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Valréas 12 juin 1944 - 53 fusillés

temoignages

80 ans plus tard, on ne peut oublier ceux qui se sont sacrifiés pour notre liberté.

9 Avril 2024, 09:42am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

80 ans plus tard, on ne peut oublier ceux qui se sont sacrifiés pour notre liberté.

Bien des témoignages « fleurissent » au fil des commémorations, mettant en avant leur implication dans cette tragédie du 12 juin 1944, pourtant dans le Livre du 12 juin 1944, édité en 5 éditions de 1981 à 2001, ces témoignages restent absents.

Les derniers rescapés ne sont plus là, pour contredire ou demander de plus amples explications sur ces témoignages, absents en leur présence.

Certes, ils étaient là, le 12 juin 1944, comme toute une population qui a le mérite de témoigner, comme ces résistants et civils qui ont eu la chance d’échapper à la rafle de la troupe allemande.

Par cette chance, pour ceux qui ne l’ont pas eu, ayons dans leurs paroles, 80 ans plus tard, un peu de dignité en soi.

Témoignage de Paul Mancellon en hommage à René Grimaud – Livre du 12 juin 1944

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Valréas, Jean Gontier déporté de 1943 à 1945

5 Avril 2023, 10:26am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

En cette commémoration de la Journée du souvenir des victimes et des héros la déportation, une pensée pour Jean Gontier

Jean GONTIER déporté de 1943 à 1945 (Struthof-Natzwiller / Bergen-Belsen / Neuengamme – matricules 3648/334/26121)

 

Témoignage détenu par l'association :

 

J'AI PLEURÉ TROIS FOIS

 

Mémoires de Jean GONTIER, de 1940 à 1945.                                                                                                                           Déporté du 15 mars 1943 au 3 mai, je suis resté 40 jours TRAVAILLEUR LIBRE au titre du STO, 24 mois DÉPORTÉ

Il y avait à côté de chez nous à VALRÉAS, un petit état major français; après l'armistice en 1940 sont arrivés des militaires Italiens venus désarmer cet état-major; tous les gens du quartier étaient là, humiliés en silence; J'avais 17 ans, j'ai sifflé et injurié ces militaires étrangers, le Capitaine Français est venu me faire taire, mon père m'a fait rentrer à la maison, là, la rage au cœur, J'AI PLEURÉ...

A notre libération du camp de concentration de VOGLEDINE, après le passage de deux Américains est arrivée une jeep avec quatre militaires Français, d'où l'insigne tricolore; J'AI PLEURÉ...

Libéré début mai 1945, rapatrié par avion sanitaire le 5 juin 1945 à notre débarquement au Bourget, voir le sol de la FRANCE, J'AI PLEURÉ...(...)

Le 4 mai 1943, on nous a embarqué dans des camions gardés par des militaires armés en direction d'un camp. C'était le camp de la mort du STRUTHOF NATZVILLER !!!

En rentrant dans le camp nous sommes passés en revue par un officier SS qui faisait des va-et-vient devant nous en hurlant des paroles que nous ne comprenions pas et distribuant des coups de cravache, j'en pris un à travers la figure.

Ma première vision : des squelettes vivants, assis contre une baraque, essayant de casser des cailloux ; un homme un peu mieux loti qui tombait, se relevait en poussant une brouette.

A partir de là, douche, rasage des pieds à la tête, inspection au milieu des coups, des hurlements incompréhensibles des SS, on nous jette des vêtements de prisonniers et une paire de galoches, quant à nos vêtements et nos chaussures, tout, tout nous était enlevé.

De là, on nous transfère dans une baraque-dortoir ; on nous fait un discours en Français dans lequel on nous promettait la mort si o faisait ceci ou si on ne faisait pas cela, etc... après ce discours, avoir vu l'état des hommes qui circulaient dans le camp,je commençais à me poser des questions sur nos chances de survie (mon numéro matricule : 3 6 4 8 ).

Le matin et le soir, les SS procédaient à l'appel dans chaque rang, comptant et recomptant les hommes, distribuant des coups de cravache. A l'appel du matin, il fallait porter tous ceux qui étaient morts la nuit dans les baraques.

Nous avons été affectés à creuser les fondations du futur crématoire ; à cette époque, le crématoire se trouvait à l' extérieur du camp avec la chambre à gaz. Un jour, plusieurs camarades se sont évanouis sur le chantier ; en l'absence des SS, le Kapo (1) a permis à deux ou trois d'entre nous de les secourir ; une fois ranimés, ils ont repris tant bien que mal le travail ; il faut dire que nous étions interdits d'infirmerie.

Une autre fois , le SS qui passait avec son chien a trouvé que le travail n'avançait pas assez vite , il a envoyé le chien qui a mordu cruellement deux déportés. Journellement, nous étions frappés, humiliés et beaucoup mouraient sans soins, à bout de force.

La nourriture était la même dans tous les camps de concentration, mais distribuée différemment ; dans certains camps on donnait la moitié de la ration de pain le matin et l'autre moitié le soir ; dans certains autres, le matin juste la gamelle d'eau chaude noire dite « café » et le soir la ration de pain de la journée qui correspondait à environ 3 centimètres d'épaisseur d'un morceau de sucre, ou d'une cuillère de marmelade, ou rarement une tranche de boudin ou d'un genre de saucisse d'une épaisseur d'environ 3 millimètres, à midi une gamelle de soupe assez claire.

La place d'appel était en haut du camp ; sur cette place, il y avait une potence !

Dans les camps il y a avait une règle : accusé de sabotage, évadé repris, c'était la pendaison.

Pour une faute supposée ou simplement parce qu'un Kapo ou un SS en avait décidé ainsi, nous risquions 25 coups de bâton ou autre sur le dos.

