme

Lors des événements de juin 1944, la résistance de Valréas fut rattachée à celle de la Drôme, au vu de sa situation géographique enclavée dans la Drôme tout en étant un canton vauclusien. Fallait-il comprendre que les divers maquis vauclusiens n'avaient lieu de se rapprocher de ce terroir par nécessité de lui laisser la libre initiative de créer son propre maquis, voir de le partager par la résistance drômoise  sur une terre qui lui était plus favorable à l'engagement de résister ? Pour autant, l'engagement de résister était aussi un engagement politique qui se devait de rester Vauclusien, dont le département était bien rattaché à la région « Provence » et ne devait par la suite laisser libre de prendre d'autres directives que celle d'une politique acquise au département du Vaucluse et de sa région.

C'est ce que le Parti Communiste de Marseille avait bien compris, en envoyant un « émissaire 1» résistant pour prendre le commandement des F.T.P. de Valréas et ce malgré la riposte des communistes de cette ville.

Après le massacre du 12 juin 1944, bien des cérémonies se sont suivies pour perdurer la mémoire de cette tragédie, mais malgré cela on a pu voir et surtout constater par notre présence à ces diverses cérémonies que le site de Valréas était loin d'être pris en compte par certains élus du département du Vaucluse et au plus les années passent, nous constatons une présence de plus en plus minime, si ce n'est absente. La cérémonie commémorative du 75ème anniversaire en est la preuve : absence de plusieurs élus locaux, absence du président du département (dont je n'ai jamais vu sa présence depuis son mandat) de la député de la 4ème circonscription et tout cela non excusés ! Puis, il nous faut aussi intervenir sur certains sites d'Internet, où le lieu de Mémoire de Valréas est absent ou manque de précision, voir aussi d'inexactitude ou incohérence dans certains écrits.

 


 

1En fait, tout se passe comme si Roger CHAIFFRE alias "Roger", envoyé de Marseille par le parti communiste [ou (et) les FTP], avait une mission précise, après le débarquement de Normandie le 6 juin, dans une région où les Francs-Tireurs ont une forte présence : dans le secteur Sud-Drôme, au début juin 1944, quatre bataillons FTP côtoient deux bataillons AS. "Roger" se doit d'obtenir que les FTP aient un rôle clé dans l'insurrection locale (Taulignan-Valréas-la Lance, le Nyonsais), voire dans la Résistance départementale. A posteriori, l'ascension de "Roger", dans le sud-est de la Drôme, puis dans le département - qui suit la répression sanglante de Valréas-Taulignan, validerait cette hypothèse. 

Il est bien connu que les forces de la Résistance, unies sur un projet ambitieux de libération nationale et d'émancipation humanitaire mondiale, sont aussi un rassemblement d'organisations et de personnes poursuivant leurs propres objectifs. André Chaiffre est un de ceux qui, singulièrement, originaire de Marseille, signale l'influence phocéenne dans la Drôme et semble affirmer la volonté communiste de charpenter un rayonnement politique qui se dessine, de faire concrètement la place des FTP dans le commandement militaire des FFI au plus haut niveau. Il n'est pas surprenant que les chefs locaux et même régionaux de sa propre organisation, les FTP, sur le terrain souvent depuis 1943 et même parfois avant, aient contesté ce qui leur apparaît comme un chapeautage inadmissible et incompréhensible de dernière minute. Mais le contexte général est marqué par l'accélération vertigineuse de la guerre ; déjà, la question d'une nouvelle république se pose, le programme du CNR est en route. Chaiffre est un combattant, apparemment homme d'un parti qui a la ferme intention, comme d'autres éléments des différentes forces du mouvement résistant, peut-être davantage ou en tout cas autrement, de participer au gouvernement de la France libérée.


 

Auteurs : Michel Seyve 
Sources : Dvd-rom La Résistance dans la Drôme-Vercors, éditions AERI-AERD, février 2007.


