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Valréas 12 juin 1944 - 53 fusillés

Témoignage d'un soldat allemand

5 Février 2022, 18:10pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Témoignage d'un soldat allemand

Ce 12 juin 1944, Valréas subissait les représailles des unités allemandes. Emil Bauer, soldat de la Wehrmacht faisait partie de l’une de ces unités. Il aura été l’un des seuls à reconnaître des actes inqualifiables perpétrés dans cette commune, mais aussi tout au long du parcours sanglant de ces unités qu’ils qualifient certaines de bandits.

Devons-nous occulter son témoignage, qu’il fera parvenir après-guerre à l’association des familles de fusillés de Valréas ? Devons-nous ne pas prendre en compte sa lettre adressée le 06 juin 1969, à Jean DUFFARD, maire de Valréas ?

Il est une histoire qu’elle soit si dramatique, que ceux qui y ont participé ne peuvent par la suite qu’apporter leurs témoignages sincères, même si certains n’ont pu faire autrement que de subir des ordres de guerre sans pour autant être comme d’autres des tortionnaires. Les représailles, massacres, tortures ne peuvent être loin de là, excusés. Malheureusement, pour Valréas et bien d’autres massacres, les « chefs commanditaires » sont passés bien souvent hors des condamnations, seuls quelques sous-fifres ont été condamnés.

D’un autre côté, nous avons aussi des personnes enrôlées dans la Milice, la Gestapo, l’unité Brandebourg et les bons collaborateurs auxquels on ne peut pardonner et pourtant combien se sont glissés à travers de susceptibles condamnations. Mais combien d’autres, femmes ou hommes, ont été condamnés sans un jugement digne ?

Non, nous ne sommes pas à même d’interdire la parole des uns et des autres, si ce n’ait d’essayer de comprendre le pourquoi du comment.

La haine des uns ne doit pas entraîner la haine des autres.

 

Témoignage d’un soldat allemand de la tragédie 12 juin 1944 à Valréas

 

Le soldat Emil BAUER, né le 31 juillet 1914, soldat fantassin dans la 7ème compagnie, 2ème bataillon, 10ème régiment panzer grenadier, 9ème division blindée.

 Cet homme, comme tous les hommes de ces guerres infidèles, appartenait à une division allemande qui s’est vu projeter vers notre ville meurtrie. Son témoignage que nous avons recueilli, serait une confession en soi, un pardon de toutes ces atrocités de nombreux militaires engagés dans cette atrocité de guerre.

« Le soldat ne devait jamais avoir de temps pour lui afin qu’il ne puisse pas avoir  d’idées stupides sur ces guerres insensées »

 J’appartenais à un commando éclaireur. « A Tarascon les commandos éclaireurs durent descendre du train. De là, partait une ligne vers Nîmes. Tel était notre but.

Ici c’était différent de la Russie, ici, on pouvait se faire descendre n’importe où.

Nous faisions des raids contre les Résistants dans la Vallée du Rhône et dans les montagnes. C’était un chapitre triste.

Les principales zones de résistances étaient Valréas et Privas. Là, se trouvaient les principales bases du maquis. A partir de là, ils menaient des attaques contre les troupes allemandes.

Les Départements de l’Ardèche, du Gard, du Vaucluse et de la Drôme garderont éternellement le souvenir effroyable du 10ème Bataillon de Chasseurs.

 Pendant leur trajet, les gars me racontèrent leurs derniers combats.

Comment, ils pouvaient exécuter les prisonniers, qu’ils soient coupables ou non coupables, ou bien piller et incendier les maisons.

C’est pourquoi lors de ce trajet  je ne présageais rien de bon.

 A Valréas, ils avaient rassemblé des jeunes et des moins jeunes. Ils étaient debout ; le visage contre le mur et ils furent fusillés par le 1er bataillon.

Les morts restèrent là, comme une splendide illustration de la culture Nazi !

 Nous étions une foule débauchée. Nous ne faisions jamais de prisonnier, tout le monde était fusillé.

Nos expéditions ressemblaient à des expéditions du diable.

L’effroyable tournée de la 9ème division blindée, dans le Sud de la France était terminée.

Extrait du témoignage du soldat Emil Bauer détenu par l’association des Familles de Fusillés de Valréas (Vse)

 

 

 

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On ne vit pas de notre passé, on veut seulement comprendre ce passé  !

