Ce 12 juin 1944, Valréas subissait les représailles des unités allemandes. Emil Bauer, soldat de la Wehrmacht faisait partie de l’une de ces unités. Il aura été l’un des seuls à reconnaître des actes inqualifiables perpétrés dans cette commune, mais aussi tout au long du parcours sanglant de ces unités qu’ils qualifient certaines de bandits.
Devons-nous occulter son témoignage, qu’il fera parvenir après-guerre à l’association des familles de fusillés de Valréas ? Devons-nous ne pas prendre en compte sa lettre adressée le 06 juin 1969, à Jean DUFFARD, maire de Valréas ?
Il est une histoire qu’elle soit si dramatique, que ceux qui y ont participé ne peuvent par la suite qu’apporter leurs témoignages sincères, même si certains n’ont pu faire autrement que de subir des ordres de guerre sans pour autant être comme d’autres des tortionnaires. Les représailles, massacres, tortures ne peuvent être loin de là, excusés. Malheureusement, pour Valréas et bien d’autres massacres, les « chefs commanditaires » sont passés bien souvent hors des condamnations, seuls quelques sous-fifres ont été condamnés.
D’un autre côté, nous avons aussi des personnes enrôlées dans la Milice, la Gestapo, l’unité Brandebourg et les bons collaborateurs auxquels on ne peut pardonner et pourtant combien se sont glissés à travers de susceptibles condamnations. Mais combien d’autres, femmes ou hommes, ont été condamnés sans un jugement digne ?
Non, nous ne sommes pas à même d’interdire la parole des uns et des autres, si ce n’ait d’essayer de comprendre le pourquoi du comment.
La haine des uns ne doit pas entraîner la haine des autres.
Témoignage d’un soldat allemand de la tragédie 12 juin 1944 à Valréas
Le soldat Emil BAUER, né le 31 juillet 1914, soldat fantassin dans la 7ème compagnie, 2ème bataillon, 10ème régiment panzer grenadier, 9ème division blindée.
Cet homme, comme tous les hommes de ces guerres infidèles, appartenait à une division allemande qui s’est vu projeter vers notre ville meurtrie. Son témoignage que nous avons recueilli, serait une confession en soi, un pardon de toutes ces atrocités de nombreux militaires engagés dans cette atrocité de guerre.
« Le soldat ne devait jamais avoir de temps pour lui afin qu’il ne puisse pas avoir d’idées stupides sur ces guerres insensées »
J’appartenais à un commando éclaireur. « A Tarascon les commandos éclaireurs durent descendre du train. De là, partait une ligne vers Nîmes. Tel était notre but.
Ici c’était différent de la Russie, ici, on pouvait se faire descendre n’importe où.
Nous faisions des raids contre les Résistants dans la Vallée du Rhône et dans les montagnes. C’était un chapitre triste.
Les principales zones de résistances étaient Valréas et Privas. Là, se trouvaient les principales bases du maquis. A partir de là, ils menaient des attaques contre les troupes allemandes.
Les Départements de l’Ardèche, du Gard, du Vaucluse et de la Drôme garderont éternellement le souvenir effroyable du 10ème Bataillon de Chasseurs.
Pendant leur trajet, les gars me racontèrent leurs derniers combats.
Comment, ils pouvaient exécuter les prisonniers, qu’ils soient coupables ou non coupables, ou bien piller et incendier les maisons.
C’est pourquoi lors de ce trajet je ne présageais rien de bon.
A Valréas, ils avaient rassemblé des jeunes et des moins jeunes. Ils étaient debout ; le visage contre le mur et ils furent fusillés par le 1er bataillon.
Les morts restèrent là, comme une splendide illustration de la culture Nazi !
Nous étions une foule débauchée. Nous ne faisions jamais de prisonnier, tout le monde était fusillé.
Nos expéditions ressemblaient à des expéditions du diable.
L’effroyable tournée de la 9ème division blindée, dans le Sud de la France était terminée.
Extrait du témoignage du soldat Emil Bauer détenu par l’association des Familles de Fusillés de Valréas (Vse)