Concours national de la résistance et de la déportation 2018 le thème est "S'engager pour libérer la France".
S’engager pour libérer la France, c’est rejoindre la France libre qui poursuit le combat aux côtés des Alliés. C’est intégrer les unités des Forces françaises libres, sur tous les théâtres d’opération. C’est parallèlement agir en France même, individuellement puis collectivement, de manière de plus en plus structurée et organisée. C’est répondre à l’occupant allemand et à l’État français sur tous les terrains, de la presse clandestine à la lutte armée, en passant par le sauvetage ou le renseignement. C’est soutenir la France combattante qui rassemble par étapes l’ensemble des hommes et des femmes qui luttent pour le retour de la liberté. Quelques pages du livre Valréas se souvient – Recueil de témoignages et documents.
Résumé
(Sur les événements du 12 juin 1944 à Valréas) Au 6 juin 1944 les Alliés débarquèrent en Normandie. De Londres arriva l’ordre d’un soulèvement général en France. Deux jours après, un groupe de résistants entra dans Valréas. Le but principal de l’occupation de Valréas et d’autres lieux de la vallée du Rhône était de couvrir la mobilisation générale et le soulèvement général dans la zone Est montagneuse du département en créant un point de fixation pour les forces d’occupation. Le chef régional de l’armée secrète (A.S.) le commandant « Alain » (Pierre Reynaud) délégua le commandement militaire sur Valréas au lieutenant « Georges » (Pierre Rigaud). L’autorité civile était exercée par Marius Gras et Louis Clarice, responsable de l’A.S. pour Valréas et environ. Une rivalité existait entre les forces gaullistes, l’A.S. et la Résistance communiste FTPF. Les résistants prirent possession de la poste, la mairie et s’emparèrent des armes de la gendarmerie. Les lignes téléphoniques furent coupées, les collaborateurs et les miliciens, arrêtés. Des barricades furent dressées autour de Valréas en vue de résister. Dans un élan général, beaucoup de jeunes gens de Valréas se joignent aux résistants.La possibilité d’un repli en cas d’attaque allemande fut envisagée. Mais « Roger » (André Chaiffre)1 lieutenant de la FTPF, se prononce contre l’idée d’un repli et veut engager le combat avec son groupe. 1 Au 12 juin, les Allemands attaquent et un ordre de repli est donné aux groupes de résistants. Cet ordre de repli n’est jamais parvenu aux deux groupes des FTPF, installés à la barricade de la route de Baume
Andrée Chambon
Mademoiselle Andrée Chambon née le 22 septembre 1901 Elle servit la Résistance en accueillant les hommes de l'armée secrète des montagnes de la région nyonsaise qui avaient un code convenu pour se faire ouvrir la porte. Elle les restaurait et leur procu - rait ravitaillement par l'intermédiaire des fournisseurs valréassiens ; bouchers, épiciers, boulangers favorables à la Résistance. Elle était indicatrice des mouvements de la Gestapo favorisant ainsi la fuite de certaines personnes menacées. Enfin et surtout elle avait organisé chez elle une infirmerie où elle hébergeait les résis- tants malades que le docteur Gluge, Juif et résistant lui-même, visitait journellement.
Le 12 juin 1944, désignée comme infirmière, elle est partie avec les résistants. Stoppée avec tous les autres sur la route de Nyons, arrêtée et ramenés au Monument à l'hôtel Thomassin, surveillée par un soldat allemand, l'arme au poing, elle a assisté atterré et impuissante à la fusillade. Au bout d'un cer- tain temps, qu'elle ne peut définir, elle s'est rendu compte que les Allemands étaient partis en l'ou- bliant volontairement ou involontairement. Elle n'a jamais su. Joseph Eugène Alazard alias « Don José » Rapport justificatif Je soussigné, Monsieur Seignol Paul, connu du Haut Commandement Inter-allié sous le nom de FRANCK, certifie que le Commandant Aviateur Alazard Joseph Eugène, alias don JOSÉ, a été un résistant depuis le 1er janvier 1943 jusqu'à la libération du Territoire. 1°/ - en collaboration étroite avec MM. Gras Marius, Clarice, le Dr. Quet, Guibal, il a été le fonda - teur de résistance de Valréas (Vaucluse). À ce titre, il a contribué à la mise sur pied de l'action dans la région, a établi un plan des destructions des axes routiers et une doctrine d'action de la guerre dans le maquis. À ce moment-là, don José est entré dans le réseau du colonel Roger, collaborateur d'Alfred des F.F.C.