J'ai vu des camarades qui semblaient prédestinés, ils se trouvaient toujours là lorsqu'il y avait des coups à prendre !!!

le 16 mai 1943 , je me trouve avec quelques déportés Français embarqué dans des fourgons cellulaires ; nous devions nous trouver à l'intérieur le double de la contenance maximale ; étant entré un des premiers, je me suis trouvé assis et j'avais la chance d'avoir au dessus de moi la grille d'aération ; nous étions serrés comme des sardines en boite ; j'étais coincé par le poids de ceux qui s'appuyaient sur moi ; on étouffait, certains appelaient au secours ; d'autres, évanouis restaient debout coincés par leurs camarades.

Dans la grande descente qui menait du camp à la gare de RHOBS, notre fourgon perd une roue ; nous voilà arrêtés, empilés, tous ceux qui le peuvent continuent à hurler, à appeler au secours ; pendant cette heure d'attente et d'affolement, un SS a ouvert la porte deux ou trois fois ; la première fois, on a pensé qu'il voulait nous donner un peu d'air, en fait, son intention était de nous faire taire, il frappait à coups de crosse dans le tas, ceux qui se trouvaient à l'entrée ont tous pris !

Nous sommes arrivés au camp de BERGEN BELSEN où nous étions environ 400 ;

j'avais le matricule 334

Le camp de BERGEN, à cette époque, était un vieux camp assez entouré de barbelés non électrifiés, nous occupions 4 baraques qui elles aussi étaient entourées de barbelés, ce qui faisait un petit camp dans un grand. Il y avait à l'entrée le camp SS, séparés par deux rangs de barbelés avec deux portails de barbelés au centre, au fond de la place d'appel il y a avait une auge de 5 ou 6 mètres avec 6 ou 8 robinets d'eau ; c'est là que nous faisions une toilette sommaire.

Nous étions affectés là pour remettre ce camp en état. Ce travail devait durer jusqu'au milieu de l'année 1944, fait de tragédies et de souffrances journalières dont quelques cas ci-après : rassemblement des Français pour l'appel sur une place boueuse ; aller-retour en courant, couché, debout dans la boue et les SS qui tapaient dans le tas, sans retenue ; j'ai pris ce jour là un coup sur la tête et sur le nez, plusieurs sur le dos, j'ai été étourdi pendant un long moment, j'avais le nez en sang !

Rassemblement des Français sur un rang, défile devant un SS, le camarade ROUCOUL qui se trouvait devant moi est retiré du rang, accusé d'avoir dit « merde » au SS, ce qui est complètement faux

. En rentrant le soir, nous le retrouvons à même le sol, les jambes écartées, les bras en croix, torse nu,couvert de bleus et d'hématomes, la tête et le nez enflés, couvert de sang, les yeux blancs. Il est méconnaissable, une bave blanche apparaît au coin des lèvres enflées. Il avait été frappé à coups de pieds et de crosse de fusil. Je pense qu'il ne s'est jamais remis de ses blessures.

Imaginez un tas de sable, des hommes portant une « drague » (genre de brancard avec une caisse au milieu) remplie de sable, aller la vider en courant 25 mètres, revenir en courant, la remplir, un aller-retour infernal avec des SS et des Kapos qui frappaient à tour de bras sur nous jusqu'à ce que nous tombions. Il faut se relever et recommencer jusqu'à épuisement complet ; J'ai vu à cet exercice, un Russe devenir fou !

A côté de ces actes de sadisme il y avait les petits chantiers dans le camp ; nous étions là pour aménager ce camp et installer un réseau sanitaire ; sur ces chantiers le travail était très dur, surtout pour des hommes ayant perdu la moitié de leur capacité (ceux qui étaient encore aptes) . Les coups étaient moins fréquents parce que les SS n'étaient pas là en permanence, mais dés qu'ils apparaissaient, les Kapos hurlaient et frappaient.Un jour j'ai été affecté, avec un Russe, au fond du camp à une baraque qui stockait des vêtements militaires SS, nous devions ranger ces vêtements sur des étagères (au premier abords, j'avais cru trouver un coin de répit) , nous étions gardés par un SS assis sur une table, il nous regardait avec mépris puis, sans raison, il se levait, hurlait comme un fou et nous frappait à coup de cravache, nous menaçait de son revolver ; puis recommençait !

Par chance le 3ème jour j'ai réussi à m'infiltrer dans un autre commando ; considéré comme un blessé, un Kapo indulgent m'a affecté à un tas de planches dont il fallait extraire les clous ; j'ai eu là quelques jours de répit, environ 15 à 20 jours.

Je passe sous silence tous les jours où j'ai été affecté sur les chantiers, à la pelle et à la pioche.(...)

A notre départ du camp de BERGEN-BELSEN, nous avons été remplacés par des familles entières : hommes, femmes, enfants, Juifs Hollandais.

Le 5 février 1944, j'ai été transféré au camp de NEUENGAMME dans la région de HAMBOURG ; j'avais le numéro matricule 26 121 ; j'y suis resté jusqu'au 16 avril 1944.

Ce passage à NEUENGAMME, était d'autant plus dur qu'à la faim, aux mauvais traitements, au travail très dur, s'ajoutait le froid ; certains parlaient de moins 20°.

Par deux fois on nous a fait lever en pleine nuit et tout le camp a défilé devant les cadavres de déportés évadés et repris, le premier était défiguré par les chiens.

J'ai eu dans cet enfer glacial deux passages de chance qui, je pense, m'ont permis de survivre.

Affecté à pousser des wagonnets, mal habillé, sans gant, je me suis retrouvé au bout d'environ quinze jours avec des mains et des doigts enflés, bleus que je ne pouvais plier.

On poussait les wagons avec nos épaules, mettant nos mains sous les vêtements pour essayer de les protéger. Un SS qui passait nous a frappé, injurié et obligé à pousser les wagons avec nos mains.