5 Février 2022, 17:41pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Demetrio Helmut ( au milieu)

Demetrio Helmut ( au milieu)

De nos recherches, 75 ans plus tard, nous voulons toujours comprendre cet oubli de ceux qui dans un espace de leur vie ont été démoniaques.

Le Lieutenant Demetrio Helmut, jugé par le Tribunal Militaire de Marseille pour les faits de Valréas le 12 juin 1944...........Helmut Demetrio, lieutenant de la 8ème  compagnie (étrangère) du 3ème  régiment de la Division Brandenburg, se trouva le 13 et 14 février 1951 devant la justice militaire à Marseille à cause de sa participation à l’attaque de  Valréas.  Le  chef  d’accusation était  :  «  Arrestation  illégale, séquestrations  arbitraires, assassinats  ». Le procureur réclama la peine capitale. Le tribunal constata que 53 patriotes français furent assassinés avec préméditation à Valréas le 12 juin 1944 par des militaires allemands. Des actes de barbarie n’ont pas été commis pour l’exécution de ces crimes. Le lieutenant Demetrio n’est pas coupable de ces crimes. Le tribunal par 4 voix contre 3 a déclaré Demetrio non coupable de la mort des 13 résistants tués lors de la bataille du barrage routier direction Baume ou lors de l’exécution. Ainsi Demetrio fut relaxé avec une légère majorité des voix. La ville et la population de Valréas réclamèrent vainement une révision de cette relaxe. Dans un procès suivant le 10 avril 1951 à Bordeaux, Demetrio fut condamné à 10 ans d’emprisonnement pour ses méthodes d’interrogation qu’il avait employées dans le bordelais en octobre et novembre 1943. Il ne fit que 9 ans d’emprisonnement.

D'échanges de recherches, et de recherches en recherches, la vie paisible d'un tel homme, comme Demetrio Helmut nous fait comprendre que sa vie après tant d'atrocités, ne l'a de loin traumatisé. Il est né en Saxe, en 1911. Diplômé de droit, il enseigne les langues et la musique avant  son incorporation.  Il parle correctement le français.

On peut s'interroger d'un témoin capital qui aurait pu être entendu devant la justice militaire à Marseille  ; Madame Jeanine Talmon, infirmière en Chef de la Croix-Rouge présente lors de la fusillade à Valréas  : «  La journée du 12 juin 1944 – Témoignage de Mme Jeanine Talmon, Infirmière de la Croix Rouge Internationale (témoignage dans le livre du 12 juin 1944 -53 fusillés à Valréas)

  Extrait  : (…) monsieur Bourba et monsieur Rivière, adjoints au maire viennent alors me chercher, me demandant, de la part de monsieur Niel, de prendre contact avec les autorités allemandes en tant que seule représentante de la Croix Rouge Internationale.  J'accède à cette demande et je me fais accompagner par une de mes infirmières, Mireille Montabaranom.

Les officiers allemands sont assis à la terrasse du Grand Hôtel (Hôtel Tomassin)  : commandant, capitaine, lieutenant. Ce dernier sert d'interprète, parlant français à la perfection. Je suis invitée à présenter les documents qui attestent de mon appartenance à la Croix Rouge et à fournir la liste de la section de Valréas.  »

  (…) «  Je suis revenue vers les Allemands et ai entrepris de discuter avec un grand lieutenant qui parlait assez bien le français. J'appris alors, ce que beaucoup de Valréassiens  n'ont jamais su, les corps devaient être ramassés sur des camions amenés là exprès par les Allemands, menés en campagne et incinérés. Je ne peux vous dire toutes mes pensées, toutes mes angoisses.

J'ai entrepris alors une lutte d'adresse et de mensonges qui a duré près de deux heures. La chance m'a favorisée, car le lieutenant allemand était un frontalier voisin de Belfort (où j'habitais avant la guerre). Connaissant bien le régiment (188ème  d'artillerie) où mon mari était capitaine.  »

  En 2018, nos recherches aboutissent sur deux photographies  que nous découvrons sur Internet. Nous pouvons constater sur la seconde photographie, Demetrio professeur de musique, avec un accordéon dans les mains, photo du collège de 1958/1959 (14 ans plus tard des événements tragiques de 1944) et nous pouvons lire  : «  Les enseignants qui ont façonné nos journées scolaires et façonné notre personnalité à un jeune âge  »

La première photographie montre 5 personnes attablées autour d'une table remplie de bouteilles de bière, dont Demetrio Helmut (festival sportif 1963)

Dernière découverte, et pas des moindres  . Nous apprenons que la ville où était domicilié Demetrio Helmut dans les années 80, était jumelée depuis mars 1982 avec une ville Française, mais le pire c'est que Demetrio faisait parti du Conseil d'Administration de la ville allemande  !!!!

