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Valréas 12 juin 1944 - 53 fusillés

temoignages

Andrée Jeanne CHAMBON, résistante de l'ombre.

18 Mai 2025, 06:09am

Publié par Michel Reboul

Andrée Jeanne CHAMBON, résistante de l'ombre.
Les femmes étaient présentes dans un grand nombre des branches de la résistance française, armées (Francs-Tireurs et Partisans, Mouvement de Libération Nationale…etc), ou non. Qu’elles aient été reconnues ou soient restées anonymes, les femmes ont longtemps souffert d’un manque de reconnaissance pour leurs actions militantes.

C'est bien l'une d'elles qui a été oubliée pendant des années à Valréas.

Valréas était une citée, où de nombreux hommes et femmes luttèrent avec différents moyens contre l'occupant. Parmi ces hommes et ces femmes qui risquaient bravement leur vie à tout instant, et parfois en exposant celle de leur famille et de leurs amis...Il est une personne dont la modestie et la discrétion n'ont eu d'égale que l'importance de son action et le courage désintéressé dont elle a fait preuve, avec la plus totale abnégation et le plus grand dévouement, avec laquelle elle a collecté les fonds et le ravitaillement pour les camps de maquisards alentours.

Elle accueillait chez elle, dans sa villa, à l'écart de la ville de Valréas, à l'époque, un très grand nombre de résistants. Les réconfortant, les nourrissant, les soignants, combien d'agents de liaison ont fait étape chez elle, affamés, fatigués, après de longues étapes à marche rapide, la faim au ventre et la mort aux trousses.

La plupart des officiers et autres chefs de camps ont continués la guerre, jusqu'à l'armistice, puis, plus tard, ont retrouvés leur situation, oubliant notre bienfaitrice.

Ce n'est qu'en 1982, sur proposition d'un ancien camarade de maquis, appuyé par l'association d'anciens combattants de Valréas, qu'elle a été décorée de la Croix des Combattants Volontaires de la Résistance, et Combattants de la Guerre 39-45 .

Cette résistante de l'ombre, se nommait Andrée Jeanne CHAMBON.

Photographie source : Steve Eberly

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Livre du 12 juin 1944 - 53 fusillés à Valréas

15 Mai 2025, 07:15am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

livre du 12 juin 19440001

Livre en vente auprès de l'association des Familles de Fusillés, Déportés, Internés, Résistants et Patriotes au prix de 5.00 € port non compris. Contact  mcr.reboul@gmail.com 

 

 

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Contre la Guerre

15 Août 2024, 16:00pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

 Communiqué du 26 mars 2003 - 8 ans plus tard, rien a changécontre la guerre0001

 

Malgré le temps qui passe, 80 ans après, la Guerre fait rage dans les pays du monde. L'homme éternellement armé se voit d'infliger des atrocités, dont bien souvent  les civils en sont les victimes. De la guerre du Golf à la guerre en Afghanistan, pour se poursuivre par des combats en Libye et de nos jours l'Ukraine, sans oublier un génocide à ciel ouvert sur Gaza. Marchands d'armes, profit de basse besogne, financiers pervers , économie en danger, plus que jamais.

Combien de vie ? Combien çà coûte, alors que la Grèce est en feu. Aides humanitaires ou guerres d’intérêts ?

Contre toutes les Guerres, contre tous les dictateurs, contre la grandeur de nos politiques qui n'iront pas à la guerre, mais laisseront partir nos enfants.

 

 

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Raymonde d'Isernia, témoigne sur sa journée du 12 juin 1944 à Valréas

7 Juin 2024, 09:38am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Seules, femme et enfant arrêtées et rescapés du 12 juin 1944, ainsi que la population rassemblée sur la place de la mairie, les résistants ayant quitté la ville, sauf ceux qui ont été pris avec des otages civils.