Le soir, j'ai osé me présenter à l'infirmerie, j'avais les mains gelées ; on m'a passé une pommade noire, entouré les doigts avec des bandages en papier et renvoyé sur le chantier. Il faut dire qu'à l'infirmerie on arrivait à vous faire un minimum de soins pour des blessures légères ; pour des malades ou des cas graves, il n'y avait pratiquement pas de remèdes et l'infirmerie devenait un mouroir pour ceux qui risquaient de provoquer des épidémies ou qui étaient devenus improductifs.

Le lendemain matin, j'étais contraint de me présenter à mon commando de travail ; j’aperçus alors un Kapo qui avait la renommé de ne pas être trop virulent ; je lui montre mes mains, il m'a pris par l'épaule et m'a changé de commando ; c'est là que j'ai eu à NEUENGAMME, ma première par de chance dans cet univers de désolation, de frustration, de mort sans défense ; je me suis retrouvé dans un baraquement où il y avait une majorité d'hommes malades, squelettiques, prés de la mort.

Le travail consistait à faire des tresses avec des bandes de chiffon, travail que je ne pouvais effectuer vu l'état de mes mains ; j'ai passé là quelques jours de repos à l'abri du froid et des mauvais traitements, quoique de temps en temps un SS passe et dans une crise de folie distribuait quelques coups. Puis on m'a renvoyé sur les chantiers.(...)

Le 16 avril 1944, nouveau départ ; transportés en train gardés par des SS, nous arrivons au camp de BEENDORF qui était une annexe ou commando du camp de NEUENGAMME.

Ce camp comprenait deux grands bâtiments en dur, ; on nous a affecté au rez-de-chaussée, le 1er étage étant occupé par des femmes déportées, le deuxième bâtiment a été occupé plus tard par des femmes.

La raison de notre présence à BEENDORF était la construction d'une usine souterraine dans une immense mine de sel ; cette usine devait comprendre 3 étages, le dernier le plus bas était à 400 mètres.

Je m'étais fait un ami à NEUENGAMME, un Lyonnais ROUVIERE. Le jour de notre arrivée, nous avons eu un contact immédiat avec deux jeunes Lyonnais arrivés précédemment, le plus jeune s'appelait PUDEVIGNE, j'ai oublié le nom du second.

Nous étions environ 600 Déportés, Russes, Polonais, Grecs et Français, ces derniers étant les moins nombreux.

Le lendemain matin à 6 heures, rassemblement sous les coups et les hurlements ; une cinquantaine de Déportés travaillant en surface, je me retrouve poussé par les Kapos, dans la masse de ceux qui descendaient à la mine. C'était un véritable bagne où les coups pleuvaient à longueur de journée.

J'étais affecté à une bétonnière, nous étions quatre diminués physiquement ; lorsque le surveillant nous quittait pour aller un peu plus loin, nous profitions de l'occasion pour mélanger au ciment bien plus de sable que la dose prévue.

Après 4 ou 5 jours, je réussi avec astuce à m'infiltrer dans les commandos de surface qui étaient le monopole des RUSSES. En plus de l'avantage d'être en plein air, nous étions moins bousculés et moins frappés ; ceci était dû à la circulation et à la vue des civils Allemands et d'étrangers, dont des STO Français.

Après avoir travaillé quelques jours à la carrière de graviers, j'ai été affecté avec 4 Russes à la gare pour décharger des wagons de briques destinées à la mine. A deux reprises, deux civils dont un Français STO ont réussi à me faire passer un gros morceau de pain que j'ai partagé avec les Russes ; à partir de ce jour là, on n'a plus essayé de m'évincer du commando.

Je ne saurais dire la date exacte, mais un matin nous avons eu la surprise de voir nos gardes SS remplacés par des militaires réservistes réformés de la DCA sauf 4 ou 5 jeunes en repos. Il restait en tant que SS : le Commandant des officiers, sous-officiers, quelques soldats qui n'étaient pas des plus tendre, mais leur rôle était surtout administratif.

Si les mauvais traitements s'étaient radoucis depuis l'arrivée de nos nouveaux gardiens, il n'en restait pas moins que les coups recommençaient de pleuvoir dans les rangs ou sur les chantiers lorsque les SS restants apparaissaient avec la complicité des Kapos et Forharberts par exemple.

  1. Le mot kapo désigne les personnes qui étaient chargées d'encadrer les prisonniers dans les camps de concentration nazi . Les kapos étaient souvent recrutés parmi les prisonniers de droit commun les plus violents ou parmi ceux dont la ruse ou la servilité avait permis de figurer parmi les anciens, en échappant provisoirement aux « charrettes » menant à l'extermination.

 

Note de l'auteur : (en fin de partie)

Vous qui avez lu ces quelques lignes d' un enfer dont on ne peut s'imaginer que cela a existé. Vous qui vous interrogez sur ces hommes maltraités , par d'autres qui n'ont que d'humain, leur enveloppe diabolique , pensez, oui pensez que ces êtres, le maltraité et le diabolique, peuvent resurgir et qui sait déjà exister dans d'autres lieux.

Pensez à réfléchir, pensez à tous ces meurtries dans leurs chairs et leurs âmes, et de tout faire pour que çà ne reviennes pas.

Réfléchissez bien avant de vous prononcer.

Valréas, Jean Gontier déporté de 1943 à 1945

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Valréas le 12 juin 1944 et le Lieutenant Helmut Demetrio

20 Janvier 2023, 16:46pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Citadelle de Pont-Saint-Esprit, fin avril ou mai 1944. Autour du sous-lieutenant Demetrio, commandant en second de la 8e compagnie, des légionnaires français.

Citadelle de Pont-Saint-Esprit, fin avril ou mai 1944. Autour du sous-lieutenant Demetrio, commandant en second de la 8e compagnie, des légionnaires français.