Voilà, celui qui a t'en parcouru les routes de France, ensanglantées, sans gêne, sans remords puisque nous apprenons également que Demetrio a toujours été muet à son domicile sur sa participation de ses actions de guerre en France. Sa fille apprenant «  ses exploits  » lors de la parution (2004) en Allemagne du livre «  Widerstand gegen die Wehrmacht  » sur la tragédie du 12 juin 1944 à Valréas de Karl Heidinger et par la suite de la lecture du journal personnel de son père. (nous aimerions bien le lire)

C'est là que l'on s'aperçoit que ce soit du côté des victimes ou du côté des tortionnaires, le silence était de mise, pour les premiers éviter de partager les peines, pour les seconds effacer leurs ignominies..

 

Michel Reboul

 


 

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Comment la résistance a pu prendre la décision d'occuper Valréas

4 Février 2022, 16:23pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Comment la résistance a pu prendre la décision d'occuper Valréas

Comment la résistance a pu prendre la décision d'occuper Valréas dans des conditions et à cette date ?

Voilà des interrogations qui nous laisse nous même dans l'attente des questions que nous nous posons et qui risquent de rester sans réponse, si ce ne sont que des déductions, que nous ne pourrons affirmer.

Dans cette lettre du 11 décembre 1989 adressée à Joseph Coutton, Jean-Louis Talmon, se pose beaucoup de questions sur cette journée du 12 juin 1944, où il n'avait que 5 ans et était présent avec sa mère Jeannine Talmon, responsable de la Croix-Rouge Française à Valréas.

« Mais tout de même, en évoquant de nouveau tout cela me vient de nouveau à l'esprit les mêmes questions lancinantes.

Comment la résistance a pu prendre la décision d'occuper Valréas dans des conditions et à cette date... ! 2 jours après le débarquement en Normandie ! C'est à dire alors que le monstre allemand était à peine égratigné et qu'on ne savait pas si les alliés n'allaient pas être rejetés à la mer. Et, comment imaginer entraver valablement les mouvements allemands, si c'est de cela qu'il s'agissait, avec quelques armes légères.

Même en tenant compte de l'euphorie du moment, on imagine mal comment une telle imprudence a pu être commise.

 

Et, deuxième interrogation : comment se fait-il que le repli n'ait concerné tous les partisans engagés mais, semble-t-il, seulement les FFI. Mauvaise transmission d'ordres ? Dualité (1) de commandement assortie d'une divergence d'analyse de la situation ? Mais comment quelqu'un pouvait penser que des barricades, même surmontées de fusils mitrailleurs, pourraient faire autre chose que tenir quelques dizaines de minutes, au mieux, devant des blindés.

Cette action n'aura-t-elle pas été plus efficace plus tard, lors du débarquement en Provence ?

Entendons-nous bien : il ne s'agit pas de diminuer le mérite de ceux qui y ont cru et y sont restés ou ont failli y rester, mais de s'interroger sur les véritables motivations, et/ou compétences des dirigeants de l'affaire.

Et puis, quel a été le rôle de ces civils arrivés avec les allemands et qui ressemblaient fort, parait-il, à des hommes de la Gestapo ? Qui étaient les deux civils que ma mère a vus, apparemment prisonniers dans un camion bâché stationnant contre le monument aux morts, peu avant que celui ne reprenne la route avec les allemands ?

Pourquoi les FFI ont-ils emmenés les personnes citées par le Maire ? Que sont-elles devenues ? Une situation irréversible n'était-elle pas créée dès cet instant ?

S'est-on posé des questions de ce genre ? Et, si oui, quelles réponses a-t-on trouvé ? »

En se référant sur le témoignage de Joseph Coutton dans le livre 12 Juin 1944 à Valréas– 5ème édition, il est évident que nous pouvons nous interroger sur cette occupation !

Témoignage de Joseph Coutton

 Le dimanche 11 juin vers 17 heures ( ?) Don José se présente au contrôle établi route de Baume, demande à parler Le dimanche 11 juin vers 17 heures ( ?) Don José  se présente au contrôle établi route de Baume, demande à parler

Lucien demande un volontaire et, m’étant présenté, je pars immédiatement au P.C.