 

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Libération de Valréas discours du Pasteur SEIGNOL alias FRANCK

3 Septembre 2020, 07:14am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Document Association des familles de Fusillés - Valréas

Document Association des familles de Fusillés - Valréas

Notes du Discours prononcé par FRANCK à la journée de la Libération de VALRÉAS

le 17 Septembre 1944

 

Affligés bien-aimés, camarades de la Résistance,Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs

En quel siècle, vivons-nous? Quel siècle que le nôtre! Siècle du progrès, de la Science, de la Lumière. Hier les Philosophies nous apprenaient que nous marchions vers l'âge d'or. Mais alors que le machinisme faisait un bon en avant nous enregistrions une régression d'autant plus grande et douloureusement tragique, sur le plan moral. Nous restions insensibles quand le sang coulait en Chine. Quand la guerre fratricide ravageait l'Espagne. Notre embourgeoisement, oh! Dérision nous rendait insouciants du danger qui menaçait l'Europe. Le fou mystique Hitler nous apparaissait sous les traits d'un vulgaire peintre et non comme l’Antéchrist.

La bête apocalyptique!

Et la France se réjouissait d'une Munich, d'une Munich qui ouvrait les avenues du désastre et qui consacrait la démission de la France. D'une partie de la France. De la plus grande partie. Mais! La conscience française en quelques-uns surgit du chaos et là pour la première fois fut manifesté l'Esprit de résistance.

Ceux qui restaient fidèles à la parole donnée.

Ils virent d'un cœur navré la guerre en dentelle. Mais la dé­bâcle de 40 leur donna un cœur d'airain et contre toute espérance, ils crurent. Les autres se moquaient de tout, sauf de leur quiétude, après avoir vendu leur conscience, se livrèrent aux Boches et de­vinrent plus exécrables qu'eux.

Et l'on vit cette vague de fascisme. Ce totalitarisme, cet avi­lissement de l'homme qui en fit du bétail humain; alors... que les autres, gardant leur dignité d'Hommes, conserveraient la notion des vraies valeurs: respect de la personnalité humaine, liberté de conscience.

Un cercle d'hommes en réunissait quelques-uns à Valréas.

Ils choisirent une devise:

Il vaut mieux mourir que d'être esclave.

La liberté vaut mieux que la vie.

Ils se connurent, ils s'aimèrent et cette équipe unique, unie par le ciment qui résiste au temps de la haine, d'une seule pensée se donna sa doctrine, un programme d'action, ils ne discutaient pas. Ils n'en avaient pas besoin, car l'entente régnait. Ils agissaient. Ils ne tenaient pas eux, les promesses des autres, mais les leurs.

Ils s'occupaient des départs via l'Angleterre.

Des Juifs (jeunes gens, jeunes filles, enfants) de la résistance, et vous saurez un jour ce qu'ils ont fait. Leur joie et leurs dangers, la vie clandestine, leurs souffrances, leurs martyrs, leur victoire, un livre sera écrit.

Mais tout cela, pour si beau que ce soit ne serait rien s'il n’y avait une suite. On ne vit pas du passé. C'est pour avoir vécu des gloires de 89 que notre génération a connu la misère et la misère morale d'abord.

Il faut aller de l'avant. Les épreuves qui dépouillent et puri­fient, les expériences qui enrichissent, doivent être notre armure pour combattre sans cesse et toujours ; pour aller vers le mieux, le plus grand, le plus beau. Pour tendre vers le bien, pour faire le bien: pour servir dans le désintéressement l'intérêt général.

La libération pour nous n'a jamais été une fin en soi, mais la première étape vers une Régénération., une rédemption de la France, qui lui rendra son rayonnement spirituel et moral, sa mis­sion éternelle et sa seule raison d'être de ce monde. Et dans ce do­maine, nous commençons, nous commençons aujourd'hui seule­ment. Notre œuvre en est à son début et elle a déjà ses ennemis.

Vous vous êtes battus hier contre l'Allemand, le S.S., la Gestapo et un ennemi plus ignoble, le traite milicien: le sans Patrie qui, pour quelques billets de mille, avait vendu son âme et la France.

Demain! Que dis-je, aujourd'hui déjà, vous vous battez contre les profiteurs qui veulent continuer à profiter. Ils ont profité du Teuton. Ils veulent exploiter la Résistance. Il y en a ici Messieurs. Il y en a devant moi qui m’écoutent. Ils sont là les vautours qui guettent nos cadavres, ces rapaces dont la patrie s'appelle le profit , ces bourgeois pourris, ces capitalistes véreux.