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Raymonde d'Isernia, survivante du 12 juin 1944

4 Juin 2024, 08:51am

Publié par Michel Reboul

Un témoin clé, qui a assisté à la fusillade, elle n'avait que 11 ans à l'époque et son père faisait partie des personnes exécutées au Mur.
Elle était là, présente, loin des lieux de replis - Un témoignage poignant.
RAYMONDE D'ISERNIA
Elle avait 11 ans.
… un soldat allemand nous mettant en joue avec sa mitraillette
Je suis née en 1933 à Valréas. Mon père, Louis d’Isernia, avait créé un cartonnage-imprimerie rue du Berteuil. Mon frère Jean, de dix ans mon aîné et ma mère l’aidaient dans son activité.
Mon père, engagé volontaire au cours de la guerre 14-18, avait très mal vécu la capitulation de la France puis son occupation par l’armée allemande.
En 1942, mon frère part pour les chantiers de jeunesse, au SAPEY (près de Grenoble), puis début 1943, le service du travail obligatoire (STO) étant institué, il refuse de partir et se cache pendant quelques temps, avant de pouvoir reprendre le maquis, ce qui n’était pas une chose aisée.
Peu à peu, la résistance s’organise, mon père a des contacts avec le Pasteur Seignol, et Amédée Tena, il s’engage dans la lutte clandestine. Il est amené rapidement à imprimer des tracts nuitamment, puis des permis de conduire et divers « laissez-passer » nécessaires à la résistance dans la région.
Le 6 juin 1944, le débarquement des Alliés en Normandie est accueilli avec une immense joie. Je me souviens de l’ambiance qui régnait à la maison, j’avais le sentiment que la guerre était finie.
Le 8 juin 1944, au matin, les maquisards armés occupent la ville, mon père sort de la clandestinité et les rejoint ; il est chargé d’organiser le service du ravitaillement dans Valréas, avec transport par camionnettes sur les différentes positions.
À partir de ce moment-là, mon père fait de courtes apparitions à la maison, il est préoccupé et inquiet.
Le samedi 10 juin, mon père demande à ma mère de m’emmener pendant quelques jours à Grillon, dans la famille Boyer, engagée dans la résistance.
Le dimanche 12 juin, nous nous dirigeons vers Grillon, à bicyclette ; nous arrivons à hauteur d’un barrage où les maquisards armés, enthousiastes, échangent quelques mots avec ma mère qui les exhorte à la prudence ; dans le groupe, je reconnais le fils de nos voisins, Alfred Buey.
Tout au long de la journée, il n’est question que de l’occupation de Valréas et de la crainte d’une attaque allemande. Un avion, « le mouchard » survole la région.
Le soir, ma mère, très angoissée, décide d’aller à Valréas dès le lendemain matin. Elle refuse de m’emmener, mais devant mon insistance, accède à ma demande.
Le 12, en fin de matinée, nous partons à bicyclette pour Valréas où nous arrivons vers 12 heures. À ce moment-là, la sirène sonne, nous nous rendons à la Cantine pour retrouver mon père. Et nous voyant, il dit : « vous arrivez au mauvais moment, nous attendons l’ordre de repli. » Il nous fait servir à manger et l’attente se poursuit.
Vers 13 heures, l’ordre de repli, enfin donné, nous montons à l’avant d’une camionnette conduite par Pierre Bouchet, mon père est à l’arrière, faisant la navette entre les véhicules ; la colonne se dirige vers Nyons. Très vite, nous devons opérer un demi-tour, une estafette à moto nous annonçant l’arrivée des Allemands, ; j’ai su plus tard que la moto était conduite par M. Mège (blessé).
Je ne saurais dire le temps qui s’est écoulé avant que la fusillade ne commence ; Pierre Bouchet était descendu du camion, ma mère et moi étions restées dans la cabine, figées par la peur. Pierre Bouchet est revenu vers nous, nous a dit de descendre et de nous sauver. Je suis descendu la première, je me suis engagé dans le fossé bordant la route, courant à demi courbée, je me suis jetée à plat ventre ; ma mère, qui me suivait, s’est couchée sur moi pour me protéger.
Le bruit des tirs était infernal, l’air irrespirable, je pensais que nous allions mourir là.
Soudain, une phrase prononcée en allemand nous fait relever la tête ; un soldat allemand nous mettant en joue avec sa mitraillette nous fit signe de nous relever. Nous n’avions pas le choix ! Il nous fit avancer en direction de Valréas jusqu’à hauteur d’un fossé dans lequel il y avait des prisonniers, parmi eux se trouvait mon père.
Nous sommes restés là pendant des heures, sous un soleil de plomb, avant que l’on nous conduise dans Valréas, au « Portalon », devant la maison Autajon. À hauteur du Tivoli, j’avais aperçu un homme mort sur le sol (j’ai su par la suite qu’il s’agissait de Julien Salard.).
Il y avait des Allemands partout, sur des camions, mangeant et riant, prenant des photos.
Peu de temps après, nous avons vu arriver un groupe de jeunes maquisards, attachés en rond, les uns portant des armes autour du cou, les autres, leurs chaussures ; je ne les connaissais pas tous, je me souviens avoir reconnu René Hubert.
Un officier allemand portant de nombreuses décorations s’est approché de ce groupe ; il s’exprimait avec violence, avec des gestes menaçants que je compris aussitôt. J’ai dit à ma mère : « ils vont tuer les jeunes pris les armes à la main, je ne veux pas voir cela ». Je pensais que ceux qui avaient été arrêtés sans armes seraient épargnés. (mon père avait réussi à se débarrasser de son revolver.)
Nous avons vu passer un camion roulant en direction du monument aux Morts, à l’arrière duquel se trouvait mademoiselle Chambon.
Les Allemands ont donné l’ordre aux prisonniers, dont mon père faisait partie, de marcher en direction du monument aux Morts ; mon père s’est alors tourné vers nous et, de la main nous a fait signe de ne pas suivre ; nous avons laissé passer la colonne, mais un soldat allemand fermant la marche nous a intimidé l’ordre de suivre.
À hauteur de la Société Marseillaise se trouvaient des officiers allemands auxquels ma mère s’est adressée, disant : « ma fille est fatiguée, je voudrais m’arrêter un moment. ». À notre grande surprise, l’un des officiers dans un excellent Français, nous rassurant sur le sort de mon père arrêté, précisant : « ils sont conduits à la gendarmerie pour vérifications de leurs papiers, attendez là ».
Nous nous sommes assises sur un banc et avons attendu ; le calme était revenu autour de nous.
Soudain, des coups de feu ont retenti et nous avons tout de suite compris que les Allemands exécutaient les maquisards que nous avions vu arriver. Très vite, d’autres coups de feu éclatèrent, nombreux et presque ininterrompus. C’était l’horreur !
Nous nous sommes avancées vers le café Gachet, une femme était devant l’entrée parlant à un homme qui arrivait du Monument aux Morts. Il était bouleversé, il a dit : « ils les ont tous tués. ». C’est ainsi que nous apprîmes la mort de mon père.
J’ai voulu apporter mon témoignage qui rejoint ceux déjà recueillis. Même 57 ans après cette tragédie, il m’a été extrêmement difficile de le faire.
Juin 2001 – Raymonde d’Isernia

