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Valréas 12 juin 1944 - 53 fusillés

12 juin 1944 à Valréas-Widerstand gegen die Wehrmacht

31 Mai 2012, 15:51pm

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

 Livre : Widerstand gegen die Wehrmacht

  

LIVRE DE KARL HEIDINGER0001Karl Heidinger et Gérard Rossi                                                                                       6.12.2003

 

Résumé

(Sur les événements du 12 juin 1944 à Valréas)

 

Au 6 juin 1944 les Alliés débarquèrent en Normandie. De Londres arriva l’ordre d’un soulèvement général en France. Deux jours après, un groupe de résistants entra dans Valréas. Le but principal de l’occupation de Valréas et d’autres lieux de la vallée du Rhône était de couvrir la mobilisation générale et le soulèvement général dans la zone Est montagneuse du département en créant un point de fixation pour les forces d’occupation.

Le chef régional de l’armée secrète (AS) le commandant « Alain » (Pierre Reynaud) délégua le commandement militaire sur Valréas au lieutenant « Georges » (Pierre Rigaud). L’autorité civile était exercée par Marius Gras et Louis Clarice, responsable de l’AS pour Valréas et environ. Une rivalité existait entre les forces Gaullistes, l’AS et la résistance communiste FTPF.

Les résistants prirent possession de la poste, la mairie et s’emparèrent des armes de la gendarmerie. Les lignes téléphoniques furent coupées, les collaborateurs et les miliciens, arrêtés. Des barricades furent dressées autour de Valréas en vue de résister. Dans un élan général, beaucoup de jeunes gens de Valréas, se joignent aux résistants.

La possibilité d’un repli en cas d’attaque allemande fut envisagée. Mais « Roger » (André Chaiffre) lieutenant de la FTPF, se prononce contre l’idée d’un repli et veut engager le combat avec son groupe. Au 12 juin, les Allemands attaquent et un ordre de repli est donné aux groupes de résistants. Cet ordre de repli n’est jamais parvenu aux deux groupes des FTPF, installées à la barricade de la route de Baume. Les anciens résistants expliquent ce fait que l’agent de la Gestapo Roger Ferrant, qui s’était infiltré les rangs de la résistance à Valréas, avait détourné l’ordre de repli. Une autre explication: Peut-être ces deux groupes ont été tout simplerment oublié suite à la confusion régnant au poste de commandement lors de l’attaque allemande.

Valréas était un obstacle pour les forces allemandes. Pour remonter de la Provence vers la Normandie, elles devaient éviter la nationale le long du Rhône continuellement bombardée. De ce fait l’ordre de nettoyage de Valréas a été donné au groupe de combat « Unger »

·        Le noyau de ce groupe de combat se composait de 3 compagnies du 2me bataillon du 10me régiment de Panzergrenadiers de la 9me Panzerdivision. En tout, 13 officiers, 166 sous-officiers et 653 soldats. Parmi eux se trouvait le soldat Emil Bauer de la 7me compagnie. La 9me Panzerdivision stationnait pour repos en France du sud de mai à juillet 1944 suite à de sévères pertes sur le front russe. Pour l’attaque de Valréas le groupe de combat « Unger » fut appuyé par :

·        Une compagnie de vehicules blindés composée de 32 chars et deux chars de reconnaissance appartenant à la 9me section de reconnaissance de la 9me Panzerdivision, sous le commandement du capitaine Gerhard Blank.

·        Un groupe de la 8me compagnie (légionnaires) du 3me régiment de la division Brandenburg avec les interprètes nécessaires aux interrogatoires. Groupe placé sous le commandement du chef de compagnie le commandant Träger et le chef de groupe le lieutenant Demetrio, entre 25 et 30 hommes en somme. Les noms de 9 de ces hommes qui se trouvaient à Valréas le 12 juin 1944 sont connus.

·        Des Feldgendarmes de Montélimar accompagnés de 250 jeunes gens du service des travailleurs du Reich également stationnés à Montélimar. On confie au groupe de mitrailleuse lourde du soldat Emil Bauer un détachement de ces jeunes fanatiques qui ont moins de 20 ans.