Là, je demande un responsable et Louis Clarice prend le message. J’avais moi-même insisté pour être sûr que je remettais à un responsable – ce qui nous a amené à prendre connaissance de ce message qui était, de mémoire, établi comme suit :

 « Je considère que l’occupation de Valréas par la Résistance est prématuré. Les Allemands disposent encore dans la région de forces importantes et se livrent à des représailles terribles partout où ils le peuvent  donner suite à des opérations F.F.I. – Au cas où vous recevriez un ordre de repli, exécutez-le immédiatement. Quant à moi je vais mettre ma famille à l’abri. » Signé Don José

A la lecture de ce message Clarice et moi-même avons considéré le message comme très juste et évident.


(1) Dans la nuit ceux-ci commencent à déménager une partie du matériel, des munitions, des provisions, qu'ils emportent à Bouvières, à 649 mètres d'altitude, dans la haute vallée du Roubion

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Musée de la Résistance en Drôme, plus de 26000 signatures

28 Janvier 2022, 12:38pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Musée de la Résistance en Drôme, plus de 26000 signatures

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Le dernier résistant tricastin n'est plu

27 Janvier 2022, 10:00am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

La Tribune du jeudi 27 janvier 2022

La Tribune du jeudi 27 janvier 2022

Archives Mémoires des hommes

Archives Mémoires des hommes

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Cérémonie du 12 juin 1944 à Valréas

26 Janvier 2022, 11:02am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Dans ce film, plusieurs cérémonies sont mises en photos, qu'il pleuve, vente, ou sous une chaleur torride , la présence des autorités civiles et militaires, nos pompiers, associations patriotiques avec leur porte drapeau, la population et les enfants des écoles nous démontrent chaque année (avec une restriction de participants le 12 juin 2020, la raison de ce montage) que le souvenir perdure.

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12 juin 1944 à Valréas de documents en témoignages

25 Janvier 2022, 18:18pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

12 juin 1944 à Valréas de documents en témoignages

En avant ! F.F.I.

Hebdomadaire des Forces Française  de l’Intérieur de la Région Drômoise

 

Dans cet article, non daté, nous pouvons remarquer que  certains paragraphes sont « glorieusement » utopiques et seul son auteur peut s’en vanter, bien dommage d’extrapoler certains passages de cette tragédie.

Le 8 juin, à 5 heures, Valréas est occupé sans résistance.

La population enthousiasme, reçoit chaleureusement les libérateurs  et la résistance s’organise. Les approches de la ville sont « minées », les armes sortent des dépôts clandestins où certains patriotes les avaient camouflés au péril de leur vie et malgré l’activité incessante de la Gestapo et de la Milice. "Ces armes sont distribuées à la population, et la volonté de chasser l’ennemi et telle que l’on peut voir des jeunes gens de 16 ans venir à la Mairie réclamer une arme…"  

Note : Les armes ont bien été distribuées le 8 juin au matin. Michel Coulouvrat responsable A.S. , participe à la distribution d’armes organisée au cabanon de la route de Taulignan en présence de Maruis Gras et des différents chefs de groupes accompagnés de volontaires. Livre 12 Juin 1944 – 53 fusillés page 35 – L’occupation de Valréas

A midi, la sirène donne l’ordre de repli, et les postes décrochent, connaissant la signification de l’appel. Par contre, « le barrage de la route de Baumes ignore ce signal et continue sa faction. »

Note : On connait la suite tragique – Lecture des divers témoignages dans le livre du 12 Juin 1944 – 53 fusillés à Valréas – Nous sommes étonnés que cet ordre de repli ne soit connu du barrage de la route de Baumes, où alors il est probable au vu de divers témoignages que cet ordre n’a pas été exécuté par les chefs de groupe du barrage de la route de Baumes, entre autres André Roger Chaiffre alias « Roger »( ?)

 

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"Georges" applique l'ordre d’Alain d'occuper Valréas et Taulignan

25 Janvier 2022, 09:36am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

"Georges" applique l'ordre d’Alain d'occuper Valréas et Taulignan

Pierre Rigaud, avec d'autres officiers du 25e BCA (Bataillon de chasseurs alpins), auquel il avait été affecté antérieurement, il participe à une tentative de reconstitution clandestine de ce bataillon. « Si je suis capturé, prenez contact avec la Résistance locale ! », avait dit le chef du réseau avant son arrestation... C'est cette voie que Pierre Rigaud suit : il rencontre les chefs locaux de l'AS Drôme, dont de Lassus Saint-Geniès ("Legrand"). Pierre Rigaud devient alors "Georges", chef militaire de la Drôme méridionale.

