Nos déportés
Nous ne pouvons ne pas oublier, nos déportés qui ont été présents ou proches de notre association.
Jean Gontier
Déporté de 1943 à 1945 (Struthof-Natzwiller / Bergen-Belsen / Neuengamme – matricules 3648/334/26121)
Témoignage détenu par l'association : (extrait)
J'AI PLEURÉ TROIS FOIS
Mémoires de Jean Gontier, de 1940 à 1945. Déporté
Du 15 mars 1943 au 3 mai, je suis resté 40 jours Travailleur libre au titre du STO, 24 mois déporté
Il y avait à côté de chez nous à Valréas, un petit état-major français; après l'armistice en 1940 sont arrivés des militaires italiens venus désarmer cet État-Major; tous les gens du quartier étaient là, humiliés en silence. J'avais 17 ans, j'ai sifflé et injurié ces militaires étrangers, le capitaine français est venu me faire taire, mon père m'a fait rentrer à la maison, là, la rage au cœur...
J'AI PLEURÉ...
À notre libération du camp de concentration de Vogledine, après le passage de deux Américains, est arrivée une jeep avec quatre militaires français, d'où l'insigne tricolore ;
J'AI PLEURÉ...
Libéré début mai 1945, rapatrié par avion sanitaire le 5 juin 1945 à notre débarquement au Bourget, voir le sol de la France,
J'AI PLEURÉ...
En février 1943, un décret de Vichy institue un service du travail obligatoire de deux ans en Allemagne nazie (S.T.O.)
(…) Le 4 mai 1943, on nous a embarqués dans des camions gardés par des militaires armés en direction d'un camp. C'était le camp de la mort du Struthof Natzviller !!! En rentrant dans le camp, nous sommes passés en revue par un officier SS qui faisait des va-et-vient devant nous en hurlant des paroles que nous ne comprenions pas et distribuant des coups de cravache, j'en pris un à travers la figure. Ma première vision : des squelettes vivants, assis contre une baraque, essayant de casser des cailloux ; un homme un peu mieux loti qui tombait se relevait en poussant une brouette.(…)
Christophe Haro
Déporté du 6 avril 1944 au 5 mai 1945 (KLM Mauthausen – Gusen I – Gusen II
Ma déportation
La Classe 42 était partie. Nous la 44, nous voulions résister. C'est le 2 janvier 1944 que j'ai laissé le nougat royal pour aller au maquis. Au bout d'un mois à attendre dans une ferme, je reviens voir mes parents à Montélimar. Au retour, je passe par Charols où je tombe sur la Gestapo. Nous sommes cinq à être conduits à l'hôtel du Parc à Montélimar. Nous passons là 24 heures, menottes au dos contre le mur. Le 8 février, c'est l'entrée au Fort Montluc (Prison). Le 16, je passe à l'interrogatoire de Barbi[1] à la Santé (Prison) ;
Début mars, on nous mène à Compiègne. Le 6 avril 44, c'est le grand départ pour l’Allemagne. Le 9 au soir, nous arrivons au camp KLM Mauthausen (3 jours sans dormir ni manger). Un mois plus tard, je passe au camp de Gusen I et je travaille au tunnel Saint-Georges. Huit jours après, je rentre au Gusen II et cela va durer jusqu'au 28 avril 1945, date à laquelle, nous recevons un colis de la Croix-Rouge Suisse. Nous revenons au camp central de Mauthausen et nous sommes mis en quarantaine ce qui n'est pas bon signe. Mais le 5 mai 1945, le drapeau blanc remplace la Croix gammée. Nous sommes libres dans le camp, mais il n'y a plus de ravitaillement. Le 19 mai, on nous emmène à l'aérodrome de Lins, nous couchons à la belle étoile. Le 20, notre D.C.4 nous laisse au Bourget. Nous couchons deux nuits à l'hôtel Lutecia et le 22 mai à Montélimar, je retrouve mon père qui n'a pas pu me reconnaître… J'ai fait un mois d'hôpital, puis quinze jours de repos à Aiguebelle.
Charles Marro
Arrêté le 18 juillet 1944 à Montélimar, interné au Fort de Montluc vers le 1 août 1944 au Camp du Struthof. Déporté en Allemagne (Dachau – Mauthausen- commando à Melk)
Devant l'avancée des troupes alliées, je suis déplacé dans le Tyrol (Autriche) au camp d'Élensée. Survivant, rapatrié en France
Albert Picard
Résistant arrêté le 17 juin 1943 jusqu'au 3 juillet 1943, comparant devant le Tribunal de Breil (Alpes-Maritimes), juridiction italienne. Déporté du 3 juillet 1944 jusqu'au 5 juillet 1944, date de son évasion du Camp de Fossano (Italie). Reprends du service en Italie avec les partisans italiens et français jusqu'à la libération.