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Jean VILLERET, déporté en 1944 à Natzweiler-Struthof puis Dachau

31 Mai 2024, 16:34pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

 

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Allons enfants... du 12 juin 1944 ! suite

9 Mai 2024, 09:33am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Allons enfants… du 12 juin 1944 !

De nouveaux témoignages apparaissent au fil des années et il est important de les mentionner afin que la mémoire perdure à Valréas.

Contrairement aux récits des résistants, des combattants volontaires ou des survivants du 12 juin 1944, qui ont réussi à être entendus et lus jusqu'à aujourd'hui.

On retrouve également toute cette population réunie sur la place de la mairie, entourée de troupes allemandes armées et de blindés. Certes, pour bon nombre d'entre eux, ils étaient favorables à cette Résistance, sans pour autant s'attendre à devenir des victimes.

Un ordre de repli, dont on s'interroge encore 80 ans après, n'ayant été ni reçu ni appliqué par un groupe de maquisards. Cet oubli a mis en danger la population de Valréas.

Ces adultes et ces enfants se trouvaient sur cette place, et nous ne pouvons pas ignorer ce fait.

Monique VOINET épouse  Yves REIFA, elle avait 7 ans.

Denise EGRISE épouse Yves REIFA, elle avait 9 ans.

Famille REIFA Fernand avec Thérèse TISSOT son épouse et Pierrette RIEFA 8 ans future épouse de Denis EGRISE.

Famille EGRISE Gaston avec Marie Louise Bultez son épouse Denis EGRISE à 9 ans et ses frères et sa sœur ?

Les EGRISE et Les BULTEZ sont d’origine du Nord Pas de Calais arrivés à Valréas comme des réfugiés de la Guerre 14/18 ? Que font les parents Egrise et Bultez quel métier ou activités ?