Nous avons vu qu’il n’intervient pas en terrain vierge ; il prend contact avec l'organisation de Résistance qui, depuis 1942, œuvre dans la région sous l'impulsion de quelques patriotes. Parmi eux, Amédée Tena est industriel à Montségur (Drôme) ; Louis et Marius Gras sont deux agriculteurs ; Clarice, ancien de la Guerre d'Espagne et sans doute lié à un réseau allié par l'intermédiaire de la Suisse ; Louis Bazzini est transporteur – « dont l'enthousiasme voire la témérité font merveille ». Amédée Téna, appartenant à une famille d'origine suisse, entretient des contacts avec des réseaux alliés, ce qui permet aux maquisards du canton de Valréas de recevoir des armes parachutées à Comps (Drôme), dès 1943.

C'est dans cet environnement favorable que "Georges" va rechercher et recruter des volontaires dispersés. Il faut ensuite leur donner une formation, notamment sur les armements de provenance anglo-saxonne : c'est un travail de patience et de discrétion. Il apprécie l'aide que lui apportent des sous-officiers démobilisés de l'Armée d'armistice ainsi que des gendarmes de son secteur .(…)

À partir du 6 juin 1944, le début de ce qui va être la bataille de Normandie, « le signal d\'insurrection » donné par les messages de Londres déclenche, partout en France, la manifestation des organisations de la Résistance. Une réelle effervescence se propage dans l'Enclave, à proximité et au-delà. Dans les zones dites « libérées », comme le Diois et le Nyonsais, où les Allemands ne se sont manifestés que par des incursions limitées, la Résistance civile apparaît au grand jour (Buis-les-Baronnies, par exemple, est libérée le 7 ou le 8 juin, et le demeurera d\'ailleurs définitivement). Mais, dans la vallée du Rhône, axe stratégique pour les forces allemandes, et les zones proches, comme l'enclave de Valréas, il en va tout autrement.

Quoi qu'il en soit, "Georges" applique l'ordre d’Alain d'occuper Valréas et Taulignan, les FTP (Francs-Tireurs et partisans) faisant de même. La cité de Valréas se libère dans l'allégresse les 7 et 8. Mais la contre-attaque allemande, le 12 juin, aboutit à l'écrasement des forces résistantes ; environ 71 morts du côté français sont à déplorer dans les communes du secteur.

À la suite de l'attaque allemande du 12 juin, Pierre Rigaud se met au vert avec quelques camarades de combat, à Rieutord (Ardèche), jusqu'au 10 juillet. Il pense à reconstituer sa compagnie afin de poursuivre la lutte. Il s'y consacre dès le départ de l'ennemi du pays de Valréas et Taulignan, aidé par Marius Gras et par Clarice. L'effectif atteint environ 200 hommes dont un groupe de réception de parachutages d'une cinquantaine. On s'arme, on s'entraîne, avec l'aide des gendarmes. Pierre Rigaud aguerrit son unité, en « évitant soigneusement tout affrontement classique, qui n'aurait conduit qu'à un échec sanglant ». C’est dans cette période que les lignes téléphoniques à grandes distances sont attaquées, et que, précisément dans la nuit du 11 au 12 août, se situe la destruction du pont sur la voie ferrée au nord de Pierrelatte, pendant que les maquis de l'Ardèche en font autant sur la rive ouest du Rhône. Une autre équipe décroche un wagon de sucre à Pierrelatte, le vide de son contenu qu'il distribue aux unités du sud de la Drôme, etc.

Après le 15 août 1944 (débarquement de Méditerranée), l'unité de Pierre Rigaud devient la 8e compagnie du 4e bataillon AS Sud-Drôme sous les ordres du commandant Bernard. Elle participera, avec ce bataillon, à la réduction de la poche de Montélimar, servant d'unité d’accompagnement à un élément blindé de la Task-Force Butler. Dès le 20 août, elle s'installe au lieu-dit Le Bridon avant de progresser sur l'axe Dieulefit-Montélimar.