·        Une section, cent hommes environ, du 200ème  régiment de sécurité stationné à Livron, sous le commandement d’un lieutenant. Ce régiment appartenait à l’escadrille de combat 200, une unité spéciale de la Luftwaffe. Pour combattre les résistants du Vercors elle avait organisé le parachutage spécial le 21.07.1944 à Vassieux.

 

Dans la marche d’approche vers Valréas, à Taulignan eurent lieu les premiers incidents impliquant le groupe d’Emil Bauer. Avec comme conséquence, 13 tués parmi les résistants et les civils plus 5 prisonniers fusillés ultérieurement.

En fin de matinée du 12 juin, Valréas était encerclée. Mais la plus grande part des résistants avait pu fuir. Une partie des résistants ensemble avec les personnels des cantines, des bureaux et des gendarmes voulait fuir avec un convoi de plusieurs camions en direction de Nyons. Paul Mège partit en reconnaissance de la route en moto. A mi-chemin, à Novezan, le chemin de retraite était déjà barré par le groupe d’Emil Bauer. Paul Mège fut blessé mais réussi à prévenir le convoi. Les gens voulurent s’enfuir à pieds mais la 9me section de reconnaissance blindée sous la responsabilité du lieutenant Scheible en fit environ 20 prisonniers. Ces prisonniers ont été rassemblés à Valréas au Portalon devant la maison Autajon (5 cours Tivoli, où se trouve actuellement une plaque commémorative). Puis ils devaient se rendre à l’Hôtel Thomassin (aujourd’hui Grand Hôtel), quartier général allemand pour s’aligner le long du mur d’en face.

Quand le barrage défensif sur la route de Baume se leva sans ordre de repli il était trop tard. 15 résistants en voulant traverser la route d’Orange furent cernés et se rendirent, parmi eux Joseph Coutton et Emile Bouchet. Le lieutenant allemand Demetrio, jugé plus tard par la justice militaire à Marseille, y avait participé. Encordés les uns aux autres, les prisonniers devaient parcourir 2 km à pieds pour rejoindre les autres prisonniers en face de l’Hôtel Thomassin.

Selon le témoignage de madame Jeanine Talmon, les prisonniers furent rapidement interrogés devant l’Hôtel.

Le maire Jules Niel, avec véhémence, insiste auprès de l’autorité allemande pour échanger sa vie contre les prisonniers. Il a pu sauver deux prisonniers civils, mais pas le troisième déclaré innocent par lui, parce qu’arrêté avec un revolver à la main. Ensuite l’autorité allemande le major Unger ne voulut plus discuter.

Qui donc par la suite a donné l’ordre d’exécution ? Cette question fut capitale lors du procès militaire en 1951 à Marseille et resta sans réponse. Le major Unger se trouvait dans l’Hôtel un court instant quand l’ordre d’exécution a été donné. Lorsqu’il en sortit, 6 à 8 exécutés se trouvaient déjà par terre. D’après le témoignage du Oberleutnant Blank de la 9me section de reconnaissance blindée, l’ordre d’exécution fut donné par un commandant fanatique du SD, car son chauffeur avait été blessé à l’approche de Valréas. On a soupçonné le commandant Wilhelm Hentsch responsable de la Feldgendarmerie d’Avignon. Il s’est défendu en précisant qu’en tant qu’officier de police on l’informait toujours après l’action militaire et que de plus il n’était pas à Valréas ce jour là. Le lieutenant Demetrio fut également soupçonné mais il put démontrer que sept ou huit morts se trouvaient par terre lorsqu’il arriva sur le lieu d’exécution après avoir mené les interrogatoires à la mairie. 

D’après les témoignages lors de l’instruction (surtout celui du maire Niel) le major Unger n’a pas donné l’ordre d’exécution. On peut supposer que sa demande ultérieure de mutation résulte du fait que son prestige avait été écorné parce que l’ordre d’exécution de Valréas avait été donné par un officier subalterne.