Joseph Eugène Alazard alias « Don José »
Rapport justificatif
Je soussigné, Monsieur Seignol Paul, connu du Haut Commandement Inter-allié sous le nom de FRANCK, certifie que le Commandant Aviateur Alazard Joseph Eugène, alias don JOSÉ, a été un résistant depuis le 1er janvier 1943 jusqu'à la libération du Territoire. 1°/ - en collaboration étroite avec MM. Gras Marius, Clarice, le Dr. Quet, Guibal, il a été le fonda - teur de résistance de Valréas (Vaucluse). À ce titre, il a contribué à la mise sur pied de l'action dans la région, a établi un plan des destructions des axes routiers et une doctrine d'action de la guerre dans le maquis. À ce moment-là, don José est entré dans le réseau du colonel Roger, collaborateur d'Alfred des F.F.C. 2°/ - en mai 1943, je lui ai donné l'ordre d'accepter d'entrer au secrétariat général de l'aviation, Cabi- net du Ministre, afin qu'il puisse nous renseigner. Il a exécuté cet ordre et a consenti à endosser l'éti- quette de « Vichyssiste » pour servir encore et toujours la Résistance, sur l'ordre du général Vernon et du colonel Laurent, Chef du 2° bureau actuellement à Paris, ministre de la guerre, ainsi que du commandant Descours, Gouverneur Militaire de Lyon. À ce titre, il a renseigné, soit lui-même, soit par des agents de liaison (Mrs Bazini de Montségur (Drôme) Oved de Buis Les Baronnies, Fran- çoise Tena de Montségur etc.) sur les agissements allemands et des fonctionnaires de Vichy. Il a réussi en particulier, à fournir la liste complète et nominative des chefs miliciens départementaux et régionaux ainsi que leurs adresses, liste que la B.B.C. a diffusée dans ses émissions de l'hiver 1943 – 1944. 4°/ - dénoncé fin mai 1944 comme collaborateur au plénipotentiaire allemand de la Luftwaffe à Vi- chy par le Ministre de l'Air Général Monniot il n'a dû son salut qu'à la fuite. À ce moment, le C.N.R., informé par le professeur Schmitt de ce changement de situation, don José est nommé par la délégation du C.N.R. à Genève et après accord d’Alger, comme Chef Militaire du département de l'Ardèche. L'ordre a été transmis par Soulier dit Suffren par message chiffré et quelques jours après, confirmé à un des membres du C.N.R. venu de Paris à Genève. Cet ordre n'est jamais parvenu à don José. Mais il s'est immédiatement rendu utile lors de l'attaque de Valréas, par les groupes allemands de répression le 12 juin. En effet, le 11 juin au soir, il renseignait lui-même, devant plusieurs témoins à un poste avancé, et sous le feu de l'aviation allemande qui devait se produire le lendemain. Il conseillait une manœuvre en retraite vers le maquis, quitte à faire par la suite un retour offensif. Bloqué par les Allemands, le 12 juin, il devait se cacher pendant 15 jours avant de revenir à Valréas, reprendre la liaison avec le Comité de Résistance. 5°/ - début août, don José assistait à la réunion plénière du comité de Résistance de Valréas à la Roche St Secret où était élaboré le plan de prise de possession du centre, dés la libération et donnait son avis sur les modalités d'exécution de ce plan. Par la suite, il a participé avec les troupes américaines à la bataille dans le quadrilatère, Bollène/Nyons/Dieulefit/Montélimar, et la population est unanime à reconnaître que c'est à sa connaissance du pays et de la langue anglaise aussi bien qu'à son action que l'on doit d'abord la rapide fuite allemande dans la région. Don José était, en effet, le 25 août en liaison avec le capitaine Brauer, de l'observatoire d'artillerie de la division américaine d'attaque au nord de Montbrison sur Lez (Drôme) à 400 mètres des Allemands, qui tenaient le pont au Jas.
Je certifie, en conséquence, que le Commandant Alazard Joseph alias don José est un véritable ré - sistant et qu'à ce titre, il a droit à tous les égards, comme à tous les honneurs civils ou militaires. Le grade de Lieutenant-colonel serait bien mérité. D'ailleurs, le Comité de libération de Valréas s'ho- nore de le compter parmi ses membres et son nom a été homologué comme tel par le Comité dépar - temental de la Drôme et celui du Vaucluse. De plus, il a été désigné par l'arrondissement et le Comité départemental pour être juge à la Cour de justice du Vaucluse où il a siégé. Il est regrettable que ses fonctions à Marseille l'empêchent désormais de siéger parmi nous. En foi de quoi nous avons signé la présente attestation.
M. Gras Président du Comité de Libération de Valréas
M. Seignol Docteur Quet Mr Guibal Maire de Valréas
L'activité des Paysans pendant la période du Maquis
N'oublions pas tous ces paysans qui ont ravitaillé les divers maquis, pendant cette période de l'occu - pation allemande. Ils hébergeaient et nourrissaient tous ces jeunes réfractaires du service du travail obligatoire (STO) en prenant des risques considérables pour leur famille et eux-mêmes.