Helmut Demetrio, Professeur de musique dans un collège en Allemagne année 1958/1959

Helmut Demetrio, Professeur de musique dans un collège en Allemagne année 1958/1959

Helmut Demetrio (le premier en partant de la droite) Année 1958/1959

Helmut Demetrio (le premier en partant de la droite) Année 1958/1959

Le 13 février 1951, s'ouvre devant le tribunal militaire de Marseille, le procès du massacre de Valréas. Parmi les accusés au nombre desquels figurent Schwinn, Sohn et Henrich, Demetrio est seul à comparaître.

Face à ses juges, l'accusé s'en tient à ses déclarations au cours de l'instruction. Il n'est en rien impliqué dans l'exécution, clame-t-il, avant de revenir sur ses faits et gestes à Valréas le 12 juin 1944. Vers 13 heures explique-t-il, son groupe et lui ont été pris à parti par des maquisards alors qu'ils s'apprêtaient à attaquer. A l'issue d'un bref engagement, ils ont capturé 10 à 12 hommes, qu'ils ont emmenés à Valréas et remis à un officier.

Demetrio s'est rendu à l'hôtel de ville sur ordre du capitaine Träger. « Je me suis installé à la mairie, déclare-t-il, et ai reçu une quinzaine de personnes, certaines pour faire des dénonciations.

D'après Demetrio il a entendu des premiers coups de feu alors qu'il se trouvait à la mairie... , de ce fait il ne se trouvait pas sur le lieu de l'exécution.

Pourtant !

Au début de l'instruction, fin 1949, un témoin capital Gehrard Blanck, ex-chef du PZ.Aufkl.-Abt9, dont l'implication dans l'affaire a été écartée, livre plusieurs témoignages embarrassants pour Demetrio. Blanck avait rejoint sa compagnie, stationnée à environ un kilomètre de là, pourdonner l'ordre de départ et traverser la ville. C'est alors qu'il avait constaté, passant à proximité de la maison Clarice (le Mur des fusillés actuellement), que six à huit hommes gisaient à terre. Le « capitaine et le « lieutenant » étaient sur place (parlant ainsi du Lt Demetrio). Par la suite Blanck est revenu sur sa déposition, ne reconnaissant pas Demetrio lors d'une confrontation devant le Capitaine Cruciani du Tribunal militaire.

Mais un détail vestimentaire signalé par Blanck, mentionnant des feuilles de chêne de la division « Brandebourg » que la manche du « lieutenant » surexcité qui réclamait des représailles ne fait que renforcer les soupçons sur Demetrio, même acquitté par la justice. A noter que cette distinction sur les manches « feuilles de chêne » était porté par d'autres unités allemandes, mais aucune autre formation de cahsseurs à Valréas à l’exception de la « Brandebourg » n'était présente.

 

Lors de cette instruction de ces crimes de guerre perpétrés par la 8e Compagnie « Brandebourg » dans le Sud de la France et concernant Valréas, un témoin capital aurait pu être entendu.

 

Extrait d'une lettre datée du 5 octobre 1950

De Jeanine Talmon écrite de Paris à Émile Bouchet, l'un des quatre rescapés du massacre du 12 juin.1944.

(…) Je tiens pourtant à vous préciser une chose que vous ignorez peut-être, car, au moment où cela se passait, vous étiez, hélas, allongé le long de ce mur d'horreur dont le souvenir ne pourra jamais s'effacer en moi. Après vous avoir fusillés sous mes yeux, j'étais en effet devant l'hôtel où les Allemands avaient établi leur P.C. À ce moment-là, je reçus l'ordre d'un officier allemand de monter à la mairie, prévenir que l'on interdit à la population de descendre en direction du lieu d'exécution. Montant donc vers la place de la mairie, j'ai rencontré l'abbé Gertoux à qui je demandais de descendre et de demander l'autorisation de bénir tous ces pauvres corps torturés.

Redescendant au P.C. allemand, monsieur l'abbé vient à moi, le visage défait, me disant que quelques-uns parmi vous remuaient encore et de faire quelque chose. J'ai alors parcouru la longue file de ces 46 corps allongés et n'ai pu constater la chose. Je suis revenue vers les Allemands et ai entrepris de discuter avec un grand lieutenant qui parlait assez bien le français. J'appris alors, ce que beaucoup de Valréassiens n'ont jamais su, les corps devaient être ramassés sur des camions amenés là exprès par les Allemands, menés en campagne et incinérés. Je ne peux vous dire toutes mes pensées, toutes mes angoisses.

J'ai entrepris alors une lutte d'adresse et de mensonges qui a duré près de deux heures. La chance m'a favorisée, car le lieutenant allemand était un frontalier voisin de Belfort (où j'habitais avant la guerre). Connaissant bien le régiment (188ème d'artillerie) où mon mari était capitaine.

L'histoire est ainsi, de témoignages et d'autres oubliés, de persévérance à rechercher ce que d'autres ont occulté par négligence ou par volonté.

Qui était Helmut Demetrio avant d'être un militaire dans l'armée allemande ?


 

Helmut Demetrio est né en Saxe, en 1911. Diplômé de droit, il enseigne les langues et la musique avant son incorporation. Il parle correctement le français.

Nous le retrouvons après guerre, puisque condamné le 10 avril 1951 par le Tribunal militaire de Bordeaux (pour d'autres faits similaires) à 10 ans de réclusion. Il a sans doute été libéré au plus tard au printemps 1953.

Effectivement en 1958/1959 il est présent dans un collège en tant qu'enseignant, professeur de musique, ainsi que bien attablé avec des amis (photos).

Poursuivant nos recherches sur les événements du 12 juin 1944 à Valréas (Vaucluse), nous avons pu lire dans un livre intitulé : The World of Our Childhood – Memories of World War II - La Guerre de notre enfance - Souvenirs de la seconde guerre mondiale de l'auteur Wolfgang W.E. Samuel, le témoignage de la fille de Demetrio Helmut.

Il apparaît dans son témoignage de 7 pages, un passage contestable au vu des pièces que nous détenons et relatées dans le livre Valréas se souvient page 140 « Helmut Demetrio ».

