Sur mes cahiers d'écolier, j'écrirai la guerre
Albin Vilhet, né à Nyons le 11 octobre 1896, grandit au sein d’une famille de petits exploitants agricoles de son pays natal et, très tôt, prend l’habitude de noter chaque jour, sur des cahiers d'écolier, les événements quotidiens dans lesquels il est impliqué.
« 13 août 1944 : … un avion allemand bombarde Sainte-Jalle.
18 août : … des avions bombardent les routes. Une voiture est touchée au pont de Sauve, Croiset [Croizet] est tué, Pommard [Pomard], Léry [Lévy] et Luizette [Luisetti] sont blessés.
22 août : […] La ferme Mathieu est bombardée pendant qu’Henri mariait sa fille. Deux obus traversent la maison et incendient le bois et la paille derrière la maison. Cinq FTP tués.
23 août : Nyons est évacuée par la population. […] à 10 heures du soir, Nyons est bombardée. […] les Américains arrivent à Nyons ; ils sont les bienvenus et rassurent la population. Ils prennent position sur les diverses routes.
Ce même jour, Lucien Latil, domestique de chez Girard, voulut constater les dégâts causés la veille chez son patron et récupérer le bétail qui avait été mis en liberté à l’approche des Allemands. Mais ces derniers n’étaient pas tous partis ; ils le firent prisonnier, on ne l’a jamais revu. Toujours le 23 août, à 22 heures (voir ci-dessus), une pièce à longue portée, bombarda Nyons sans causer de dégâts. 25 août : les Américains quittent Nyons par peur d’être encerclés. Panique générale, Fabre, Augis, Fernand, Seigle, Boudon et moi-même restons seuls [ainsi que le sous-préfet et le curé Corréard]. À 13 heures 30, Nyons est bombardée par une pièce de 240 [la même sans doute que la veille]. Il y a 3 morts : Melle Lombard, Mme Gobert et un jeune réfugié de Toulon… [Un obus étant tombé près du patronage, des éclats y mettent le feu. Avec l’aide du curé, Seigle et moi, nous parvenons à l’éteindre.]
[Le 26, les troupes américaines reviennent… Des bombes tombent à proximité de Mirabel sans faire de dégât. Un soldat américain est tué au Pont du Jardin.]
27 août : mise en bière d’un soldat américain au Pont du Jardin. La veille, une voiture du maquis se rendant à Valréas, est attaquée au pont de Novezan (…). [Elle est mitraillée par les Allemands ; Rambeau, dit Vladimir, est grièvement blessé ; Ivaldi, dit « Crabe », est tué. (…) Le mort est jeté dans le ravin et les Allemands font sauter le pont sur lui (…). Le lendemain nous allons relever les morts (…).]
Auteurs : Claude Seyve et Michel Seyve
Sources : Albin Vilhet, Mes Mémoires, manuscrit sur cahier d’écolier ; La Résistance dans le Nyonsais, Albin Vilhet, Préface de Roger Pierre,