Ils n'osent encore essayer de nous imposer leur volonté, mais ils le feront dans quelques semaines. Il va y avoir une vague de critiques acerbes contre les Résistants et leur esprit perfide comme un serpent, essayera de lancer son venin sur l'esprit de Ré­sistance pour l'étouffer. Et bientôt ouvertement ils agiront, ils es­sayeront de nous perdre. Les prisonniers, les anciens combattants leur seront à charge. Notre présence accusatrice révélera leurs crimes et pour apaiser leur remord, ils ne donneront pas de cesse, jusqu'à ce qu'ils nous aient fait disparaître.

Mais c'est nous qui vaincrons, et nous voulons vous vaincre en vous aimant, car l'amour est plus fort que la mort même.

Ce sont nos morts qui vous parlent, c'est la voix de leur sang qui résonne et résonnera sans cesse à vos oreilles et dans votre conscience.

Et que vous dit-elle la voix de nos martyrs...? Elle vous dit: La France, un jour, par une ligne de démarcation fut géographique­ment divisée en deux. Aujourd'hui, elle est divisée plus que jamais. Entre vous et nous il y a du sang qui nous sépare, du sang que vous avez versé en favorisant l'ennemi par le marché noir, en collabo­rant avec lui, en vous faisant les exécuteurs de ses plus basses be­sognes.

Et bien cet abîme qui nous sépare, nous seuls pouvons le combler dans la mesure où c'est possible.

Nous avons supprimé ceux qui ont perdu le droit de vivre...il en reste encore malheureusement.

Nous faisons arrêter ceux qui le méritent, avec ceux-là, certes, il n'y a plus d'abîme, mais avec vous il reste... comment y remédier...?

Comment vous rendre un peu de votre dignité d'hommes, comment vous permettre de relever la tête et nous donner la possi­bilité de vous tendre la main, et ici à Valréas, recréer cette unité nécessaire.

Voilà ce qu'il faut à notre cité. Voilà, notre œuvre première.

Nous voulons travailler pour vous, pour votre bien, dans votre intérêt bien compris, celui qui compte avec la conscience. Et pour atteindre ce but.

Nous voulons moralement vous courber, vous rendre attentifs au drame humain d'aujourd'hui, qui vous reste étranger parce que votre conscience est cautérisée. Á ce contraste humain latent en tous certes, mais tenu en échec chez certains, diaboliquement développé chez d'autres.

Nous placerons sans cesse devant vous la vision de nos croix et de la croix qui seule est révélatrice et Libère.

Et cela doit vous amener à la notion du sacrifice rédempteur.

Nous vous demandons aujourd'hui de sacrifier un peu, bien peu en donnant une partie de votre argent, car il n'est pas à vous, même s'il était acquis honnêtement. Même si vous l'aviez hérité, il n'y a rien de si injuste que la fortune et depuis le premier siècle la sagesse dit; « faites vous des amis avec les fortunes injustes ». Toutes les richesses sont injustes. Qu'ont ils fait les pauvres pour naître sans le sous.

Mort au capitalisme, plus qu’Hitler fauteur de guerre, ce sont vos gros sous qui ont lancé, favorisé le peintre fol.

Apprenez cette leçon, l'occasion unique aujourd'hui vous est offerte. Vous qui auriez dû payer de votre vie la part lourde de responsabilité qui vous incombe, vous qui n'avez pas de part dans cette responsabilité, mais être fortunés, vous donnerez non de su­perflu, mais de votre nécessaire. Et c'est dans la mesure où vous le ferez librement, spontanément, que vous pourrez un peu vous réha­biliter, redevenir des hommes, avoir un droit de reprendre digne­ment votre place dans la communauté française.

Nous attendons de vous 10 millions et ne me parlez pas de sacrifice. Votre dépouillement même sera néant à côté du sang qui fut versé. C'est lui et lui seul que je vois et que j'entends et non vos jérémiades d'avares hypocrites.

Qu'il me soit permis de placer une anecdote. Alors qu'une femme de Valréas se préparait à rentrer chez elle, on lui disait, « vous ne retrouverez plus rien, quatre murs seulement ». Il y a trois jours en franchissant le seuil de sa cuisine, joyeuse, elle s'écria: « Mais ils m'ont laissé ma bouillotte ». (C’est tout ce qui lui restait). Voilà jusqu’où les mères de nos résistants avaient poussé l'esprit de Sacrifice.