En tout il y a eu 53 morts à déplorer, dont 10 personnes pendant l’attaque sur Valréas. Quatre personnes ont survécu à l’exécution, Emile Bouchet, Joseph Coutton, Auguste Mary et Gratien Soureillat. Un cinquième, Alfred Buey, est mort à l’hôpital des suites de ses blessures.

Ainsi 47 personnes se trouvaient devant le peloton d’exécution. Parmi les 53 morts, 27 venaient de la résistance et les 26 autres étaient des civils considérés comme otages par les Français.

Les exécutés devaient être transportés par camion pour être enterrés quelque part, ce qui aurait permis aux allemands de découvrir les blessés. Jeannine Talmon a pu empêcher le déplacement des cadavres. En tant que représentante de la croix rouge elle avait eu un entretient familier avec un lieutenant allemand qui avait étudié l’électronique à Grenoble. Après discussion avec son supérieur, le lieutenant obtint que les morts restent sur place jusqu’au lendemain matin pour être comptés par un officier allemand et le maire.

Pendant la nuit les blessés furent évacués vers l’hôpital et remplacés par des morts lors des combats précédents. Le lendemain, à 6h le matin, les morts sont rassemblés dans la chapelle des pénitents blancs instituée comme chapelle ardente. Après mise en cercueil les familles purent identifier les leurs.

L’enterrement eut lieu à 6h30 le 14 juin sous les conditions de la préfecture. Le convoi funèbre de 7 charrettes tirées par des chevaux fut accompagné non par la population mais seulement par le maire, ses deux adjoints et les fossoyeurs. Mais le jour même les tombes étaient recouvertes de fleurs.

Helmut Demetrio, lieutenant de la 8me compagnie (étrangère) du 3me régiment de la Division Brandenburg, se trouva le 13 et 14 février 1951 devant la justice militaire à Marseille à cause de sa participation à l’attaque de Valréas. Le chef d’accusation était : « Arrestation illégale, Séquestrations arbitraires, Assassinats ». Le procureur réclama la peine capitale.

Le tribunal constata que 53 patriotes français furent assassinés avec préméditation à Valréas le 12 juin 1944 par des militaires allemands. Des actes de barbarie n’ont pas été commis pour l’execution de ces crimes. Le lieutenant Demetrio n’est pas coupable de ces crimes. Le tribunal par 4 voix contre 3 a déclaré Demetrio non coupable de la mort des 13 résistants tués lors de la bataille du barrage routier direction Baume ou lors de l’exécution. Ainsi Demetrio fut relaxé avec une légère majorité des voix.

La ville et la population de Valréas réclamèrent vainement une révision de cette relaxe. Dans un procès suivant le 10 avril 1951 à Bordeaux, Demetrio fut condamné à 10 ans d’emprisonnement pour ses méthodes d’interrogation qu’il avait employées dans le bordelais en octobre et novembre 1943. Il ne fit que 9 ans d’emprisonnement.

Longtemps j’étais sans espoir d’entrer en contact avec les survivants de l’exécution Emile Bouchet et Joseph Coutton, car ils s’étaient opposés au jumelage. Une fois fait connaissance, Joseph Coutton m’a beaucoup aidé à rechercher la vérité sur la tragédie du 12 juin 1944 et faire en sorte que les morts ne tombent dans l’oubli.

Par Joseph Coutton, j’ai pu connaître en Emil Bauer un témoin allemand qui avait écrit en 1946 ses souvenirs de guerre en tant que simple soldat. Emil Bauer avait beaucoup de sympathie pour la population française mais il était obligé de faire son devoir de soldat. Lors du « nettoyage » de Taulignan il sauva la vie d’un gendarme blessé ainsi que de six résistants qu’il avait arrêtés à Novezan. Il ne pouvait pas laisser passer le motard venant de Valréas et par-là a empêché le repli des résistants vers Nyons. De ce fait il a contribué sans dessein à la mort des hommes ainsi fait prisonniers.

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