Famille VOINET D’origine du Jura passé par la Saône et Loire arrivée en 1942 avec leurs six enfants :

Pour tenir une épicerie Casino dans le centre-ville, Rue Saint Antoine ils résident dans les appartements au-dessus, Monique à 7 ans

Et surement Papé Léon RIEFA avec Marie Clémence BASTIDE qui sont retraités et habitent Valréas 32 rue des Cordeliers.

Vous avez des informations sur ce texte, n’hésitez pas à me contacter.

 

 

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80 ans plus tard, on ne peut oublier ceux qui se sont sacrifiés pour notre liberté.

9 Avril 2024, 09:42am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

80 ans plus tard, on ne peut oublier ceux qui se sont sacrifiés pour notre liberté.

Bien des témoignages « fleurissent » au fil des commémorations, mettant en avant leur implication dans cette tragédie du 12 juin 1944, pourtant dans le Livre du 12 juin 1944, édité en 5 éditions de 1981 à 2001, ces témoignages restent absents.

Les derniers rescapés ne sont plus là, pour contredire ou demander de plus amples explications sur ces témoignages, absents en leur présence.

Certes, ils étaient là, le 12 juin 1944, comme toute une population qui a le mérite de témoigner, comme ces résistants et civils qui ont eu la chance d’échapper à la rafle de la troupe allemande.

Par cette chance, pour ceux qui ne l’ont pas eu, ayons dans leurs paroles, 80 ans plus tard, un peu de dignité en soi.

Témoignage de Paul Mancellon en hommage à René Grimaud – Livre du 12 juin 1944

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Valréas, Jean Gontier déporté de 1943 à 1945

5 Avril 2023, 10:26am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

En cette commémoration de la Journée du souvenir des victimes et des héros la déportation, une pensée pour Jean Gontier

Jean GONTIER déporté de 1943 à 1945 (Struthof-Natzwiller / Bergen-Belsen / Neuengamme – matricules 3648/334/26121)

 

Témoignage détenu par l'association :

 

J'AI PLEURÉ TROIS FOIS

 

Mémoires de Jean GONTIER, de 1940 à 1945.                                                                                                                           Déporté du 15 mars 1943 au 3 mai, je suis resté 40 jours TRAVAILLEUR LIBRE au titre du STO, 24 mois DÉPORTÉ

Il y avait à côté de chez nous à VALRÉAS, un petit état major français; après l'armistice en 1940 sont arrivés des militaires Italiens venus désarmer cet état-major; tous les gens du quartier étaient là, humiliés en silence; J'avais 17 ans, j'ai sifflé et injurié ces militaires étrangers, le Capitaine Français est venu me faire taire, mon père m'a fait rentrer à la maison, là, la rage au cœur, J'AI PLEURÉ...

A notre libération du camp de concentration de VOGLEDINE, après le passage de deux Américains est arrivée une jeep avec quatre militaires Français, d'où l'insigne tricolore; J'AI PLEURÉ...

Libéré début mai 1945, rapatrié par avion sanitaire le 5 juin 1945 à notre débarquement au Bourget, voir le sol de la FRANCE, J'AI PLEURÉ...(...)

Le 4 mai 1943, on nous a embarqué dans des camions gardés par des militaires armés en direction d'un camp. C'était le camp de la mort du STRUTHOF NATZVILLER !!!

En rentrant dans le camp nous sommes passés en revue par un officier SS qui faisait des va-et-vient devant nous en hurlant des paroles que nous ne comprenions pas et distribuant des coups de cravache, j'en pris un à travers la figure.

Ma première vision : des squelettes vivants, assis contre une baraque, essayant de casser des cailloux ; un homme un peu mieux loti qui tombait, se relevait en poussant une brouette.

A partir de là, douche, rasage des pieds à la tête, inspection au milieu des coups, des hurlements incompréhensibles des SS, on nous jette des vêtements de prisonniers et une paire de galoches, quant à nos vêtements et nos chaussures, tout, tout nous était enlevé.

De là, on nous transfère dans une baraque-dortoir ; on nous fait un discours en Français dans lequel on nous promettait la mort si o faisait ceci ou si on ne faisait pas cela, etc... après ce discours, avoir vu l'état des hommes qui circulaient dans le camp,je commençais à me poser des questions sur nos chances de survie (mon numéro matricule : 3 6 4 8 ).

