Chant des partisans interdit à Bolléne (Vaucluse)
Valréas 12 juin 1944 - 53 fusillés
L'association créée le 20 novembre 1971 sous la présidence d'Henri Guillard, pour donner suite à la dissolution du Comité du Monument aux Morts créé le 19 décembre 1946, présidée par le docteur Émile Quet, n'a pas failli pendant des années à son engagement à s'interposer, à proposer et à s'indigner s'il le fallait pour défendre les valeurs de ce Mur où 53 personnes ont trouvé affreusement la mort. Ce blog a pour objet de perdurer les événements de la tragédie du 12 juin 1944 à Valréas Vaucluse, où 53 personnes dont 27 résistants et 26 otages ont été fusillés. Mis en ligne par l'association cantonale des familles de fusillés, déportés, internés, résistants, patriotes et amis (AFFDIRPA) affiliée à l'association nationale des familles de fusillés (ANFFMRFA) - Tous les articles peuvent être "copié/collé", sans oublier de mettre la source. Merci
Il y a 68 ans Valréas aurait du cesser de vivre, grâce au courage de son Maire Jules NIEL, la ville fût sauvée, mais ne put malheureusement rien faire pour les 53 fusillés, 27 résistants, 26 civils .
Combien sont-ils ces fusillés, massacrés de cette France occupée ? Combien de villes et villages portent les stigmates de cette effroyable guerre ?
Résistants authentiques, fusillés pour des raisons diverses, ils se battaient contre l'idéologie du nazisme, pour la liberté, la démocratie, le progrès social, un monde débarrassé de tous les racismes. Ils appartenaient à toutes les couches sociales de la population, à toutes les familles de pensée, à tous les engagements. Ils étaient la France dans sa diversité, dressée au fil des jours contre l’oppresseur nazi et ses collaborateurs pétainistes.
La diversité de la Résistance tenait aussi à la variété des origines nationales de ses combattants : ils venaient de partout. Beaucoup avaient fui la dictature de leur pays allié au régime hitlérien.
Des combattants Francs Tireurs Partisans de la Main d’œuvres Immigrés, FTP-MOI fusillés le 21 février 1944, des « étrangers » . Représentant la diversité de la Résistance sur notre sol, ils sont notre fierté.
N'oublions pas toutes ces victimes civiles innocentes :
le 10 juin 1944 Oradour /Glane 644 victimes, dont 191 hommes, 247 femmes et 206 enfants massacrées ou brûlées dans l'Église du village
le 25 août 1944 124 habitants massacrés , la plupart femmes et enfants dans le Village de Maillé dans l' Indre
D'autres massacres se poursuivaient dans des lieux les plus éloignés des villes et villages dont les 16 victimes du Hameau des Crottes à la Bastide de Virac en Ardèche le 4 mars 1944 et la liste sera longue.
N'oublions pas ces imprimeurs de Valréas qui s'engagent dans la résistance en imprimant des tracts , des laisser passer et fausses pièces d'identité entre autre l'imprimeur Louis D'ISERNIA ou l'ouvrier Alfred BUEY tous deux fusillés ce 12 juin 1944.
N'oublions pas les paysans qui sous le risque de représailles hébergeront des réfractaires au Service du Travail Obligatoire, mais aussi des résistants. Ils feront partis du gros ravitaillement des divers Maquis .
A Valréas , Monnier Marius s'est investi parmi tant d'autres dans cette résistance dés le début de l'année 1943. A Montségur Sur lauzon dans la Drôme la famille GILLES où même des armes étaient cachées dans une grotte proche de leur habitation.
N'oublions pas tous ces expulsés, évadés, réfugiés d'Alsace, ceux de la commune de
Wisches dans le Bas Rhin, qui aboutirent dans le Vaucluse , partout où ils pouvaient s'insérer, dont parmi les divers pôles de regroupement : Valréas fût le plus important. Les familles
CHARPENTIER, HERRY, SCHREYECK, OHREL , WEBER et tant d'autres.
Alors, il fallait faire peur, faire taire cette Résistance par des représailles nauséabondes.
Valréas était un obstacle pour les forces allemandes. Pour remonter de la Provence vers la Normandie, elles devaient éviter la nationale le long du Rhône continuellement bombardée. De ce fait l’ordre de nettoyage de Valréas a été donné au groupe de combat « Unger »
Des barrages de résistants sont établis route d'Orange, route de Grillon, route de Baume. Deux avions allemands viennent mitrailler le barrage route de Vinsobres.
Le 12 juin , les Allemands sont signalés , venant de Visan, tout va très vite. La sirène retentit. L'ordre de repli n'étant parvenu aux deux groupes postés route de Baume, l'un commandé par Lucien GENOT et le second par Emile BOUCHET. Les deux groupes sont fait prisonniers.