Dans son témoignage Régina Demetrio raconte que son père a été condamné à mort et disgracié à la prison à vie. Totalement faux.

Afin d'étayer mes recherches, je contacte par mail l'historien Karl Heidinger auquel depuis 2004, j'échange divers renseignements sur cette période du 12 juin 1944.

Sa réponse : pour cette nouvelle. Je n'avais pas eu connaissance de ce livre. Il raconte la vie de 27 enfants pendant et juste après la guerre. Sur Regina Demetrio, fille de Helmut Demetrio, ce que je pouvais lire, me suffit. La famille a vécu à Keimsdorf près de Zwickau et a déménagée en avril 1954 à Karlsruhe. Regina raconte que son père a été condamné à mort et disgracié à la prison à vie, c'est faux. 

Voilà l'importance des recherches et de se soucier à comparaître d'autres recherches, d'autres écrits, d'autres témoignages, afin que l'on puisse apporter une vérité au plus juste et non de se contenter d'une première lecture, qui par les années qui passent soit-elle véridique pour l'auteur, mais bien souvent incomplète. On ne refait pas l'histoire, on la consolide.


 

Sources : Livre Sanglante randonnée – Olivier Pigoreau – Recherches Internet – Correspondances Karl Heidinger (Historien)


 

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L'activité des Paysans pendant la période du Maquis

2 Juillet 2022, 14:59pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

 Photographie Famille Mireille Ferlay  -  Émile Ferlay devant la ferme de ses parents, route de Taulignan (26), en 1943. Fusillé le 12 juin 1944 à Valréas (Vse), il avait 19 ans.

Photographie Famille Mireille Ferlay - Émile Ferlay devant la ferme de ses parents, route de Taulignan (26), en 1943. Fusillé le 12 juin 1944 à Valréas (Vse), il avait 19 ans.

N'oublions pas tous ces paysans qui ont ravitaillé les divers maquis, pendant cette période de l'occupation allemande.

Ils hébergeaient et nourrissaient tous ces jeunes réfractaires du service du travail obligatoire (STO) en prenant des risques consi­dérables pour leur famille et eux-mêmes.

Marius Monnier de la Côte, faisait partie de ces nombreux paysans courageux.

Je soussigné Amédée Tena, né le 13 août 1908, à Montségur-sur-Lauzon (Drôme), ex-chef du Secteur « Sud Drôme » de la Résistance Mouvement A.S., expose et atteste ce qui suit : dans mon secteur « Sud Drôme » le mouvement est parti de Valréas et du « Comité directeur » clandestin mis en place par moi-même, dès le début de 1943.

Dans ce comité, M. Groener Jacques était responsable du ravitaillement de nos maquis (Lance, Estelon, Sainte Jalle – 50 réfractaires le 5 mars jusqu'à 245 fin 43). Il a lui-même prospecté les fermes de la région et créé des centres de ramassage : à Saint Paul Trois Châteaux chez Sourdon, à Valréas chez Monnier, à Taulignan chez Gras Louis (arrêté avec sa femme le 20 janvier 1944, mort en déportation)

J'affirme par ce nouveau certificat que Monnier Marius est resté un membre actif et militant de la Résistance depuis le début de 1943 en collectant du ravitaillement (y joignant sa large part gratuitement) et en hébergeant des réfractaires.

Il convoyait lui-même ce ravitaillement toutes les semaines avec son cheval et sa jardinière jusque chez notre ami Louis Gras de Taulignan, qui lui-même la nuit l'acheminait vers les maquis (...)

 

 

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"j'ai fait ce qu'il fallait faire"

16 Mai 2022, 15:30pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Juifs réfugiées à Bollène

 

Témoignage de Rose et Édith , adressé à Floriane Lambert, nièce de la famille Devès (voir La lettre des frères Devès ) Oui, nous sommes des survivants de l'Holocauste. Notre histoire est différente. Nous n'avons pas de numéros tatoués sur les bras, comme la plupart des survivants, mais notre histoire est bien conservée dans nos esprits et nos âmes. Nous allons essayer de vous décrire notre vie durant l'Holocauste, mais parce que depuis le temps a passé, nous allons omettre certains détails.

 

Notre famille vient d'une petite ville en Pologne, Krynki, près de Bialystok. Nos parents sont diplômés de l'école secondaire. Lorsque la Première Guerre mondiale a éclaté, ils ont tout laissé derrière eux et ont couru profondément en Russie, afin d'être loin de la guerre. C'est là que Rose et moi-même sommes nées dans Twer, entre Moscou et Saint-Pétersbourg. Nous sommes retournées en Pologne en 1921 à Lodz, la deuxième plus grande ville de Pologne. Le père était un industriel, une mère au foyer, à la fois très impliqués dans les organisations civiques et charitables. Tous les deux nous ont assistés et nous sommes diplômées de lycées privés, comme les Juifs n'ont pas été acceptés dans les lycées publics. (…)

 

Nous sommes arrivées a Bollène vers la fin de mois de Juin ou au début de Juillet 1940. Avec nous était la famille Sapir, le père, la mère, leur fille Esther et le fils Lutek. (…) Les soldats polonais nous ont suggérés d'essayer d’aller à Bollène dans le sud de la France dans le Vaucluse, comme l'armée polonaise y était stationnée, et les gens étaient très gentils avec eux. Il y avait deux voitures pour deux familles, deux chauffeurs, mais il était nécessaire qu’une personne parle le français. Nous étions avec la famille Sapir , arrivés sains et saufs à Bollène partageant la maison de la famille française Devès louée à Sapir, des gens très gentils et très serviables. (…) Les gens dans le village de Bollène étaient très sympa, même la police étaient très gentilles. Mais le 26 Août 1942, vers 2h30 du matin, le chien a commencé à aboyer . Les gendarmes avaient une ordonnance rendue par le bureau du gouverneur d'Avignon, de tous nous arrêter pour la déportation. Une copie de cette ordonnance est maintenant exposée au Musée de l'Holocauste l'Illinois et de l'éducation Centre à Skokie. (…)