Le matin et le soir, les SS procédaient à l'appel dans chaque rang, comptant et recomptant les hommes, distribuant des coups de cravache. A l'appel du matin, il fallait porter tous ceux qui étaient morts la nuit dans les baraques.

Nous avons été affectés à creuser les fondations du futur crématoire ; à cette époque, le crématoire se trouvait à l' extérieur du camp avec la chambre à gaz. Un jour, plusieurs camarades se sont évanouis sur le chantier ; en l'absence des SS, le Kapo (1) a permis à deux ou trois d'entre nous de les secourir ; une fois ranimés, ils ont repris tant bien que mal le travail ; il faut dire que nous étions interdits d'infirmerie.

Une autre fois , le SS qui passait avec son chien a trouvé que le travail n'avançait pas assez vite , il a envoyé le chien qui a mordu cruellement deux déportés. Journellement, nous étions frappés, humiliés et beaucoup mouraient sans soins, à bout de force.

La nourriture était la même dans tous les camps de concentration, mais distribuée différemment ; dans certains camps on donnait la moitié de la ration de pain le matin et l'autre moitié le soir ; dans certains autres, le matin juste la gamelle d'eau chaude noire dite « café » et le soir la ration de pain de la journée qui correspondait à environ 3 centimètres d'épaisseur d'un morceau de sucre, ou d'une cuillère de marmelade, ou rarement une tranche de boudin ou d'un genre de saucisse d'une épaisseur d'environ 3 millimètres, à midi une gamelle de soupe assez claire.

La place d'appel était en haut du camp ; sur cette place, il y avait une potence !

Dans les camps il y a avait une règle : accusé de sabotage, évadé repris, c'était la pendaison.

Pour une faute supposée ou simplement parce qu'un Kapo ou un SS en avait décidé ainsi, nous risquions 25 coups de bâton ou autre sur le dos.

J'ai vu des camarades qui semblaient prédestinés, ils se trouvaient toujours là lorsqu'il y avait des coups à prendre !!!

le 16 mai 1943 , je me trouve avec quelques déportés Français embarqué dans des fourgons cellulaires ; nous devions nous trouver à l'intérieur le double de la contenance maximale ; étant entré un des premiers, je me suis trouvé assis et j'avais la chance d'avoir au dessus de moi la grille d'aération ; nous étions serrés comme des sardines en boite ; j'étais coincé par le poids de ceux qui s'appuyaient sur moi ; on étouffait, certains appelaient au secours ; d'autres, évanouis restaient debout coincés par leurs camarades.

Dans la grande descente qui menait du camp à la gare de RHOBS, notre fourgon perd une roue ; nous voilà arrêtés, empilés, tous ceux qui le peuvent continuent à hurler, à appeler au secours ; pendant cette heure d'attente et d'affolement, un SS a ouvert la porte deux ou trois fois ; la première fois, on a pensé qu'il voulait nous donner un peu d'air, en fait, son intention était de nous faire taire, il frappait à coups de crosse dans le tas, ceux qui se trouvaient à l'entrée ont tous pris !

Nous sommes arrivés au camp de BERGEN BELSEN où nous étions environ 400 ;

j'avais le matricule 334

Le camp de BERGEN, à cette époque, était un vieux camp assez entouré de barbelés non électrifiés, nous occupions 4 baraques qui elles aussi étaient entourées de barbelés, ce qui faisait un petit camp dans un grand. Il y avait à l'entrée le camp SS, séparés par deux rangs de barbelés avec deux portails de barbelés au centre, au fond de la place d'appel il y a avait une auge de 5 ou 6 mètres avec 6 ou 8 robinets d'eau ; c'est là que nous faisions une toilette sommaire.

Nous étions affectés là pour remettre ce camp en état. Ce travail devait durer jusqu'au milieu de l'année 1944, fait de tragédies et de souffrances journalières dont quelques cas ci-après : rassemblement des Français pour l'appel sur une place boueuse ; aller-retour en courant, couché, debout dans la boue et les SS qui tapaient dans le tas, sans retenue ; j'ai pris ce jour là un coup sur la tête et sur le nez, plusieurs sur le dos, j'ai été étourdi pendant un long moment, j'avais le nez en sang !