Marius Monnier de la Côte, faisait partie de ces nombreux paysans courageux. Je soussigné Amédée Tena, né le 13 août 1908, à Montségur-sur-Lauzon (Drôme), ex-chef du Sec- teur « Sud Drôme » de la Résistance Mouvement A.S., expose et atteste ce qui suit : dans mon secteur « Sud Drôme » le mouvement est parti de Valréas et du « Comité directeur » clandestin mis en place par moi-même, dés le début de 1943. Dans ce comité, M. Groener Jacques était responsable du ravitaillement de nos maquis (Lance, Estelon, Sainte Jalle – 50 réfractaires le 5 mars jusqu'à 245 fin 43). Il a lui même prospecté les fermes de la région et créé des centres de ramassage : à Saint Paul Trois Châteaux chez Sourdon, à Valréas chez Monnier, à Taulignan chez Gras Louis (arrêté avec sa femme le 20 janvier 1944, mort en déportation) J'affirme par ce nouveau certificat que Monnier Marius est resté un membre actif et militant de la Résistance depuis le début de 1943 en collectant du ravitaillement (y joignant sa large part gratuite- ment) et en hébergeant des réfractaires. Il convoyait lui-même ce ravitaillement toutes les semaines avec son cheval et sa jardinière jusque chez notre ami Louis Gras de Taulignan, qui lui-même la nuit l'acheminait vers les maquis (...)
La Bienveillance à Valréas
La résistance silencieuse en faveur des persécutés et particulièrement des enfants. Début 1943, Valréas accueillait de nombreuses familles Juives entre autre la famille Kaminker, la mère et ses trois enfants dont la fille sous le nom bien connu par la suite Simone Signoret. Le Vau - cluse a été un des départements à recevoir un nombre important de Juifs. Dans son livre « la persé- cution contrariée » Jean-Pierre Kaminker , cite cette phrase: « J'entends aussi rendre un hommage à la bienveillance, avec laquelle furent accueillies et abritées à Valréas certaines personnes, pour qui les circonstances rendaient cette bienveillance indispensable.....aucune hostilité »Docteur Didier Delaunay (il a été élevé à la dignité de juste par l'institut israélien Yad Yachem à titre posthume en 1994. Ancien combattant de la guerre 1914-1918, chevalier de la Légion d'honneur, directeur de l’hôpital de Bayonne. Mobilisé en septembre 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale, il est démobili - sé en décembre 1939 ; Il a alors quarante-quatre ans et, il habite avec sa famille à Anglet où il exerce les fonctions de secrétaire de l'union départementale des syndicats chrétiens (CFTC). Affecté par la défaite de la France et la signature de l’armistice avec l’Allemagne en juin 1940, il rallie la Résistance, notamment avec Jean Poulhazan (qui sera maire de Bayonne à la Libération) et apporte son aide aux Juifs qu’il connaît. En septembre 1941, les autorités ayant eu vent de ses activités, il doit quitter Bayonne, qui se trouve en zone occupée. Après avoir franchi la ligne de démarcation, il s’installe en zone libre, à Valréas, petite commune du Vaucluse, et devient le directeur de l'hôpi- tal local. Il se sert de sa position pour cacher des réfugiés. Il écrit à un certain nombre de ses amis et connaissances juifs à Bayonne et leur propose de venir s’abriter dans son établissement. Il sauve ainsi plusieurs familles et notamment M. Léon et ses deux filles, Madeleine et Aude. M. Léon était professeur de philosophie au lycée de Bayonne. Malvoyant, il est totalement dépendant de ses filles. En réponse à l’invitation du directeur, ils arrivent tous les trois en septembre 1942 à l’hôpital de Valréas, munis de faux papiers et de cartes d’alimentation. Il fit également admettre Georges Epch- tein, vingt ans, qui s'était enfui de Biarritz.
1 C'est sur le terrain même que quelques-uns des acteurs, qui ont connu André Chaiffre ("Roger"), ont remarqué certains traits de son comportement : ainsi, quelques brèves touches du portrait de ce maquisard, nous sont parvenues, lorsque la mémoire et l'écrit les ont conservées, plus tard lorsque le besoin de revenir sur l'événement s'est fait sentir. On peut en retrouver de minces traces dans les récits évoquant l'épisode du 7 au 12 juin 1944 de Taulignan-Valréas. C'est à peine une silhouette que l'on distingue... Le personnage ne manque pas d'intérêt pourtant, à cause même du rôle que les organismes résistants auxquels il appartient lui ont probablement demandé de jouer, à cause également de ses fonctions dans la Résistance régionale et départementale. Patrick Martin observe, dans sa thèse, que le PCF gagne « en popularité en 1944 au sein de la population drômoise, dans le Sud-Drôme et dans certaines communes importantes du Nord Drôme (Romans, Saint-Vallier, Saint-Donat). Il a sous son contrôle 2 500 hommes en armes. Tous ne sont évidemment pas communistes, mais l'encadrement politique de ces hommes commence à s'opérer, avec l'apparition de personnes comme André Chaiffre, venu de Marseille et qui a pris, à Valréas, le commandement des FTP, à la grande surprise de certains d'entre eux. La volonté de diriger [de la part des communistes] se manifeste avec l'apparition de Chaiffre ».