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Valréas 12 juin 1944 - 53 fusillés

"Georges" applique l'ordre d’Alain d'occuper Valréas et Taulignan

25 Janvier 2022, 09:36am

Publié par 12 JUIN 1944 VALREAS

"Georges" applique l'ordre d’Alain d'occuper Valréas et Taulignan

Pierre Rigaud, avec d'autres officiers du 25e BCA (Bataillon de chasseurs alpins), auquel il avait été affecté antérieurement, il participe à une tentative de reconstitution clandestine de ce bataillon. « Si je suis capturé, prenez contact avec la Résistance locale ! », avait dit le chef du réseau avant son arrestation... C'est cette voie que Pierre Rigaud suit : il rencontre les chefs locaux de l'AS Drôme, dont de Lassus Saint-Geniès ("Legrand"). Pierre Rigaud devient alors "Georges", chef militaire de la Drôme méridionale.

Nous avons vu qu’il n’intervient pas en terrain vierge ; il prend contact avec l'organisation de Résistance qui, depuis 1942, œuvre dans la région sous l'impulsion de quelques patriotes. Parmi eux, Amédée Tena est industriel à Montségur (Drôme) ; Louis et Marius Gras sont deux agriculteurs ; Clarice, ancien de la Guerre d'Espagne et sans doute lié à un réseau allié par l'intermédiaire de la Suisse ; Louis Bazzini est transporteur – « dont l'enthousiasme voire la témérité font merveille ». Amédée Téna, appartenant à une famille d'origine suisse, entretient des contacts avec des réseaux alliés, ce qui permet aux maquisards du canton de Valréas de recevoir des armes parachutées à Comps (Drôme), dès 1943.

C'est dans cet environnement favorable que "Georges" va rechercher et recruter des volontaires dispersés. Il faut ensuite leur donner une formation, notamment sur les armements de provenance anglo-saxonne : c'est un travail de patience et de discrétion. Il apprécie l'aide que lui apportent des sous-officiers démobilisés de l'Armée d'armistice ainsi que des gendarmes de son secteur .(…)

À partir du 6 juin 1944, le début de ce qui va être la bataille de Normandie, « le signal d\'insurrection » donné par les messages de Londres déclenche, partout en France, la manifestation des organisations de la Résistance. Une réelle effervescence se propage dans l'Enclave, à proximité et au-delà. Dans les zones dites « libérées », comme le Diois et le Nyonsais, où les Allemands ne se sont manifestés que par des incursions limitées, la Résistance civile apparaît au grand jour (Buis-les-Baronnies, par exemple, est libérée le 7 ou le 8 juin, et le demeurera d\'ailleurs définitivement). Mais, dans la vallée du Rhône, axe stratégique pour les forces allemandes, et les zones proches, comme l'enclave de Valréas, il en va tout autrement.

Quoi qu'il en soit, "Georges" applique l'ordre d’Alain d'occuper Valréas et Taulignan, les FTP (Francs-Tireurs et partisans) faisant de même. La cité de Valréas se libère dans l'allégresse les 7 et 8. Mais la contre-attaque allemande, le 12 juin, aboutit à l'écrasement des forces résistantes ; environ 71 morts du côté français sont à déplorer dans les communes du secteur.

À la suite de l'attaque allemande du 12 juin, Pierre Rigaud se met au vert avec quelques camarades de combat, à Rieutord (Ardèche), jusqu'au 10 juillet. Il pense à reconstituer sa compagnie afin de poursuivre la lutte. Il s'y consacre dès le départ de l'ennemi du pays de Valréas et Taulignan, aidé par Marius Gras et par Clarice. L'effectif atteint environ 200 hommes dont un groupe de réception de parachutages d'une cinquantaine. On s'arme, on s'entraîne, avec l'aide des gendarmes. Pierre Rigaud aguerrit son unité, en « évitant soigneusement tout affrontement classique, qui n'aurait conduit qu'à un échec sanglant ». C’est dans cette période que les lignes téléphoniques à grandes distances sont attaquées, et que, précisément dans la nuit du 11 au 12 août, se situe la destruction du pont sur la voie ferrée au nord de Pierrelatte, pendant que les maquis de l'Ardèche en font autant sur la rive ouest du Rhône. Une autre équipe décroche un wagon de sucre à Pierrelatte, le vide de son contenu qu'il distribue aux unités du sud de la Drôme, etc.

Après le 15 août 1944 (débarquement de Méditerranée), l'unité de Pierre Rigaud devient la 8e compagnie du 4e bataillon AS Sud-Drôme sous les ordres du commandant Bernard. Elle participera, avec ce bataillon, à la réduction de la poche de Montélimar, servant d'unité d’accompagnement à un élément blindé de la Task-Force Butler. Dès le 20 août, elle s'installe au lieu-dit Le Bridon avant de progresser sur l'axe Dieulefit-Montélimar.

Source : Musée de la Résistance en ligne – Claude Seyve – Michel Seyve

 

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