 

Notre hôtesse, Mme Devès, réalise la situation , elle pousse Rose et Esther dans sa chambre et la ferme à clef la porte. Moi, j'ai eu une opération de l’appendicite dix jours avant et j'avais un certificat du docteur qu'on ne peut pas me bouger ou transporter. Le fils de Sapir 16 ans fut pris. Il s'échappera du camp des Milles et entrera dans la clandestinité jusqu'à la libération. Nous avons quitté Bollène en cachette. Rose et Esther en voiture conduite par monsieur Valabregue , madame Sapir et moi, pour nous diriger à Perpignan , pour ensuite passer par les montagnes en Espagne. Le guide qui a pris l'argent et devait nous accompagner dans le passage vers l'Espagne nous a dénoncé. On nous a mis en prison. Heureusement pour nous, car quand nous étions en prison on a déporté toutes les femmes et les enfants du camp de Rivesaltes. Après on nous a transporté au Camp de Gurs. La vie était terrible dans les camps et on avait toujours peur d’être envoyé en Allemagne ou en Pologne et on avait toujours faim. Au mois d'avril 1943 on a fait courir le bruit d'une possibilité d’être libéré du camp avec l’autorisation du Préfet de Vaucluse à Avignon. Mme Devès est allée voir le Préfet et lui a assuré que nous ne serons pas a la charge de l'État. Rose et moi nous fumes libérées du camp de Gurs , le 13 Avril 1943. Nous sommes retournées a Bollène a la maison Devès , mais nous n'avons pas dormi a la maison parce que les Allemands venaient souvent a Bollène. On passait la nuit chez Paulette, son mari était un prisonnier de guerre. Monsieur Devès a construit une sortie derrière la maison , pour que nous puissions nous échapper dans les bois en cas que les allemands viennent nous chercher.

 

Une chose que je peux dire c'est que la famille Devès prend une grande place dans nos cœurs. Je me rappelle pendant notre visite en 1980 a Bollène on a dit à Monsieur Fernand Devès que nous étions venues pour le remercier encore une fois et sa réponse : "j'ai fait ce qu'il fallait faire" il était très modeste"

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Allocution de Charles BORELLO, le 12 juin 1946, Maire de Valréas

20 Avril 2022, 08:49am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

                           Toile peinte(2mx1m5) offerte par Bernard Merle                             à l'association( 2004) 

 

Allocution intégrale prononcée le 12 juin 1946 par Monsieur Charles BORELLO, Maire de Valréas

Père de BORELLO Charles, fusillé le 12 juin 1944 à Valréas

 

Le Secrétaire Général,

Mesdames, Messieurs,

 2 ans se sont écoulés depuis cette horrible journée. Deux ans déjà... Deux ans pas plus...

Je tiens, avant de continuer, à remercier de façon toute particulière, Monsieur le Secrétaire Général remplaçant le Préfet, qui a bien voulu être parmi nous afin de participer plus intimement à la douleur Valréassienne.

Deux ans sont passés depuis notre ultime sacrifice . On pleurait le 12 juin 1944, avec la fierté dans l'âme, car on espérait que le don de vôtre vie rendrait la nôtre plus belle et plus heureuse.

Aujourd'hui, on pleure, tout simplement....

O, vous que nous avons perdus, votre union dans la mort n'a pas servi d'exemple, pas plus aux Français, qu'aux Valréassiens, et n'a été, malheureusement que le point de départ d'ambitions qui se sont réalisées pour quelques uns.

Je ne veux pas faire l'historique de la journée du 12 juin. La population Valréassienne a suffisamment vécu ces heures où les hordes envahissaient la ville, alors que les responsables de sa défense fuyaient dans les bois abandonnant la population.

Mais ils étaient là, eux, face au mur, à attendre leur mort, alors que les grands fautifs de cette affreuse journée étaient à ST PIERRE en train de manger pour vivre, afin que la France ne meurt pas, sans doute...

Oui, chacun a vécu ces heures tragiques de différentes façons. Chacun se les rappelle avec diverses réactions selon ses sentiments, que je ne veux pas juger... Mais je veux toutefois que tous sachent ce que je pense, c'est à dire et chaque Valréassien le sait, que cette entreprise a été une folie, dont la population a payé et paye encore la sanglante facture.

L'occasion m'est donnée d'adresser des félicitations. Je les présente à tous, car tous les Valréassiens présents ont fait leur devoir, selon leurs moyens et leur situation. Leurs noms resteront à jamais gravés dans nos mémoires.

Sur cette pierre de France encore voilée, à côté des noms des victimes du 12 juin le Conseil Municipale a voulu faire figurer les noms de tous ceux qui ont donné leur vie pour la patrie, de tous ceux morts les armes à la main, en captivité, en déportation, en service commandé, de tous ceux, en un mot, victimes de la guerre et du nazisme; de ces deux fléaux qui, conjugués, ont semé pendant 6 ans la ruine et la mort sur le monde.

Chers héros, chers martyrs, pendant 6 ans, vous avez souffert, lutté, et l'un après l'autre, vous avez l'ultime don de votre vie.
Malgré les apparences, je me refuse de croire que votre sacrifice sera vain.

Le bon sens français, reprendra le dessus, et pour l'union de tous, la France redeviendra belle et prospère.

Document : Archives nationales de Paris 72/A9/201 -A.2.II C

 

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Témoignage d'un soldat allemand

5 Février 2022, 18:10pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Témoignage d'un soldat allemand

Ce 12 juin 1944, Valréas subissait les représailles des unités allemandes. Emil Bauer, soldat de la Wehrmacht faisait partie de l’une de ces unités. Il aura été l’un des seuls à reconnaître des actes inqualifiables perpétrés dans cette commune, mais aussi tout au long du parcours sanglant de ces unités qu’ils qualifient certaines de bandits.