Georges Pérignat
Né le 19 octobre 1918 à Lyon – Service militaire du 27 novembre 1939 au 15 janvier 1941 8e Régiment de Dragons, Arme Cavalerie n°15 à Orange. Francs-Tireurs Partisans français (FTPF) – Force Française Libre (FFI) 15e région Militaire département du Vaucluse. Alias Antoine.
Du 01 avril 1943 au 03 octobre 1944 déporté à Dachau. Centrale d'Eysses du 12 janvier 1944 au 30 mai 1944 – Matricule 3692 (Condamné aux Travaux forcés à perpétuité – annulé le 06 juillet 1945). Du 30 mai 1944 au 27 mai 1945 déporté à Allach, puis Dachau matricule 73856. Rapatrié le 27 mai 1945 par la Croix- Rouge.
Albert Collin
Résistant Déporté
Entre en Résistance en 1942 dans l'O.R.A. (Organisation de la Résistance Armée), Officier retraité – résistant arrêté en Bretagne par la Gestapo en mars 1944. Interné à Compiègne – Déporté à Mauthausen – Dachau -Neuengamme. … Disparu
Louis Ducol
Résistant déporté. Âgé de 36 ans. Arrêté le 27 novembre 1943 (ravitaillement- dépôt des camps de maquisards), à sa ferme située à la « Charbonnière » hameau de l'Estellon (Drôme).
Interné au Fort Montluc – Compiègne – Déporté à Buchenwald – Flosenburg – Hradishko.
Grièvement blessé par un garde SS sur le chemin du retour du travail (creuser une tranchée antichar autour du camp) en ramassant un pissenlit, le 10 août 1945. Mort à l'hôpital (recueilli par les Tchèques), témoins qui ont permis le retour de ses cendres en 1948, déposés au cimetière de l'Estellon.
Émile Romainville
Belge, entre dans la résistance en janvier 1941. Réseau de renseignements « Bayard » et de la ligne belge « Félix », évasion d'aviateur allié abattu. Arrêté le 9 août 1943. Interné à la citadelle de Liege jusqu'à sa déportation en Allemagne le 6 mars 1944 au camp de Giostraklet ensuite Gros Rosen jusqu'au 8 février 1945. Évacué devant l'avance des armées alliées vers Dora où il a … Disparu.
Gaston André
Rejoins le Maquis Vasio en compagnie de son frère Justin.
Un mouchard à la botte de l'Occupant, dénoncent ces courageux résistants auprès de la Gestapo.
Prison d’Avignon du 19 avril au 7 mai 1944 - Prison des Baumettes (Marseille) du 7 au 28 mai 1944 – les nazis avaient prévu de fusiller les 7 Maquisards de Vasio – ayant appris l'imminence de bombardements sur Marseille, la décision est prise de les transférer à Compiègne – Royaleux – Frontstalag 122 – du 29 mai au 3 juin 1944.
Les prisonniers ignorent qu'ils se trouvent sur la plate-forme orientant les futurs déportés vers les camps de concentration. Près de 53 000 déportés ont en effet transité par cette structure dont les rouages étaient méthodiquement organisés par les SS.
Plusieurs déportés, dont Gaston André, sont transférés le 2 juillet au camp de concentration de Sachsenhausen, à 30 km au Nord de Berlin les Allemands évacuent Sachsenhausen et commence alors la sinistre “Marche de la Mort”, en direction de l'Ouest, les déportés épuisés qui ne parviennent pas à suivre sont abattus d'une balle dans la tête et laissés dans le fossé. Ce sont des soldats soviétiques qui délivreront Gaston André du joug nazi le 4 mai 1945, près de Rostok, proche du littoral de la mer Baltique. Les déportés français seront remis peu après aux Autorités alliées et Gaston André rentrera en France le 25 mai 1945.
« Plus jamais ça », c'est ce que disaient les déportés. Nous avions très peur de disparaître tous et qu'il n'y ait aucun survivant pour raconter cette tragédie. Il fallait que certains survivent pour pouvoir dire ce qui s'était passé et qu'il n'y ait plus jamais de semblable catastrophe.