Rassemblement des Français sur un rang, défile devant un SS, le camarade ROUCOUL qui se trouvait devant moi est retiré du rang, accusé d'avoir dit « merde » au SS, ce qui est complètement faux

. En rentrant le soir, nous le retrouvons à même le sol, les jambes écartées, les bras en croix, torse nu,couvert de bleus et d'hématomes, la tête et le nez enflés, couvert de sang, les yeux blancs. Il est méconnaissable, une bave blanche apparaît au coin des lèvres enflées. Il avait été frappé à coups de pieds et de crosse de fusil. Je pense qu'il ne s'est jamais remis de ses blessures.

Imaginez un tas de sable, des hommes portant une « drague » (genre de brancard avec une caisse au milieu) remplie de sable, aller la vider en courant 25 mètres, revenir en courant, la remplir, un aller-retour infernal avec des SS et des Kapos qui frappaient à tour de bras sur nous jusqu'à ce que nous tombions. Il faut se relever et recommencer jusqu'à épuisement complet ; J'ai vu à cet exercice, un Russe devenir fou !

A côté de ces actes de sadisme il y avait les petits chantiers dans le camp ; nous étions là pour aménager ce camp et installer un réseau sanitaire ; sur ces chantiers le travail était très dur, surtout pour des hommes ayant perdu la moitié de leur capacité (ceux qui étaient encore aptes) . Les coups étaient moins fréquents parce que les SS n'étaient pas là en permanence, mais dés qu'ils apparaissaient, les Kapos hurlaient et frappaient.Un jour j'ai été affecté, avec un Russe, au fond du camp à une baraque qui stockait des vêtements militaires SS, nous devions ranger ces vêtements sur des étagères (au premier abords, j'avais cru trouver un coin de répit) , nous étions gardés par un SS assis sur une table, il nous regardait avec mépris puis, sans raison, il se levait, hurlait comme un fou et nous frappait à coup de cravache, nous menaçait de son revolver ; puis recommençait !

Par chance le 3ème jour j'ai réussi à m'infiltrer dans un autre commando ; considéré comme un blessé, un Kapo indulgent m'a affecté à un tas de planches dont il fallait extraire les clous ; j'ai eu là quelques jours de répit, environ 15 à 20 jours.

Je passe sous silence tous les jours où j'ai été affecté sur les chantiers, à la pelle et à la pioche.(...)

A notre départ du camp de BERGEN-BELSEN, nous avons été remplacés par des familles entières : hommes, femmes, enfants, Juifs Hollandais.

Le 5 février 1944, j'ai été transféré au camp de NEUENGAMME dans la région de HAMBOURG ; j'avais le numéro matricule 26 121 ; j'y suis resté jusqu'au 16 avril 1944.

Ce passage à NEUENGAMME, était d'autant plus dur qu'à la faim, aux mauvais traitements, au travail très dur, s'ajoutait le froid ; certains parlaient de moins 20°.

Par deux fois on nous a fait lever en pleine nuit et tout le camp a défilé devant les cadavres de déportés évadés et repris, le premier était défiguré par les chiens.

J'ai eu dans cet enfer glacial deux passages de chance qui, je pense, m'ont permis de survivre.

Affecté à pousser des wagonnets, mal habillé, sans gant, je me suis retrouvé au bout d'environ quinze jours avec des mains et des doigts enflés, bleus que je ne pouvais plier.

On poussait les wagons avec nos épaules, mettant nos mains sous les vêtements pour essayer de les protéger. Un SS qui passait nous a frappé, injurié et obligé à pousser les wagons avec nos mains.

Le soir, j'ai osé me présenter à l'infirmerie, j'avais les mains gelées ; on m'a passé une pommade noire, entouré les doigts avec des bandages en papier et renvoyé sur le chantier. Il faut dire qu'à l'infirmerie on arrivait à vous faire un minimum de soins pour des blessures légères ; pour des malades ou des cas graves, il n'y avait pratiquement pas de remèdes et l'infirmerie devenait un mouroir pour ceux qui risquaient de provoquer des épidémies ou qui étaient devenus improductifs.

Le lendemain matin, j'étais contraint de me présenter à mon commando de travail ; j’aperçus alors un Kapo qui avait la renommé de ne pas être trop virulent ; je lui montre mes mains, il m'a pris par l'épaule et m'a changé de commando ; c'est là que j'ai eu à NEUENGAMME, ma première par de chance dans cet univers de désolation, de frustration, de mort sans défense ; je me suis retrouvé dans un baraquement où il y avait une majorité d'hommes malades, squelettiques, prés de la mort.