Devons-nous occulter son témoignage, qu’il fera parvenir après-guerre à l’association des familles de fusillés de Valréas ? Devons-nous ne pas prendre en compte sa lettre adressée le 06 juin 1969, à Jean DUFFARD, maire de Valréas ?

Il est une histoire qu’elle soit si dramatique, que ceux qui y ont participé ne peuvent par la suite qu’apporter leurs témoignages sincères, même si certains n’ont pu faire autrement que de subir des ordres de guerre sans pour autant être comme d’autres des tortionnaires. Les représailles, massacres, tortures ne peuvent être loin de là, excusés. Malheureusement, pour Valréas et bien d’autres massacres, les « chefs commanditaires » sont passés bien souvent hors des condamnations, seuls quelques sous-fifres ont été condamnés.

D’un autre côté, nous avons aussi des personnes enrôlées dans la Milice, la Gestapo, l’unité Brandebourg et les bons collaborateurs auxquels on ne peut pardonner et pourtant combien se sont glissés à travers de susceptibles condamnations. Mais combien d’autres, femmes ou hommes, ont été condamnés sans un jugement digne ?

Non, nous ne sommes pas à même d’interdire la parole des uns et des autres, si ce n’ait d’essayer de comprendre le pourquoi du comment.

La haine des uns ne doit pas entraîner la haine des autres.

 

Témoignage d’un soldat allemand de la tragédie 12 juin 1944 à Valréas

 

Le soldat Emil BAUER, né le 31 juillet 1914, soldat fantassin dans la 7ème compagnie, 2ème bataillon, 10ème régiment panzer grenadier, 9ème division blindée.

 Cet homme, comme tous les hommes de ces guerres infidèles, appartenait à une division allemande qui s’est vu projeter vers notre ville meurtrie. Son témoignage que nous avons recueilli, serait une confession en soi, un pardon de toutes ces atrocités de nombreux militaires engagés dans cette atrocité de guerre.

« Le soldat ne devait jamais avoir de temps pour lui afin qu’il ne puisse pas avoir  d’idées stupides sur ces guerres insensées »

 J’appartenais à un commando éclaireur. « A Tarascon les commandos éclaireurs durent descendre du train. De là, partait une ligne vers Nîmes. Tel était notre but.

Ici c’était différent de la Russie, ici, on pouvait se faire descendre n’importe où.

Nous faisions des raids contre les Résistants dans la Vallée du Rhône et dans les montagnes. C’était un chapitre triste.

Les principales zones de résistances étaient Valréas et Privas. Là, se trouvaient les principales bases du maquis. A partir de là, ils menaient des attaques contre les troupes allemandes.

Les Départements de l’Ardèche, du Gard, du Vaucluse et de la Drôme garderont éternellement le souvenir effroyable du 10ème Bataillon de Chasseurs.

 Pendant leur trajet, les gars me racontèrent leurs derniers combats.

Comment, ils pouvaient exécuter les prisonniers, qu’ils soient coupables ou non coupables, ou bien piller et incendier les maisons.

C’est pourquoi lors de ce trajet  je ne présageais rien de bon.

 A Valréas, ils avaient rassemblé des jeunes et des moins jeunes. Ils étaient debout ; le visage contre le mur et ils furent fusillés par le 1er bataillon.

Les morts restèrent là, comme une splendide illustration de la culture Nazi !

 Nous étions une foule débauchée. Nous ne faisions jamais de prisonnier, tout le monde était fusillé.

Nos expéditions ressemblaient à des expéditions du diable.

L’effroyable tournée de la 9ème division blindée, dans le Sud de la France était terminée.

Extrait du témoignage du soldat Emil Bauer détenu par l’association des Familles de Fusillés de Valréas (Vse)

 

 

 

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Valréas dans la tourmente de sa position de résistance

23 Janvier 2022, 15:41pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Kiosque et place de la Mairie - Valréas

Kiosque et place de la Mairie - Valréas

En Drôme-Sud, il y a trois points principaux autour desquels s’organisent les maquis F.T.P. : Nyons, Die, et Buis-les-Baronnies

A Nyons, c’est Albin VIHLET qui constitue le premier Comité de Résistance , avec entre autres Maurent Félix, Bayet Henri, Barnouin Falvien, Faure, Buffaven Joseph, sous la présidence du docteur Bourdongle, ainsi que le Pasteur Bonnifas et le curé Correard.

Valréas étant enclavée dans la Drôme, la résistance locale se voit d’être rattachée à celle de Nyons, mais aussi à l’Armée secrète (A.S.) dont le Pasteur Seignol dirige un maquis A.S. sur la montagne de La Lance ainsi que celle du secteur de Montségur/ Lauzon sous le commandement de Tena….. A.S.

De part cette situation géographique, Valréas se voit retirer du département de Vaucluse dans ses engagements de résistance, ce qui par la suite laissera une amertume dans sa reconnaissance d’une ville martyre où 53 de ces enfants, furent fusillés, n’appartenant ni à la Drôme, ni au Vaucluse, laissant bien des cérémonies commémoratives d’une absence d’autorités civiles, comme présents et plus importants au niveau de la Région, du Département, voire d’élus locaux participant aux cérémonies de Sault  dans le Vaucluse ou d’Izon-la-Bruisse dans la Drôme

La venue du Commandant Legrand (de Lassus-Saint-Genies) va changer les rapports entre les groupes F.T.P . et A.S.

Alors que je lui expose (Capitaine Paris FTP), le dispositif mis en place à Buis, arrive Monnier de Valréas, qui vient me demander au nom du Lieutenant Georges, commandant la place, des renforts pour tenir la ville (1)

  • Je regrette, répond Laurent, commandant le 1er régiment Drôme F.T.P.F., mais Valréas ne fait pas partie de mon secteur, de plus, elle est située trop près de la plaine pour qu’une telle éventualité puisse être envisagée avec les moyens dont on dispose. Enfin, ce n’est absolument pas la tactique des F.T.P. basée essentiellement sur la guérilla. Toutefois, j’enverrai une mission de liaison.