Ils rejoignent sous des souffrances qui leurs sont infligées , le Portalon où d'autres personnes ont été arrêtées au hasard des fouilles dans la ville et la campagne.
C’est la marche funeste jusqu’à l’alignement devant ce Mur.Derrière eux leurs bourreaux.
Je citerai le témoignage de Jean Louis Chaulot Talmont âgé de 13 ans en 1944, recueilli en décembre 1989.
« Et brusquement , des coups de feu. Les prisonniers qui tombent sont ceux les plus prés de l'entrée de la route d'Orange. Le premier est un homme âgé. Il me semble qu'il porte des vêtements de travail d'agriculteurs, peut-être en velours. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il a un chapeau de feutre sur la tête. Quand il tombe en arrière, le chapeau se met en travers mais reste sur sa tête. L'homme se retourne à plat ventre et tente de se mettre sur les coudes, face aux Allemands, les mains jointes. Presque aussitôt, venant de l'autre côté de la route, un soldat allemand s'approche de lui. D'un coup de pied, il envoie rouler le chapeau au loin, braque son arme sur la tête de l'homme et tire »
Oui, l’exécution était lente, douloureuse, machiavélique,jusqu'aux derniers qui virent tomber leurs camarades.
Avec l'aide de la Croix rouge, des pompiers et volontaires défiant les ordres, ils portreront secours aux rescapés, remplacés par des morts de la campagne. Détachés, attachés, maculés de sang pour les rendre semblables aux autres, c’est une horrible scène, une vision d’enfer, que ces sauveteurs ont le courage d’accomplir. Ils veilleront jusqu’au matin devant ce mur.
C'est la raison pour laquelle les familles de fusillés sont très attachées à la présence de ces deux unités lors de cette cérémonie.
Le combat quotidien de ces résistants préparait l’avenir.
Oui, ils aimaient la vie. Ils n’étaient pas « des terroristes ». Ils voulaient un monde meilleur pour tous. Ils voulaient vivre. Ne les oublions pas et soyons dignes de leur combat.
Je citerai une phrase d'une résistante déportée à Ravensbrück , Yvette LUNDY:
La résistance c'est d'abord un état d'esprit, les actes suivent. Mon idée de la résistance n'était pas de mourir en martyre sur l'autel d'une France libérée, j'avais 20 ans et j'aimais trop la vie pour m'offrir en sacrifice. J'avais plutôt en tête de pourrir la vie de l'occupant autant qu'ils nous la pourrissait.
Alors pour nous génération d'après guerre avec le soutien des ainés, celles et ceux qui étaient présents lors de ces atrocités en tant qu' enfants, adultes, militants, combattants, résistants, nous nous devons de continuer le combat sous d'autres formes soient-elles , contre la xénophobie , le révisionnisme, la pensée unique , contre celles et ceux qui attisent la haine pour accéder au pouvoir, nous amène dans un même état d'esprit de résistance.
Comment pouvons-nous oublier tant d'atrocités au vu d'une idéologie contraire au principe des droits de l'homme, au respect des uns et des autres.
Cette terre de Résistance serait-elle une fois de plus souillée, une fois de plus par des paroles dérivantes, nauséabondes et mensongères.
Aurions-nous la mémoire courte. Tourner la page à ce passé n'est malheureusement pas d'actualité au vu des atrocités qui se passent dans divers lieux de ce monde soit disant humain.
Alors j'en appelle à toutes les consciences, si on laisse dire , on laissera faire.
Je remercie au nom de notre association des Familles de Fusillés, de Déportés, d'Internés, Résistants et Patriotes, les personnalités ici présentent, les représentants ecclésiastiques, les présidents ou représentants des diverses associations civiques, la Gendarmerie, la Police Municipale, le détachement des sapeurs pompiers et les représentants de la Croix Rouge.
Je remercie les portes drapeaux toujours aussi nombreux, les enfants accompagnés de leurs maîtres ou parents, la population Valréassienne et les diverses personnes venant de l’extérieur qui se sont joins à notre souvenir tragique dont un car de l'amicale du souvenir de la Résistance d'Auxerre.
Merci également au Souvenir Français qui depuis 3 ans offre les 53 bougies déposées par les enfants et qui seront allumées ce soir .
Je tiens à excuser Sœur Michèle ALAZARD qui apporte tout son soutien à notre association. , fille de Jean ALAZARD, alias Don José, officier dans l'aviation qui a été un informateur important pour la résistance locale.
Et je voudrai conclure que sur ce Mur qui est devant vous, ce ne sont pas que des noms inscrits représentant des familles de fusillés, mais bien une ville Martyre , que toutes les municipalités qui se sont suivies ont su honorer jusqu'à présent.