Bien des récits et témoignages sur la période du 12 juin 1944, ont été couchés en lettres noires sur fond blanc et pourtant bien d'autres méritent aussi leurs pages dans un livre de souvenir d'un passé qui ne doit être oublié. Ce récit, et le témoignage de Anne Marie Brocheny Guy qui rejoint le témoignage de Dany Juillan ...femmes dans la Résistance
Ils ont comme bien d'autres, connus et inconnus un devoir de mémoire différent peut-être, mais qui se veut une action de Résistance.
Le 25 août 1942, le Gauleiter Wagner décrète l’incorporation obligatoire des Alsaciens dans la Wehrmacht (armée allemande). Environ 130 000 Alsaciens, appelés les « Malgré Nous », sont incorporés de force dans la Wehrmacht. La plupart d’entre eux ne reviendront pas. 22 000 "Malgré Nous" sont fait prisonniers par les Russes. Ceux-ci ne font pas la différence entre Alsaciens et Allemands. Les conditions de captivités sont très dures.
Pour y échapper, des milliers de jeunes Alsaciens-Mosellans fuient vers la Suisse et la France occupée et s'engagent dans la Résistance ou les Français libres. Ceux qui sont pris sont immédiatement fusillés comme déserteurs. Les insoumis sont internés et déportés dans les camps de Schirmeck et du Struthof et leurs familles déportées en Allemagne et leurs biens saisis, en représailles.
Que sont devenus les expulsés, les évadés, les réfugiés ?
Le 25 novembre 1944, les chars américains entrèrent dans le village devant une population stupéfaite.
Que sont devenus pendant ce temps, les autres Wischois, ceux qui ont quitté le pays dans les conditions que l'ont sait: expulsés,évadés, réfugiés ?
Ils aboutirent généralement dans le Vaucluse. Partout, il s'agit de trouver à s'insérer. Parmi les divers pôles de regroupement , Valréas fut le plus important. La famille CHARPENTIER expulsée y tenait le restaurant du secours national, tandis que la famille HERRY réussit à obtenir une maison de la ville pour assurer l'accueil de la cinquantaine de jeunes en transit: PAUL SCHREYECK, PAUL OHREL, ADOLPHE CLAUDE,ROBERT VINCENT, CHARLES PETITCOLIN, ANDRE BASTIEN, PAUL WEBER,JOSEPH GUERY,les PORRE,, les trois ZURMELY, les HERRY, THEOPHILE THALGOTT… impossible de les citer tous.
Témoignage
Pendant la guerre mes grands-parents HENRI GUY et mon père Hubert GUY sont partis de Wisches avec un maigre baluchon pour une destination inconnue. Ils ont tout laissé maison, meubles, bêtes…Ils ont atterri à Valréas. Ils habitaient à côté du restaurant du secours national –qui se situait juste derrière l'hôpital-. Au début ils ont souffert de faim, venant d'Alsace, on les traitait de boches. Dans les fermes on ne voulait pas les ravitailler.
En bon croyant, le premier dimanche où ils sont arrivés à Valréas, Papa et un copain sont allés à l'église, à la sortie ils ont fait connaissance avec Maman et une amie.
Et, à partir de là leur séjour a été « plus doux ».
Papa avait 18 ans et Maman 16 ans.
Charpentier, Henry, R. Vincent – c'est de la famille-, Douvier- je crois que mon grand-père travaillait à la carrière-, Charton …sont des noms que j'ai entendus souvent après guerre, mais je n'y prêtais pas attention étant beaucoup trop jeune.
Arrêté à la ferme de La Lance, mon père a dû son salut pour avoir sauté du camion en gare d'Avignon. Papa faisait parti du « réseau Provence » au-dessus de Montmirail (dans les dentelles). Maman et ma tante travaillaient dans une ferme juste au-dessous et ce sont elles qui servaient de liaisons avec Valréas. Elles faisaient le trajet à bicyclette.
« Ils sont partis comme beaucoup, … avec un simple baluchon »
Les Alsaciens ...chez les Frères, c'est en 1943, à quelques kms de Valréas; le 2ème à gauche c'est mon grand-père Henri GUY
Pendant la guerre mes grands-parents HENRI GUY et mon père Hubert Guy sont partis de Wisches avec un maigre baluchon pour une destination inconnue. Ils ont tout laissé maison, meubles, bêtes…Ils ont atterri à Valréas. Ils habitaient à côté du restaurant du secours national –qui se situait juste derrière l'hôpital-. Au début ils ont souffert de faim, venant d'Alsace, on les traitait de boches. Dans les fermes on ne voulait pas les ravitailler.
En bon croyant, le premier dimanche où ils sont arrivés à Valréas, Papa et un copain sont allés à l'église, à la sortie ils ont fait connaissance avec Maman et une amie. Et, à partir de là leur séjour a été « plus doux ».
Papa avait 18 ans et Maman 16 ans.
Charpentier, Herry, R. Vincent – c'est de la famille-, Douvier- je crois que mon grand-père travaillait à la carrière-, Charton …sont des noms que j'ai entendus souvent après guerre, mais je n'y prêtais pas attention étant beaucoup trop jeune.
Arrêté à la ferme de La Lance, mon père a dû son salut pour avoir sauté du camion en gare d'Avignon. Papa faisait parti du « réseau Provence » au-dessus de Montmirail (dans les dentelles). Maman et ma tante travaillaient dans une ferme juste au-dessous et ce sont elles qui servaient de liaisons avec Valréas. Elles faisaient le trajet à bicyclette.
. Un jour elles furent arrêtées par une patrouille allemande, elles avaient un message roulé dans la pompe de la bicyclette. Elles se sont mises à parler avec eux et à rire afin de ne pas éveiller des soupçons. Les soldats les ayant poussées pour les aider à repartir- c'était dans une côte- elles les ont quitté en leur envoyant des baisers de la main. Une fois hors de vue elles ont pédalé, pédalé….
Sur cette période mes parents et mes grands-parents ne parlaient presque pas.
Après la guerre mes grands-parents sont « remontés » à Wisches où ils ont retrouvé une maison bien abîmée. C'est là qu'on leur a donné des œufs et prêté une poule qu'il a fallu rendre…
Ils ne parlaient pas de cet après-guerre où ils ont « encore souffert », ils ont dû se retrousser les manches pour se reconstruire.
Papa s'est engagé dans l'armée de l'air…( le maquis, les exploits… il n'en parlait pas)
Témoignage de Anne Marie Brocheny Guy
Source : ICI