Monnier sorti, Laurent me fait remarquer que ce genre de choses risque d’amener des emmerdements (sic).

Dans la soirée, ainsi qu’il avait promis, Laurent désigne une mission pour Valréas . Elle est composée, du Lieutenant Fifi (Fajardot), de Serge, de Renzo, de Claude (Chaze) et de Louis le chauffeur.

Dans l’après-midi (10 juin 1944), la mission Fajardot arrive à Valréas. Claude est envoyé pour prendre le commandement d’un groupe qui tient barrage sur la route d’Orange.

Cependant qu’un autre barrage tenu par le groupe Coulouvrat (A.S.) est mitraillé par deux avions, un des membres du groupe, Roger (Chaiffre), réfugié de Marseille chez Coulouvrat père un paysan des environs et qui a rejoint les F.F.I. la veille, prend le F.M. et tire sur un des avions, debout au milieu de la route. Cette action présentée comme un « acte héroïque » relève plutôt de l’inconscience, incitant évidemment les Allemands à revenir en force.

Dans la journée, Monnier qui jusque-là faisait partie du dispositif A.S. portait un brassard « A.A. » (Armée Alliées), revient avec un nouveau brassard portant le signe F.T.P.F. et réunit un groupe composé de Genot qui en est le chef, Coutton, Veyrenc, Barthelémy Raoul et Antonin, Vard Claudius et Henri, Brocheny, Cheyron, Gaillard et MancellonPierre, Paul et Antonin.

Bouchet qui commande un autre barrage et quelques autres, troqueront leur brassard contre celui des F.T.P.F. Le lendemain 11 juin, Armand prend à nouveau contact avec le Lieutenant Georges.

Le 12 juin, Armand part à moto de Suze-la-Rousse pour avertir le commandement de Valréas de l’arrivée d’une colonne composée de camions et de voitures blindées. Après avoir traversée Bollène, elle se dirige vers Valréas. Au passage il prévient Bouchet qui tient un barrage route de Beaume et se rend au P.C. N’y trouvant pas le Lieutenant Georges il part pour Taulignan où il contacte enfin, sur une position dominant le village. Le Lieutenant Georges et son adjoint le Lieutenant Oudot, décident le repli sur Valréas.

 

(1) Nous comprenons dans cette demande que les effectifs des maquisards est loin d’être en nombre pour tenir les divers barrages de la ville.

 

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Dans cet amas ensanglanté de résistants et d'otages, cinq corps respirent encore.

11 Octobre 2021, 14:04pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Toile Bernard MERLE Offerte à l'association des Familles de Fusillés

Toile Bernard MERLE Offerte à l'association des Familles de Fusillés

Émile Bouchet se trouve dans les dix derniers. Il est attaché à un grand gars qui s'appelle Jean Veyrenc. Lorsque celui-ci s'écroule, touché en pleine nuque, Bouchet est légèrement déséquilibré, au moment même où le S.S. tire sur lui. La balle le frappe sous l'omoplate droite et ressort à la base du cou, du côté droit, faisant une déchirure de quatorze centimètres, mais ne touchant ni la colonne cervicale, ni la trachée, ni le larynx, ni la carotide.

Joseph Coutton, camarade d’Émile Bouchet, n'a pas été tué par la balle qui lui a traversé la tête, ouvrant un trou béant dans son palais. Gratien Soureillat, commerçant ambulant en bois et charbons, pris comme otage, a été atteint de trois balles, une dans l'épaule, deux dans la poitrine, dont aucune mortelle. Auguste Mary, récupérateur de métaux et de chiffons, otage comme Soureillat, a échappé aux projectiles. Son frère Gabriel, auquel il était lié par le poignet a été tué sur le coup et s'est écroulé, l'entraînant dans sa chute. Auguste Mary a perdu connaissance. Quand on le découvre, sous le cadavre de son frère, il n'a aucune égratignure ! Alfred Buey, imprimeur, a pris une balle dans la cuisse. L'artère fémorale sectionnée, il s'est lentement vidé de son sang. Lorsqu'on s'approche de lui, il respire encore faiblement.

En hâte, avec mille précautions, on transporte les cinq survivants dans un garage appartenant à M. Barthélémy. Mais on s'avise soudain que les Allemands ont dû faire leur compte de leurs victimes. (…) Ils seront remplacés par cinq corps d'otage ou résistants tués en ville ou en campagne.

Dès lors, le compte est de nouveau exact, on peut transporter les survivants à l'hôpital. Ils y reçoivent les soins d'un médecin. Pour Alfred Buey, hélas ! Il est trop tard. Il s'éteint doucement. Mais les quatre autres sont sauvés.

Ordres inhumains – Simplicité des obsèques.

 La Municipalité décida qu'une messe basse serait célébrée sur le parvis de l’Église et que les corps seraient transférés au cimentière, la foule étant admise à faire la haie le long du parcours. A 15h arrivait un ordre impératif émanant des autorités allemandes, invitant M. le Maire à surseoir aux obsèques. Elles auraient lieux le 15 juin à 6h30. Il était absolument interdit à la population et même au Conseil Municipal d'y assister. Seuls y étaient autorisés les membres directs de la famille. Les malheureuses victimes étaient assimilées par les boches à de criminels et bafouées jusqu’après leur mort.

Les cercueils furent transportés sur 7 charrettes plates, sans service d'ordre, accompagnés seulement des familles, du Maire et de ses deux adjoints. Dans la journée, malgré la consigne imposée par l'ennemi, les tombes fraîchement couvertes furent ensevelies sous les fleurs et les jours suivants une foule considérable défilait devant elles.

 

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