Le travail consistait à faire des tresses avec des bandes de chiffon, travail que je ne pouvais effectuer vu l'état de mes mains ; j'ai passé là quelques jours de repos à l'abri du froid et des mauvais traitements, quoique de temps en temps un SS passe et dans une crise de folie distribuait quelques coups. Puis on m'a renvoyé sur les chantiers.(...)

Le 16 avril 1944, nouveau départ ; transportés en train gardés par des SS, nous arrivons au camp de BEENDORF qui était une annexe ou commando du camp de NEUENGAMME.

Ce camp comprenait deux grands bâtiments en dur, ; on nous a affecté au rez-de-chaussée, le 1er étage étant occupé par des femmes déportées, le deuxième bâtiment a été occupé plus tard par des femmes.

La raison de notre présence à BEENDORF était la construction d'une usine souterraine dans une immense mine de sel ; cette usine devait comprendre 3 étages, le dernier le plus bas était à 400 mètres.

Je m'étais fait un ami à NEUENGAMME, un Lyonnais ROUVIERE. Le jour de notre arrivée, nous avons eu un contact immédiat avec deux jeunes Lyonnais arrivés précédemment, le plus jeune s'appelait PUDEVIGNE, j'ai oublié le nom du second.

Nous étions environ 600 Déportés, Russes, Polonais, Grecs et Français, ces derniers étant les moins nombreux.

Le lendemain matin à 6 heures, rassemblement sous les coups et les hurlements ; une cinquantaine de Déportés travaillant en surface, je me retrouve poussé par les Kapos, dans la masse de ceux qui descendaient à la mine. C'était un véritable bagne où les coups pleuvaient à longueur de journée.

J'étais affecté à une bétonnière, nous étions quatre diminués physiquement ; lorsque le surveillant nous quittait pour aller un peu plus loin, nous profitions de l'occasion pour mélanger au ciment bien plus de sable que la dose prévue.

Après 4 ou 5 jours, je réussi avec astuce à m'infiltrer dans les commandos de surface qui étaient le monopole des RUSSES. En plus de l'avantage d'être en plein air, nous étions moins bousculés et moins frappés ; ceci était dû à la circulation et à la vue des civils Allemands et d'étrangers, dont des STO Français.

Après avoir travaillé quelques jours à la carrière de graviers, j'ai été affecté avec 4 Russes à la gare pour décharger des wagons de briques destinées à la mine. A deux reprises, deux civils dont un Français STO ont réussi à me faire passer un gros morceau de pain que j'ai partagé avec les Russes ; à partir de ce jour là, on n'a plus essayé de m'évincer du commando.

Je ne saurais dire la date exacte, mais un matin nous avons eu la surprise de voir nos gardes SS remplacés par des militaires réservistes réformés de la DCA sauf 4 ou 5 jeunes en repos. Il restait en tant que SS : le Commandant des officiers, sous-officiers, quelques soldats qui n'étaient pas des plus tendre, mais leur rôle était surtout administratif.

Si les mauvais traitements s'étaient radoucis depuis l'arrivée de nos nouveaux gardiens, il n'en restait pas moins que les coups recommençaient de pleuvoir dans les rangs ou sur les chantiers lorsque les SS restants apparaissaient avec la complicité des Kapos et Forharberts par exemple.

  1. Le mot kapo désigne les personnes qui étaient chargées d'encadrer les prisonniers dans les camps de concentration nazi . Les kapos étaient souvent recrutés parmi les prisonniers de droit commun les plus violents ou parmi ceux dont la ruse ou la servilité avait permis de figurer parmi les anciens, en échappant provisoirement aux « charrettes » menant à l'extermination.

 

Note de l'auteur : (en fin de partie)

Vous qui avez lu ces quelques lignes d' un enfer dont on ne peut s'imaginer que cela a existé. Vous qui vous interrogez sur ces hommes maltraités , par d'autres qui n'ont que d'humain, leur enveloppe diabolique , pensez, oui pensez que ces êtres, le maltraité et le diabolique, peuvent resurgir et qui sait déjà exister dans d'autres lieux.

Pensez à réfléchir, pensez à tous ces meurtries dans leurs chairs et leurs âmes, et de tout faire pour que çà ne reviennes pas.

Réfléchissez bien avant de vous prononcer.

Valréas, Jean Gontier déporté de 1943 à 1945

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