Quand vous aurez compris cela, alors vous pourrez venir avec nous vous pencher sur la mère qui pleure, sur la femme écrasée, sur l'enfant sans soutien. Venez avec nous rebâtir sur les ruines, loger, meubler les sans-abri.

Venez et alors je vous parlerai un autre langage.

Alors quand vous aurez retrouvé un cœur de chair, avec mes frères, nous vous considérerons comme des amis.

C'est un double programme que nous poursuivons. Soulager la misère. Vous réhabiliter , et si ma voix est dure, c'est une voix d'amour qui pour vous cependant retentit.

Venez avec nous préparer le retour et trouver des emplois dignes aux F.F.I.mobilisés qui reviendront.

Ensemble, préparons le retour de nos chers prisonniers en prenant soin de leurs familles, en leur trouvant les conditions de travail qu'ils ont méritées, et des places dans la direction des affaires publiques qui s'enrichiront de leurs expériences.

Valréas peut panser avec ses ressources, ses plaies et celles des environs.

Dès aujourd'hui; recréons l'unité.

Soulageons la misère.

Préparons de grands, de beaux lendemains.

La permanence du Service Social sera ouverte dès mardi, Route d'Orange, où nous vous attendons.

Et qu'il nous soit permis ici de rendre un hommage public aux amis nombreux, commerçants, industriels, fonctionnaires, aux gendarmes en particulier, et à notre sympathique adjudant, aux cultivateurs, à tous les hommes, femmes, jeunes gens, jeunes filles qui nous ont permis de réaliser de grandes choses.

C'est vous qui avez tout donné pour des centaines d'hommes pendant des mois. C'est vous qui avez fourni votre temps, votre argent, au péril de votre vie, car nous n'avons rien reçu de l'extérieur.

Vous n'avez pas profité vous, mais vous êtes riches du bon­heur que donne le témoignage d'une bonne conscience. Merci, Amis très chers. Merci!

Et vous les jeunes de nos camps.

Vous qui portiez le nom de Franc.

Soyez des Francs, des Français sincères, loyaux, véridiques, et n'oubliez pas votre devise : « Le plus grand parmi vous c'est celui qui sert ». C'est sur vous que nous comptons pour aller de l'avant.

Chers affligés, l'exemple que nous donnent vos morts est le rocher sur lequel nous voulons bâtir une France meilleure, digne de leur mémoire.

Comment une telle semence ne donnerait-elle pas une moisson glorieuse qui sera votre réconfort en voyant que leur martyr n'a pas été vain.

L'un des trois vétérans qui a été à notre tête, aujourd'hui, Dieu sait où en Allemagne, venait un jour emprunter 50.000 francs à sa sœur.

- Comment, lui dit-elle, tu n'as plus d'argent ? Tu as tout dé­pensé pour tes jeunes !

- Oui, dit-il, mais ce n'est pas pour eux que je te demande cette somme, c'est pour un ami très cher qui en a besoin et me remboursera dans quinze jours.

Ensemble, ils allèrent à la banque et quand il eut l'argent dans sa poche, prenant la main de sa sœur il lui dit :

- C'est pour mes jeunes.

Le lendemain sa sœur l'invitait à dîner. En rentrant il lui dit en plaisantant :

- Tu m'as appelé pour te faire un reçu de 50.000 francs ?

- Comment peux-tu penser cela Louis lui répondit-elle !

- Ce serait plus prudent ajouta t-il. Ce soir ils peuvent m'arrêter, me tuer...

À 21 heures la Gestapo l'emmenait avec sa femme.

Que de traits émouvants nous pourrions dire, nous voulions seulement être digne de ces trois aînés et suivre l'exemple de Louis Gras, Marius, Prudent.

 

Note : “ À 21 heures la Gestapo l'emmenait avec sa femme.”  

Louis Gras déporté à Mauthausen, mort à Hartkheim en octobre 1944

Berthe Gras déportée à Ravensbrück décédée en août 1944

 

    1. Pasteur Seignol alias « Franck »

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