Source : Musée de la Résistance en ligne – Claude Seyve – Michel Seyve

 

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Valréas dans la tourmente de sa position de résistance

23 Janvier 2022, 15:41pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

Kiosque et place de la Mairie - Valréas

Kiosque et place de la Mairie - Valréas

En Drôme-Sud, il y a trois points principaux autour desquels s’organisent les maquis F.T.P. : Nyons, Die, et Buis-les-Baronnies

A Nyons, c’est Albin VIHLET qui constitue le premier Comité de Résistance , avec entre autres Maurent Félix, Bayet Henri, Barnouin Falvien, Faure, Buffaven Joseph, sous la présidence du docteur Bourdongle, ainsi que le Pasteur Bonnifas et le curé Correard.

Valréas étant enclavée dans la Drôme, la résistance locale se voit d’être rattachée à celle de Nyons, mais aussi à l’Armée secrète (A.S.) dont le Pasteur Seignol dirige un maquis A.S. sur la montagne de La Lance ainsi que celle du secteur de Montségur/ Lauzon sous le commandement de Tena….. A.S.

De part cette situation géographique, Valréas se voit retirer du département de Vaucluse dans ses engagements de résistance, ce qui par la suite laissera une amertume dans sa reconnaissance d’une ville martyre où 53 de ces enfants, furent fusillés, n’appartenant ni à la Drôme, ni au Vaucluse, laissant bien des cérémonies commémoratives d’une absence d’autorités civiles, comme présents et plus importants au niveau de la Région, du Département, voire d’élus locaux participant aux cérémonies de Sault  dans le Vaucluse ou d’Izon-la-Bruisse dans la Drôme

La venue du Commandant Legrand (de Lassus-Saint-Genies) va changer les rapports entre les groupes F.T.P . et A.S.

Alors que je lui expose (Capitaine Paris FTP), le dispositif mis en place à Buis, arrive Monnier de Valréas, qui vient me demander au nom du Lieutenant Georges, commandant la place, des renforts pour tenir la ville (1)

  • Je regrette, répond Laurent, commandant le 1er régiment Drôme F.T.P.F., mais Valréas ne fait pas partie de mon secteur, de plus, elle est située trop près de la plaine pour qu’une telle éventualité puisse être envisagée avec les moyens dont on dispose. Enfin, ce n’est absolument pas la tactique des F.T.P. basée essentiellement sur la guérilla. Toutefois, j’enverrai une mission de liaison.

Monnier sorti, Laurent me fait remarquer que ce genre de choses risque d’amener des emmerdements (sic).

Dans la soirée, ainsi qu’il avait promis, Laurent désigne une mission pour Valréas . Elle est composée, du Lieutenant Fifi (Fajardot), de Serge, de Renzo, de Claude (Chaze) et de Louis le chauffeur.

Dans l’après-midi (10 juin 1944), la mission Fajardot arrive à Valréas. Claude est envoyé pour prendre le commandement d’un groupe qui tient barrage sur la route d’Orange.

Cependant qu’un autre barrage tenu par le groupe Coulouvrat (A.S.) est mitraillé par deux avions, un des membres du groupe, Roger (Chaiffre), réfugié de Marseille chez Coulouvrat père un paysan des environs et qui a rejoint les F.F.I. la veille, prend le F.M. et tire sur un des avions, debout au milieu de la route. Cette action présentée comme un « acte héroïque » relève plutôt de l’inconscience, incitant évidemment les Allemands à revenir en force.

Dans la journée, Monnier qui jusque-là faisait partie du dispositif A.S. portait un brassard « A.A. » (Armée Alliées), revient avec un nouveau brassard portant le signe F.T.P.F. et réunit un groupe composé de Genot qui en est le chef, Coutton, Veyrenc, Barthelémy Raoul et Antonin, Vard Claudius et Henri, Brocheny, Cheyron, Gaillard et MancellonPierre, Paul et Antonin.

Bouchet qui commande un autre barrage et quelques autres, troqueront leur brassard contre celui des F.T.P.F. Le lendemain 11 juin, Armand prend à nouveau contact avec le Lieutenant Georges.

Le 12 juin, Armand part à moto de Suze-la-Rousse pour avertir le commandement de Valréas de l’arrivée d’une colonne composée de camions et de voitures blindées. Après avoir traversée Bollène, elle se dirige vers Valréas. Au passage il prévient Bouchet qui tient un barrage route de Beaume et se rend au P.C. N’y trouvant pas le Lieutenant Georges il part pour Taulignan où il contacte enfin, sur une position dominant le village. Le Lieutenant Georges et son adjoint le Lieutenant Oudot, décident le repli sur Valréas.

 

(1) Nous comprenons dans cette demande que les effectifs des maquisards est loin d’être en nombre pour tenir les divers barrages de la ville.

 

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